VI - Rebondir - partie 1

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Assise dans la salle d'attente, je tente de ne plus froisser mon Curriculum. J'ai dû le relire au moins quatre fois. Et je sais qu'il est bien. Il n'est pas parfait certes. Après tout, je n'ai pas fait sciences po. Je n'ai pas inventé le truc du siècle. Mais il est bien présenté et assez réaliste de mon expérience professionnelle.

Oui, la présentation, le contenu (enfin, le peu que je pouvais noter), tout est niquel. Alors pourquoi ai-je l'impression que je vais mourir et que je n'ai pas ma place ici ?

Bon sang, je déteste les rendez-vous de recrutement.

— C'est votre premier entretien ?

La voix féminine sur ma droite me rappelle que je ne suis pas seule. Et oui, certes, je me noie au beau milieu de ma peur de ne pas avoir un bon dossier, mais je ne suis pas l'unique personne qui attend actuellement.

— Non, avoué-je à regret, et vous ?

Est-ce que l'entretien de l'autre jour compte vraiment ? Je me le demande.

— Moi oui, répond la petite blonde. Je flippe complètement ! Les patrons veulent toujours de l'expérience et je sors tout juste du lycée. J'ai rien. J'ai absolument aucune chance d'être prise. Mais j'ai dit à mes parents que je n'étais pas nulle et que je leur prouverai que l'on peut réussir même sans faire d'étude.

En tant qu'aînée, je sais que mon devoir serait de la rassurer. Mais je n'ai franchement pas envie de me plier en quatre alors que personne ne le fait pour moi. Quand Maximilien est entré dans cet hôpital, on n'était pas à mes côtés pour me dire que tout irait bien. Certes nous étions une famille. Mais en vérité, on n'était que trois individus ensemble dans leur solitude.

Je le vois au regard de la jeune fille, elle espérait un mot gentil de ma part.

Eh bien tant pis ! J'espérais beaucoup de la part des gens. Je n'ai rien eu en retour. Alors elle apprendra que dans la vie, tout n'est pas rose. Quoi, moi ? Être la méchante ? Peut-être que oui. Comme peut-être que non. Disons que je lui fais comprendre des choses qui lui sauteront à la figure, tôt ou tard.

Si on y réfléchit bien en fait, je la protège du monde en la préparant au combat.

— Madame Olivier ?

D'habitude, je ne suis pas du genre à me voir comme une vieille fille. C'est vrai quoi, après tout, je n'ai même pas pas trente ans. Je suis plus proche de la vingtaine même. Mais là, entendre le mot madame et croiser le regard de cette gamine, ça me donne un coup de vieux.

Je crois que je viens de découvrir que je déteste vieillir. En même temps, qui aime ça ?

— C'est moi, soufflé-je en essayant de chasser la petite voix qui me dit que j'aurais bientôt mon premier cheveux blanc.

Aujourd'hui, début du week-end, j'ai repris mes recherches de boulot et mes entretiens. D'accord, l'histoire avec Jonathan et Harry, il y a un jour, m'a un peu chamboulée (j'ai même quitté l'appartement en pleine nuit, ignorant les remarques du brun concernant le fait que j'étais à pied). Mais j'ai décidé de reprendre les choses en main.

Bien sûr, pas plus tard qu'il y a deux heures, j'ai reçu un SMS d'un numéro inconnu (Harry) me disant que l'arrangement fonctionnait toujours et que demain soir, je serai de sortie. Je n'ai rien répondu. Car aux dernières nouvelles, ni Jonathan, ni lui, ne savent où j'habite. Et vu que je ne bosse plus au café, ce sera impossible pour eux de me retrouver.

Au moins une chose qui va en mon sens, pour une fois.

— Bonjour madame Olivier, tout d'abord je vous remercie de vous être déplacée pour cet entretien. J'ai pour habitude de commencer mes entretiens avec ma question favorite, ensuite nous parlerons plus amplement de votre CV, de vos motivations et du poste si vous voulez bien. A la fin de cet entretien, nous échangerons sur nos ressentis et je vous expliquerai la suite du processus. Est-ce bon pour vous ?

Cap ou pas cap ? (En cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant