Chapitre 5: Elise et lui

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J'avais de la chance qu'il y ait quelques discothèques dans le secteur, où les physionomistes ne vérifiaient pas les cartes d'identité. Cela arrivait bien sûr, de temps en temps, surtout après un contrôle de police, mais généralement deux semaines après, les personnes mineures, pouvaient à nouveau rentrer sans problèmes.

Arrivée sur place, j'étais surexcitée. Je voulais que cette journée ne se finisse jamais. Gabriel rejoignit ses amis en nous présentant rapidement. On commanda une bouteille de vodka pour trinquer à cette merveilleuse journée. Justine était ravie d'avoir un nouveau petit ami et moi tout autant, si ce n'est plus. On danse, on s'amuse, on boit.

J'essaie d'attirer l'attention de Gabriel, mais il ne fait que boire encore et encore, rire avec ses amis tout en tenant la taille de mon amie. Je me sens coupable et fâchée contre moi-même d'avoir cru sentir une alchimie entre nous deux cet après-midi et pour le petit scénario qui se jouait déjà dans ma tête. Quelle imbécile ! La magie de cette journée retombait comme un soufflé. Il fallait que je prenne l'air pour éviter que les larmes ne me montent aux yeux et qu'Adam ou Justine s'en aperçoive. L'un était en grande discussion avec le dj résident de la discothèque et l'autre était occupée à faire bonne impression auprès des amis de son nouveau petit copain.

La nuit était encore fraîche sur la terrasse malgré les jeux de lumières et les stroboscopes allumés sur la piste de danse extérieure. J'avais la chair de poule avec la petite robe noire que je portais, mais l'air frais me faisait du bien. Je regardais les gens danser en me demandant combien d'entre eux faisaient semblant d'être heureux alors qu'ils ne l'étaient pas ? Combien d'entre eux, buvaient, faisaient sembler de s'amuser pour échapper à la vraie vie le temps d'une soirée ?

Soudain je sentis des bras m'enlacer derrière moi. Je réalisai vite que ce n'était pas les bras d'Adam et reconnut rapidement la montre portée à son poignet droit. J'aurais dû le repousser mais j'étais figée sur place, envoûtée par son parfum qui enivrait mes narines. Je posai mes mains sur les siennes, même si je savais pertinemment que ce que je faisais était mal, mais tout en pensant également que ce geste était le plus naturel du monde. La chair de poule envahit mon corps et ses bras. Nous n'avions plus froid, cet instant était juste parfait. Il posa sa tête sur mon épaule, nous avions quasiment la même taille, et murmura à mon oreille :

— C'est toi que j'aurais dû présenter à mes amis ce soir et pas elle. C'est toi que j'aimerais embrasser et personne d'autre, mais je crois que ton copain ne serait pas vraiment d'accord avec tout ce qui me passe par la tête quand je te regarde.

Je me retournai pour le regarder. Il souriait d'un air malicieux. Ses yeux étaient injectés de sang, il avait bu et pas qu'un peu, c'est peut- être aussi pour cette raison qu'il avait osé me parler sans détour. J'acquiesçais silencieusement tout ce qu'il venait de m'avouer. Je pensais exactement la même chose, mais comment trahir ma meilleure amie qui avait l'air si heureuse de l'avoir rencontré ?

— Elise, je pars la semaine prochaine pour trois semaines à Philadelphie. Je vais voir mon meilleur ami. Il a déménagé là- bas avec sa mère, il y a quelques années, après le divorce de ses parents. On ne pourra pas se revoir avant mon retour, j'espère que tu ne m'auras pas oublié d'ici là parce que je sais déjà que je ne ferai que penser à toi.

Je rougis. Peut être que l'alcool lui fait dire n'importe quoi, ou peut être que justement, cela lui donne le courage de dire ce qu'il pense vraiment. Je regarde discrètement autour de nous et aucune trace de Justine ou d'Adam. Je prends son visage entre ses mains pour qu'il comprenne à quel point ce que je veux lui dire est important.

— Gabriel, moi aussi je penserai à toi et je suis déjà triste à l'idée de ne pas te revoir avant plus de trois semaines. Je n'arrive pas à expliquer ce qui se passe entre nous, mais ce que tu as en tête nous concernant, c'est mal. Il y a Justine qui est ma meilleure amie et comme tu le disais, je ne suis pas non plus célibataire malheureusement.

Je me souviens.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant