J-9 avant que Gabriel ne rentre de Philadelphie. Oui, je comptais chaque jour qui nous séparait de son retour. J'avais l'impression de flotter sur un nuage de chantilly, j'avais des papillons plein le ventre même s'il ne s'était rien passé entre nous. Je me levais plus tôt le matin pour me connecter sur MSN et pouvoir discuter avec lui. Peu importait la fatigue, nos longues conversations, ses blagues, les anecdotes de son enfance qu'il me racontait comme si nous nous connaissions depuis toujours me tenaient réveillées lorsque j'étais au lycée.
Nous étions samedi aujourd'hui, je fêtai mes 16 ans. Enfin ! J'avais hâte de grandir, j'avais toujours eu l'impression d'être plus âgée dans ma tête que je ne l'étais sur ma carte d'identité. Pour fêter l'occasion, j'avais proposé à Justine et Eric, un copain à nous qui avait le permis, d'aller en boite pour célébrer mon anniversaire. Je voulais changer les idées à Justine, qui était toujours un peu triste de sa séparation avec Gabriel et qui n'était toujours pas au courant de nos conversations. Nous adorions danser toutes les deux, aussi dès que l'occasion se présentait, nous étions sur la piste de danse, peu importe si on était les seules à nous trémousser, nous n'avions que faire du regard des autres !
On connaissait bien cette discothèque, située dans un petit village à une trentaine de kilomètres de chez nous. Ils ne vérifiaient pas l'âge des personnes qui rentraient, d'autant plus qu'Eric y avait été videur par le passé. La soirée battait son plein, la boîte était pleine à craquer, on s'amusait, on riait, on dansait. Justine buvait plus que de raison, je suppose qu'elle avait envie de décompresser. Je lui conseillais de se calmer, mais impossible de lui faire entendre raison. Dès que j'avais le dos tourné, je la voyais au bar, en train de se faire offrir un cocktail par un autre homme. Ce soir-là, on resta jusqu'à ce que le dj rallume la lumière, pour nous dire de partir. J'avais passé une excellente soirée même si Eric et moi avons dû porter Justine jusqu'à la voiture, tellement elle était ivre.
Arrivés dans la voiture, je regardais mon portable laissé dans la boîte à gants. J'avais reçu plusieurs messages de Gabriel pendant la soirée et ne pouvait m'empêcher de sourire jusqu'aux oreilles. Je voyais Justine, assise à l'arrière en train de pleurer. Je me retournais.
— Mais qu'est-ce qu'il t'arrive Justine, pourquoi tu pleures ?
— Il me manque tellement, sanglota-t-elle.
— Tu parles de Gabriel ?
— Oui. Je viens de lui envoyer un message pour lui dire que je l'aimais, qu'il devait nous laisser une seconde chance, hoqueta- telle entre deux pleurs.
— Quoi ? lui répondis- je plus fort que je n'aurais dû. Mais ça ne va pas bien chez toi, tu le connaissais depuis trois semaines à peine, et encore les derniers jours tu n'avais même plus de nouvelles de lui ! Justine tu as trop bu ce soir, donne-moi ton portable avant de lui écrire encore d'autres bêtises.
— Non ! objecta-t-elle avec une voix pâteuse. Laisse-moi tranquille, je fais ce que je veux ! Tu es jalouse de moi parce que Gabriel te plait aussi hein, et c'est avec moi qu'il était ! Je me souviens comme tu ricanais à ses blagues quand on était au bar, je ne suis pas stupide ! J'ai vu ton petit manège. Je suis sûre que lorsqu'il va lire mon message, d'ailleurs il est quelle heure à Philadelphie là ? Je suis sûre que quand il le lira, lui aussi va se rendre compte que je lui manque et on se remettra ensemble et puis c'est tout !
— Ecoute Justine, je pense que c'est l'alcool qui parle là, demain tu vas regretter ce que tu lui as écrit. Tu sais très bien qu'on ne peut pas contrôler ses sentiments, et il a été honnête avec toi sur ce point malgré ce qu'il t'a fait.
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Je me souviens.
RomanceLa vie de Gabriel était déjà bien remplie. Entre revendre de la drogue, trainer avec ses copains et les aventures sans lendemain, il n'avait pas le temps de rentrer sagement dans le rang, ni même l'envie de le faire tout simplement. Quand il a comme...