Chapitre 33 : Port Leucate nous voilà !

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Je ne sais pas ce qui m'avait pris ce jour-là, sur ce banc, de dire à Gabriel qu'il valait mieux qu'on ne se voit pas avant nos retours de voyages respectifs. A peine, retournée en classe, je regrettais déjà mes paroles. Je devais avouer, qu'il m'avait plutôt surprise en m'annonçant qu'il avait pris rendez-vous le soir même avec un addictologue. J'avais déjà essayé à maintes reprises de l'encourager à le faire, mais sans succès. Cette fois- ci, je crois que c'était différent. Le changement venait enfin de lui.

D'un commun accord, on avait quand même décidé de s'appeler pendant notre « pause » une fois par semaine. Je mentirais en disant que je n'avais pas peur que mon petit ami fasse n'importe quoi pendant son séjour à Singapour. Je n'y avais jamais été, mais le sachant, entouré par tous ces collègues masculins, j'imaginais très bien Gabriel, les suivre chaque soir dans un nouveau bar, pour trinquer à la nouvelle journée de travail achevée. Après tout, qui irait rapporter ce qu'il se passerait de l'autre côté de la planète ? Personne n'en saurait jamais rien.

Ma dernière semaine d'examen se passa très bien. Etant en section littéraire, j'avais également les épreuves de maths et de physique/sciences et vie de la terre à passer. Je m'en étais plutôt bien sortie, ce qui me permis de partir sereinement en vacances avec ma voisine, Laura.

Celle-ci, m'ayant prévenu qu'elle travaillerait durant la journée dans une boulangerie de la station balnéaire, j'avais fait le plein de romans à la maison de la presse de Haguenau, afin d'avoir de quoi m'occuper lorsque je serais seule à la plage.

C'était le soir du grand départ. On voyageait de nuit, ce qui nous permettrait de dormir un peu durant les douze heures de trajet prévus en train ! J'arrivais essoufflée sur le quai de la gare, à force de pousser ma valise, qui devait peser une tonne, à cause de tous les livres que j'avais emmené ! C'était une grande première pour moi de partir en vacances en train, et j'avais hâte de découvrir ça. Quelques derniers coucous adressés aux parents depuis nos sièges, et ça y est, Laura et moi étions libres ! Le train venait de partir et la voix du contrôleur retentit dans les hauts parleurs :

« Mesdames et Messieurs, bonjour et bienvenue à bord du train numéro 123456 en provenance de Strasbourg et à destination de Perpignan. Ce train sera direct et sans arrêt. La SNCF tient à vous signaler les incidents techniques que nous rencontrons à bord ce train. Les toilettes sont hors d'état de fonctionner, tout comme la climatisation. Nous vous prions de nous excuser pour ce désagrément, et espérons que vous ferez un bon voyage à bord de ce train ».

— Euh Laura ?

— Oui Elise ?

— Ça arrive souvent quand on voyage en train, qu'on ne puisse pas utiliser les toilettes pendant douze heures d'affilé ?

— Euh c'est la première fois que ça m'arrive. Pourtant j'ai utilisé plusieurs fois cette ligne, pour aller rendre visite à ma marraine à Port Leucate.

— Comment on va faire ?

— Je propose tout d'abord qu'on n'ouvre pas la bouteille de thé glacé que j'avais emmené dans mon sac à dos pour l'apéro...

— Tu as raison, bonne idée.

Douze heures plus tard, sans avoir dormi et après avoir fait pipi dans des toilettes dans lesquels aucuns passagers n'avaient pu tirer la chasse d'eau, nous arrivâmes enfin à Perpignan. Ni une, ni deux, Laura et moi étions les premières devant la porte du wagon, afin de pouvoir piquer un sprint vers les toilettes de la gare !

Une fois, nos vessies respectives vidées, on alla dehors, rejoindre la marraine de Laura qui nous attendait sur le parking.

Une demi- heure de route plus tard, on arriva à destination. La maison était incroyable, avec ses volets bleus, et sa glycine qui courait tout le long de la pergola. On pouvait entendre les cigales chanter, et voir la mer depuis le balcon du premier étage.

J'aimais sentir cette odeur d'iode, c'était ça le parfum des vacances !

La première semaine passa rapidement. J'en profitais pour faire un peu de shopping, et me promener le long du port, tandis que Laura travaillait d'arrache-pied à la boulangerie, suite à l'affluence de touristes. Elle se lia d'amitié avec les autres jeunes de la boutique, avec lesquels on passa ensuite nos soirées. Le vendredi soir, ma voisine rentra surexcitée de son service, tandis que j'étais en train de lire sur la terrasse, et m'annonça que David Guetta allait mixer dans une discothèque à une heure de route d'ici, le lendemain soir. L'entrée s'élevait à cinquante euros, Laura tenait absolument à ce qu'on y aille. Franchement pas fan demusique électronique, j'accepta pour lui faire plaisir mais je n'étais pas aussi enthousiaste qu'elle à l'idée de cette soirée. Gabriel me manquait atrocement, et même si j'essayais de donner le change pour ne pas plomber l'ambiance, au fond de moi, je comptais les jours qui nous séparaient de nos retrouvailles.

Je me souviens.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant