V - Premier jour - partie 2

25 7 0
                                    

Il faudra que je me souvienne de ne jamais écouter Harry. Premièrement car il a tout de même proposé que je fasse la fête avec des gens qui se désapent. Deuxièmement parce qu'il était prêt à me laisser seule sur un parking paumé. Et troisièmement, le troisièmement s'appelle Ken !

— Et donc, tu dis que tu t'appelles Caroline ?

C'est la troisième fois que le blond me pose la question en l'espace de dix minutes.

— Oui, soupiré-je.

Alors que l'amnésique fronce les sourcils et semble planer à deux milles, je croise le regard de Harry. Celui-ci, debout et une bière à la main, paraît assez tranquille. Normal, ce n'est pas lui qui est détaillé de la tête aux pieds par le mec avec qui il s'est envoyé en l'air quelques jours auparavant. Ce n'est pas lui qui passe pour celle que l'on oublie en un claquement de doigt.

Puis surtout, ce n'est pas lui que l'on a traîné contre son gré ici.

— Je suis désolé, je ne me souviens vraiment pas.

Je roule les yeux. Évidemment qu'il ne se souvient pas de moi ! C'était il y a une semaine et il devait être tellement désespéré qu'il a dû préférer oublier mon physique. Pour ma part, j'aimerais bien zapper tout le reste.

— Fais un effort Jo.

— Mais ferme-là toi ! rouspète Ken.

C'est la super bonne entente entre ces deux-là. C'est impressionnant.

— Bon Harry, il ne se souvient pas de moi. C'est bon ? Je peux rentrer chez moi maintenant ?

Le brun ne me regarde pas. Les yeux rivés sur son colocataire, il semble réfléchir.

— Tu veux bien aller attendre dans le salon, princesse ?

A l'entente de mon surnom, Ken esquisse un sourire et essaie d'étouffer son rire moqueur. En vain, je l'ai entendu.

— Je ne suis pas à tes ordres. Je m'en vais moi !

Je me lève tout en faisant grincer la chaise sur le carrelage pour mon petit effet, mais cela ne semble pas impressionner les deux hommes. La preuve : aucun des deux ne m'accorde ne serait-ce qu'un regard.

OK, donc je ne sers vraiment à rien en fait.

— Je m'en vais ! répété-je, plus désespérée qu'autre chose désormais.

Cette fois-ci, j'ai le droit à un coup d'œil de la part de Harry.

— T'es à pied Miss Marple.

Je ne sais pas lequel de ces surnoms je déteste le plus.

— C'est pas si loin que ça des transports !

— Les bus ne passent plus à cette heure, me contredit Harry en me jetant une nouvelle œillade.

Mon Dieu, je le hais d'avoir toujours le dernier mot !

Tout en capitulant, je passe la porte de la cuisine pour rejoindre le minuscule salon. Aucun doute à avoir, il s'agit bien d'un appartement de mecs. Tout est en bordel. C'est limite si j'ai de la place pour m'asseoir sur le sofa.

Quelques minutes plus tard, je regrette que les pièces soient bien insonorisées car je n'entends absolument rien de la conversation des deux colocs. C'est plutôt surprenant de la part d'un appartement d'étudiants (enfin, Harry est étudiant, ça en fait au moins un sur deux) qu'il soit si bien insonorisé.

Comment est-ce que je me débrouille pour me retrouver dans des situations pareilles ces derniers temps ? Ne devrais-je pas plutôt chercher un job ou bien répondre aux appels de ma mère ?

Cap ou pas cap ? (En cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant