S-9 Divinité

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La petite princesse et le dieu du vent

Alors qu'elle étudiait à l'ombre d'un cerisier, la princesse Seren, âgée de neuf ans, fut surprise par l'apparition d'une biche dans les jardins du Pavillon Impérial.

Intriguée, elle posa son rouleau, se leva, puis s'approcha doucement de l'animal, mais celui-ci s'enfuit aussitôt par une fissure presque invisible dans le rempart du palais.

« C'est donc de là que tu venais », pensa Seren.

La fillette regarda à travers le passage et constata que la biche s'était arrêtée de l'autre côté du mur, comme pour l'attendre.

« J'arrive. »

Aucune suivante ni aucun garde ne vit la princesse franchir le rempart qui devait la garder en sécurité. Après tout Seren, l'étoile de l'empereur, était la plus sage et la plus douce des enfants. Jamais elle ne se serait aventurée hors du palais.

Pourtant, comme hypnotisée, la fillette suivit le bel animal sur des kilomètres, toujours plus loin dans les bois. Au bout d'un moment, l'épaisse cime des arbres finit par étouffer les rayons rassurants du soleil printanier.

Puis, tout à coup, la biche disparut dans la noirceur de la forêt.

Retrouvant ses esprits, la petite Seren regarda autour d'elle. Les hauts murs du palais n'étaient plus visibles de là où elle se trouvait.

« Je me suis perdue... »

Fatiguée et angoissée, la petite princesse s'assit sur le tronc d'un arbre mort et décida d'attendre que l'on vienne la trouver.

Elle était tout de même la fille préférée de l'empereur. Des gardes seraient bientôt envoyés à sa recherche. Il était plus sage de ne pas s'éloigner davantage du palais.

Alors qu'elle se récitait les sutras du lotus pour ne pas céder à la panique, la petite princesse entendit le craquement d'une branche dans son dos.

Seren se retourna aussitôt, pour découvrir une paire d'yeux jaunes immenses posés sur elle.

— Un serpent ! s'écria-t-elle avant de partir en courant dans la direction opposée.

L'énorme créature émit une série de sons terrifiants, presque métalliques, en réponse. Osant un coup d'œil en arrière, Seren découvrit que, pour chaque cri que poussait le serpent, un jet de flammes sortait de sa gueule.

Ralentie par les nombreux arbres sur son chemin, il talonnait la fillette de près.

En voulant éviter une salve incandescente, celle-ci trébucha sur un rocher et se blessa à la cheville.

Ce fut en rampant le plus loin possible du sentier, qu'elle découvrit une petite grotte, recouverte de mousse et de fleurs argentées. L'entrée étant bien trop étroite pour le gigantesque serpent qui la pourchassait, elle décida de s'y abriter.

Une fois à l'intérieur, Seren se redressa pour s'assoir contre une des parois.

« Elle est bien plus profonde qu'elle n'en a l'air. Il fait trop sombre... »

La fillette se mit à pleurer bruyamment en entendant le bruit métallique se rapprochait de son abri de fortune.

— Qui est là ? demanda une voix au fond de la grotte.

Seren arrêta aussitôt de sangloter et masqua sa respiration en mettant sa main sur sa bouche. S'il s'agissait d'un brigand, il ne valait pas mieux que la chose qui l'attendait dehors. Déterminée à fuir cette nouvelle menace, elle jeta un coup d'œil devant l'entrée de son refuge. La voie était-elle libre ? En identifiant les yeux jaunes mal dissimulés dans le bosquet d'en face, elle retint un cri de terreur et retourna bien vite à l'intérieur.

Mon défi BradburyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant