S8 - Sans la lettre m

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Deux dragons entrelacés


La nouvelle chorégraphie posait de sérieuses difficultés à tout le crew. Il leur avait fallu des heures pour l'apprendre. Et il y avait encore des progrès à faire.

« Il fait déjà nuit » constata Chun-ha en quittant le squat des Loony Crooks.

Sur la route du retour, l'adolescent s'en voulu de ne pas avoir pris sa veste.

Puis, il frissonna pour une toute autre raison. Quelqu'un le suivait.

Chun-ha accéléra le pas. En courant assez vite, il pourrait atteindre le quartier de sa tante avant qu'on ne l'attrape.

En tout cas, c'était ce qu'il croyait.

A l'intersection suivantes, trois silhouettes surgirent devant lui.

Il se précipita dans la ruelle opposée et fut arrêté dans sa course par un grillage.

« Bordel, c'est un cul de sac ! »

— Fais chier ! s'écria l'adolescent avant de se retourner. Il sortit un couteau de sa poche.

Des rires se firent entendre, puis Chun-ha reconnut les danseurs du crew TNT. L'un d'entre eux s'approcha, le sourire aux lèvres :

— Le leader des Loony, seul en cette heure tardive... C'est presque trop beau.

— Qu'est-ce que tu veux, Dojun ? Vas te faire foutre !

— Allez-y les gars, ordonna Dojun.

Chun-ha parvint à faire reculer ses assaillants en agitant son couteau autour de lui. Lorsqu'il voulut fuir grâce à cette ouverture, on l'attrapa par la capuche de son sweat.

L'adolescent fut projeté en arrière et son dos percuta le grillage avec violence. Il se laissa glisser sur le sol.

— Œil pour œil, Chun-ha.

— Je vous le ferai payer, cracha l'adolescent.

« Cette fois, c'est sûr, je vais crever » pensa-t-il. Les coups de pieds pleuvaient déjà contre son ventre. Il ne pouvait que se recroqueviller et attendre.

— Qu'est-ce que tu fous, bats-toi, connard ! lui lança Dojun.

« Non »

Après tout, sa vie ne valait pas qu'il se batte pour la préserver. Dernier de sa classe de seconde dans le lycée le plus craignos de Séoul, Chun-ha n'avait plus qu'un seul parent en vie : sa tante Jenny, une prostituée fauchée de 26 ans. Ils partageaient tous les deux un studio insalubre.

« La danse... »

Oui, la danse était son étincelle, son seul espoir de s'en sortir un jour. Si ces enfoirés l'envoyaient à l'hosto, il ne pourrait plus s'entraîner avec le crew. Plus question de participer au grand concours national de Street.

Soudain Chun-ha fit quelque chose qui le surprit autant que ses agresseurs.

Il appela à l'aide.

— Au secours ! cria-t-il aussi fort qu'il le put.

— Si on se fait chopper, c'est la taule direct, dit l'un des TNT.

— Ta gueule ! répondit Dojun.

On le frappa encore un peu, sans conviction. Ses assaillants avaient perdu leur ardeur.

— Qu'est-ce qui se passe ici ? intervint une voix lointaine.

Mon défi BradburyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant