II - Game over - partie 2

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Désormais assise dans ce lit inconnu, les jambes ramenées contre moi, cela fait déjà plusieurs secondes que je fixe le mur d'en face. Mur qui, si vous voulez mon avis aurait besoin d'un petit rafraichissement. Je n'irais pas jusqu'à dire qu'il y a de la moisissure, mais la petite coloration qui commence à se démarquer n'est pas des plus glamours tout de même.

Je pense qu'un peu d'entretien et des aérations quotidiennes pourraient suffire pour rattraper les dégâts. Enfin bon, je m'égare là. 

Car le véritable sujet du moment, la question qui tourne en boucle dans ma tête, c'est : c'est tout ? Bon, il y a aussi une phrase qui remplit mon esprit, ou un adjectif plutôt : nul. Pour tout dire, je ne sais pas si je suis plus honteuse, perdue ou déçue. 

Eh oui, il n'y aura pas de « Il était une fois » enchanté pour moi. Oh non. Loin de là.

Par contre, s'il y a bien quelqu'un qui n'est pas du tout dérangé par la situation, c'est Ken. Nu, les bras ouverts au-dessus de sa tête, il sourit bêtement et semble visiblement heureux. Les cheveux blonds en bataille, il a une coiffure digne d'un magazine. 

Oui, il a toujours son allure de mannequin. En effet, il est toujours aussi impeccable physiquement. C'est comme être à côté d'un demi-Dieu. Hélas, un demi-Dieu visuellement. Pas pour le reste. Bien au contraire.

— C'est tout ?

Je crois que ma surprise est si grande que je viens de parler à voix haute, ce qui fait que le sourire béat de monsieur muscles lui, a disparu. Aïe, on arrive sur un terrain glissant je crois.

— Comment ça, c'est tout ? lâche-t-il en fronçant les sourcils.

Je n'ai jamais eu de coup d'un soir. J'ai eu au total uniquement deux copains. Je n'ai pas beaucoup d'expérience sexuelle, mais je crois que lorsque le gars ne tient même pas deux minutes et se recouche comme s'il venait de refaire le monde, ce n'est pas vraiment ce que l'on appelle s'être éclaté.

Certes, je n'ai pas fait l'amour depuis quelque temps désormais, mais tout de même. D'ailleurs, je ne pense pas que l'on pourrait qualifier ce que je viens de faire avec Ken de « faire l'amour ».

— Ça va là, viens pas faire chier ! Il m'arrive de venir vite, et alors ?

Ca, pour une surprise, c'en est une.

— Non mais... enfin c'est pas grave, cafouillé-je.

Son air teinté de gêne et de supériorité a failli m'avoir. Oui, durant deux petites secondes. Désormais, je reprends mes esprits et je me rends compte que je n'avais même pas à m'excuser d'avoir dit ce que je viens de dire.

— OK.

Un silence s'ensuit. Puis un regard de sa part, en direction de sa porte, me fait comprendre qu'il est temps pour moi de déguerpir. Classe. Ce mec est vraiment classe.

Sérieusement, qu'ai-je fait au bon Dieu pour tomber sur une merde au lit le seul jour où je décide d'avoir un coup d'un soir ? Même la bagatelle, si on peut appeler ça de la bagatelle, n'a pas réussi à me faire penser à autre chose.

Jonathan, Jo, ou Ken, peu importe, a beau se la péter, il est loin d'être doué. Sans vouloir être méchante, bien sûr, car je ne dis pas être super calée sur le sujet pour autant.

— Bon ben, je pense que je vais y aller.

— Ouais.

Donc le gars n'en a vraiment rien à foutre ? En même temps, à quoi je m'attendais en le suivant ? Eh oh, Caroline ! C'est toi qui l'as abordé, la veille, il ne t'a vu que comme un moyen de vider ses boules. Et voilà que je deviens aussi classe que lui !

Cap ou pas cap ? (En cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant