VI - Rebondir - partie 2

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« Allô, maman ? C'est moi, Caroline. Comment vas-tu ? Pardonne moi de ne pas avoir répondu à tes appels. J'étais débordée avec le boulot et je... »

Un soupir m'échappe. Même dans mes songes, je me sens mal de mentir.

Après cet entretien surprenant, qui va donner lieu à un second round d'après les dires du recruteur qui est également manager junior, j'ai décidé de m'asseoir sur le premier banc que j'ai trouvé. Il faisait froid et je me sentais complètement perdue. Mais je n'avais vraiment pas la force de rentrer chez moi. Il fallait que je me pose un peu, pour réfléchir à tout ce que cela voulait dire.

Seulement désormais que les minute sont passées et que mes yeux sont rivés sur mon portable, je regrette d'avoir traîné. Car les regrets et surtout, les soucis de famille ont réussi à gagner mon cerveau. Fini l'angoisse d'une potentielle carrière dans le management alors que j'ai du  mal à me faire entendre par une seule personne. Maintenant, je pense à un autre sujet.

« Je sais que j'aurais dû te rappeler et ne pas te laisser seule. Et je sais que ce qu'annonce papa est difficile à entendre, mais peut-être qu'il... »

Ma conscience m'auto-censure. C'est impossible pour moi de continuer cette préparation de conversation. Imaginer un médecin débrancher cette machine. Voir le beau visage de Maximilien et me dire que c'est la dernière fois que je pourrais admirer ces traits. Je ne peux pas.

C'est mon petit frère.

Je ne peux pas lui dire adieu. Je ne suis pas encore prête.

Une larme coulant sur mes lèvres me fait réaliser que je pleure. Je me sens si triste. Si coupable. Si perdue. C'est un tourbillon d'émotions négatives qui me tue à petit feu. Et tout ce que je peux dire pour le moment, c'est que j'aimerais que des bras rassurants m'entourent.

Mon père, ma mère, Éloïse, n'importe qui.

Non, en vérité, je sais que la seule personne que je voudrais vraiment voir est Max. S'il était là, lui et ses yeux rieurs, lui et son sourire canaille, lui et son côté bisounours, je serais la femme la plus heureuse au monde.

Cette réflexion me fait réaliser que je demande l'impossible. Et c'est suite à cette pensée que je décide d'abandonner mon banc pour marcher un peu dans les ruelles. Ca sera toujours mieux que rester sur ce banc.

Durant plusieurs minutes, j'ignore où je vais. Jusqu'à ce que mes pieds me guident devant une vitrine qui est loin de m'être étrangère. Un peu de buée camoufle les visages des employés, mais je remarque tout de même qu'une personne supplémentaire se trouve dans le café.

Yvonne m'aura vite remplacée finalement !

Je ne sais pas ce qui me fait le plus mal. Le fait que cette sorcière ait réussi à amortir les dégâts pour son commerce, ou bien le fait que j'ai l'impression que l'on m'a déjà oubliée. A moins que ce soit de me dire que je ne sais pas si je vais réussir à redémarrer, malgré la chance que l'on m'offre avec La Terrasse Toulousaine. Vous savez, les changements, ça fait peur.

C'est peut-être un mélange des trois, finalement.

— Caro, c'est ça ?

Cette voix, cette voix je la connais.

Une grimace m'échappe en réalisant que je ne me suis pas trompée en entendant ce ton. C'est bien Ken. Bon sang ! Est-ce qu'il passe sa vie au café ?

Comment est-ce possible que je ne fasse que tomber sur eux alors que j'habite une ville avec plus de 600 000 habitants ? Bon sang, c'est une plaisanterie ! Puis Ken, il est marié avec mon ancien café ou quoi ?

Cap ou pas cap ? (En cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant