III - Enfermée dans la boucle - partie 1

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Comment avoir confiance en soi lorsque nous nous retrouvons tous entassés dans un couloir sombre et dégueulasse en guise de salle d'attente pour notre entretien d'embauche ? Impossible, n'est-ce pas ?

— Madame Olivier ?

Qui arriverait à être classe en portant le nom d'un arbre en guise de nom de famille ? Pas moi en tout cas.

Voilà plus de trois jours qui sont passés depuis mon instant coup d'un soir pourri et rencontre indésirable dans le couloir de la coloc. Trois jours durant lesquels je n'ai pas eu d'autres choix que d'épier les annonces de boulot de ma ville.

Aujourd'hui, c'est le premier entretien que j'ai réussi à avoir (également la seule réponse à mes candidatures, il faut le reconnaître). Et vous savez quoi ? Je n'ai même pas besoin de rentrer dans ce petit bureau délabré pour comprendre que je ne serai pas retenue.

D'ailleurs, je crois que pour une fois, je suis rassurée. Cet endroit n'est pas sécure. Je me demande même s'il respecte les règles d'hygiène. Je n'ai pas vraiment fait attention à la salle d'accueil des clients mais le couloir des employés est loin d'être clean.

C'est pas très à l'aise de que je rentre dans le bureau de celui qui semble être le propriétaire du petit commerce. Grand, baraqué, l'homme face à moi ne met pas spécialement à l'aise. Si bien que je repartirais volontiers avec la jeune femme qui m'a conduit jusqu'ici si je pouvais.

— Vous avez travaillé durant plus de deux ans dans un café d'après votre CV.

Malgré le premier point positif de la journée : il a gardé mon Curriculum (je sais que c'est rare de nos jours), je remarque que je n'ai même pas eu le droit à une salutation.

— Je vois également qu'après votre tentative d'études, vous êtes partie de Toulouse durant deux ans.

Est-ce qu'il est là pour écouter l'histoire de ma vie ou bien m'embaucher ? C'est quoi ce patron intrusif là ? Mal poli, bourru, il essaie d'avoir les potins désormais ? Tu m'étonnes qu'il recherche du personnel. Ce doit être le même genre que mon ancienne patronne !

— J'ai été obligée de quitter Toulouse pour quelque temps, en effet.

Hochement de tête qui me fait comprendre qu'il n'est pas satisfait de ma réponse. Trop évasive à son goût ? Tant mieux ! Il n'a pas besoin de connaître la raison pour laquelle j'ai quitté la ville rose. Je ne lui dois rien.

— Si vous êtes prise, il ne faudra pas quitter Toulouse quelque temps sans raison madame Olivier.

Comment peut-il se permettre de dire que je suis partie sans raison ? Il se prend pour qui celui-là ?

— Au moins, vous avez dû acquérir un peu de rapidité avec votre ancien poste. Enfin, espérons. A moins que ce soit votre lenteur qui vous ait fait virer. Même si attendre deux ans, en tant que patron, je trouve que c'est déjà bien trop long.

Mais quel connard ! Trop c'est trop.

— Je m'excuse mais non, lancé-je en attrapant ma veste que je venais tout juste de poser sur la chaise. Ce n'est pas le poste que je recherche. Bonne journée monsieur Char.

— C'est monsieur Cha ! lâche-t-il tandis que je lui tourne le dos.

Il peut rêver pour que je prononce correctement son nom. Il n'a pas été fichu de dire le mien à mon arrivée alors... Puis je ne m'étais même pas assise depuis tout ce temps, c'était un signe. Signe que je devais partir de là.

Quoi qu'il en soit, une fois enfin sortie de son bureau, je me sens mieux. Je me demande même comment j'ai fait pour patienter si longtemps sur cette chaise qui m'a fait mal au cul.

Cap ou pas cap ? (En cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant