Parce que je me sens désormais bête et que le brun en face de moi ne répond pas, je ne peux pas m'empêcher de le relancer :
— Harry ?
Je reconnais à nouveau ce regard noir, le même que j'avais vu à la fin du couloir. Pas de doute, il s'agit bien du colocataire de Ken. C'est dingue ! Qu'est-ce que le monde est petit quand on y pense.
En tout cas, je vois aussi qu'il y en a un qui aime bien jouer dans l'hypocrisie ! Celui qui veut sauver les mauvais s'avère être pire encore que ses soi-disant âmes perdues.
Se faire passer pour un homme qui veut le bien alors qu'il vend son corps ? A-t-il voulu me rouler dans la farine avec son discours ? Ridicule !
Une chose est sûre, c'est que le bon Dieu a décidé de lui faire comprendre que cela ne sert à rien de prétendre être quelqu'un que nous ne sommes pas.
— On se fout bien de la gueule des gens en fait hein !
Un bon mètre me sépare désormais du strip-teaseur. C'est qu'il semble vraiment mal actuellement. Le pas en arrière qu'il a fait ainsi que ses mains qui cachent plus ou moins le devant de son string me le prouvent.
— Brad ! gronde alors une voix masculine. C'est quoi ce bordel ?
Comme l'homme au crâne rasé se dirige vers celui qui était à moitié avachi sur moi il y a quelques secondes, un doute me gagne.
Attendez... Brad ? Me serais-je trompé sur l'identité du strip-teaseur ? Pourtant j'ai vu à son regard qu'il avait paniqué. Non, il s'agit bien de Harry. Mais pourquoi l'homme qui gueule (et est probablement le patron) l'a appelé Brad ?
Pourquoi j'ai l'impression d'avoir raté plusieurs chapitres du livre ?
— Qu'est-ce que c'est que ça ? Pourquoi tu t'arrêtes ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
Bien que Brad ou Harry (je ne sais plus du coup) soit plus grand que celui qui lui parle avec agressivité, il se ratatine quand même devant ce dernier. Je crois que crâne rasé est un connard comme Yvonne était une connasse. Un peu plus et je pourrais presque avoir peine du strip-teaseur.
Correction : je suis tellement sensible et idiote que j'ai vraiment pitié de lui. Qu'est-ce que je crains quand même ! Je me fatigue toute seule. N'est-ce pas triste ?
— Je reprends. Je reprends, répète le brun d'une voix qui pue la soumission.
— Oui, je ne paie pas le spectacle pour rien moi ! râle une femme derrière.
Un coup d'œil vers elle et je devine qu'elle est la meilleure amie (cliente du moins) d'un chirurgien esthétique raté de la ville.
— C'est dingue d'être amené à devoir faire un tel boulot, souffle une autre.
Si j'ai trouvé le roi des hypocrites, il semblerait bien que la reine ait décidé de sortir au grand jour ! Car aux dernières nouvelles, elle est là pour voir le spectacle.
Pour ma part, c'est différent. Je n'étais pas au courant. Et un peu saoule, je l'avoue. Mais autant dire que cette scène m'a fait dessaouler en quelques secondes. Il faudra que je me rappelle de ne plus jamais faire confiance à Jérème. Et encore moins croire qu'il existe des hommes cleans qui essayent de changer la mentalité des leurs.
— Bon Brad, remonte sur scène. Mesdames, s'il vous plaît, calmez-vous.
Crâne rasé offre un sourire à mi-chemin entre l'essai de charme et l'air menaçant qui ferait reculer n'importe qui.
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Cap ou pas cap ? (En cours)
ChickLitDans la vie, Caroline n'est pas heureuse. Voilà presque deux ans qu'elle travaille dans un petit café Toulousain et elle doit bien avouer qu'elle s'ennuie. Sa routine, qui lui assurait autrefois une tranquillité mentale et physique, ne lui convient...