IV - Le club - partie 3

30 8 0
                                    

— Ça ne me concerne pas, je l'avoue.

J'aurais bien mis les poings sur mes hanches, si Brad-Harry m'avait libérée de son étreinte forcée. C'est un marrant celui-là. Il me dit que je peux foutre le camp, mais ne me laisse pas partir.

Je fais comment moi pour m'éloigner, bloquée entre ses bras et le mur ?

— Il faudrait peut-être que tu apprennes à ne pas fourrer le nez là où il ne faut pas, princesse.

Jamais personne ne m'a appelée princesse. Peut-être parce que je n'ai pas le physique adéquate. Ou bien peut-être car je ne suis jamais tombée face à un mec qui serait aussi ridicule pour ne surnommer ainsi.

— Je suis pas ta princesse ! riposté-je malgré ma posture peu rassurante.

— Je n'ai pas utilisé d'adjectif possessif, princesse.

Je vois, il veut jouer sur les mots et me faire comprendre qu'il n'est pas l'idiot par excellence. Encore faudrait-il que son plan fonctionne.

— Bon, soupiré-je, maintenant j'aimerais pouvoir partir.

Puisqu'il me regarde comme si j'avais sorti une ânerie, je lui fais remarquer qu'il me tient toujours prisonnière de lui et du mur. Malheureusement, se rendre compte de ma situation ne l'amène pas à faire un ou deux pas en arrière. Bien au contraire, j'ai l'impression qu'il avance, même si ce n'est pas le cas. Mais son regard, qui change soudainement, me met mal à l'aise.

— Honnêtement, c'est Jo qui t'a dit que je bossais ici ?

Mais il est amoureux de Ken ou quoi ? Il en parle tout le temps. Je suis presque persuadée qu'il en fait une fixette.

— Non ! Je ne reverrai jamais ce mec. Jamais d'la vie !

J'ai le droit à un rire à moitié camouflé dans sa barbe naissante.

— Donc après ton exploit sexuel, tu vas me faire croire que tu te pointes ici, dans un club de strip-tease, le mien surtout, par pur hasard.

C'est vrai que ce doit être difficile à croire. Pourtant, c'est bien ce qu'il vient de se passer.

— Tu n'es pas du tout mon genre, princesse.

Mais qu'il arrête de m'appeler ainsi, bon sang ! S'il continue, même s'il est plus grand et certainement plus fort que moi, je vais lui chopper les cheveux et je vais les secouer dans tous les sens. On verra s'il garde ses légères ondulations ou bien s'il ressemblera plus à Jérème et sa chevelure de savant fou.

— C'est pas parce que j'ai échangé deux trois mots avec toi l'autre fois que tu m'intéresses.

Mon égo est piqué à vif, malgré moi.

— Très bien, au moins un point que nous partageons ! m'exclamé-je en résistant difficilement à mon envie de croiser les bras sur ma poitrine.

Je dois ressembler à un personnage de BD, les joues rouges et gonflées, j'ai peut-être même de la fumée qui sort des oreilles.

— Alors pourquoi tu m'as suivi dans ce couloir ?

Pour la première fois depuis notre affront, il semble vraiment perdu.

— Parce que... Parce que je voulais changer. Je ne voulais plus être celle que l'on ne voit pas, celle qui se la ferme, celle qui rate tous les coches.

J'ai bien conscience qu'il ne peut pas comprendre ma remarque. Pour un point de vue extérieur, cela doit même être du charabia.

— Donc tu décides de devenir celle qui cherche la merde.

Cap ou pas cap ? (En cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant