Chapitre 38 : Première grossesse.

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Connectée sur ma boite mail, je relisais avec effroi les résultats du laboratoire que je venais tout juste de recevoir par voie électronique. J'étais bel et bien enceinte. La première chose qui me vint à l'esprit, était de quelle façon j'allais pouvoir le cacher jusqu'à mon retour en Alsace prévu le vendredi soir. Une gastro-entérite qui dure six jours allait devenir suspecte, étant donné que Laura et sa marraine, savaient que j'étais allée voir le médecin la veille, et ensuite à la pharmacie pour récupérer des « médicaments ».

Nous étions lundi et il était à peine 8h30 du matin ici, soit à 14h30 à Singapour,

Gabriel était en train de travailler, je ne voulais pas le déranger pour lui confirmer la nouvelle. Paniquée, j'appelais ma gynécologue habituelle pour obtenir un rendez-vous dès mon retour. Je lui expliquais la situation. Elle essaya de me rassurer en me disant qu'on discuterait de toutes les possibilités qui s'offraient à moi lors de ma consultation.

— Est-ce que mon petit ami pourra m'accompagner docteur ?

— Bien entendu, vous pouvez venir à deux. Je trouve que c'est même mieux, car c'est tout de même une décision importante que vous devez prendre, il me parait judicieux d'impliquer le futur père dans cette situation.

— Merci Docteur, à lundi prochain. Au revoir.

Dans la précipitation de ces derniers jours je n'avais toujours pas ouvert le mail de Gabriel ! Le lire, me ferait le plus grand bien. Je cliquais dessus pour découvrir les différentes pièces jointes. Les textes étaient brouillons, mais ils révélaient ses pensées les plus intimes, ce qui me permit de découvrir encore de nouvelles facettes de sa personnalité. Gabriel était quelqu'un de perfectionniste dans son travail et se mettait une pression folle pour réussir professionnellement, afin de reproduire l'exemple de son père. Lui qui avait toujours l'air décontracté et jamais stressé contrairement à moi, je ne savais pas qu'il voyait les choses ainsi.

Il m'avait aussi raconté qu'il aimait dessiner plus jeune, et les pages de son cahier le prouvaient. De magnifiques graffitis noircissaient le papier. Il y avait un peu de tout. Une fois, il avait dessiné Maya, un autre jour il avait écrit mon prénom en le calligraphiant. Son côté rêveur ressortait également. Il notait scrupuleusement chacun de son rêve, et à ma surprise, il rêvait de moi, de nous plus tard. En lisant son cahier, je découvrais qu'il imaginait un futur concret entre nous.

Un jour il avait rêvé de nous en train de cuisiner dans une grande maison, une autre fois de moi à la piscine avec une petite fille dans les bras. Etait-ce des rêves prémonitoires ?

D'autres pages révélaient des pensées plus sombres comme son envie de décompresser, de ne plus penser à rien, de tout envoyer balader. Il utilisait le cannabis ou l'alcool pour oublier tous ses soucis le temps d'une soirée, les tensions avec ses parents ou les disputes que nous pouvions avoir. Il s'en voulait de ne pas encore trouvé une autre façon de se vider la tête. Mais le plus important, c'était que Gabriel écrivait qu'il voulait changer. Pas une seule fois, il mentionnait le fait que je le lui demande. Il avait l'envie, la volonté, j'allais lui insuffler la confiance dont il avait besoin.

J'espérais simplement que cette histoire de bébé n'allait rien changer entre nous. Je n'avais pas l'intention de le garder, je me considérais comme beaucoup trop jeune, je voulais faire des études, et j'espérais qu'il le comprenne.

Ce n'était pas une conversation que je pouvais avoir avec lui par téléphone, j'avais hâte que nous nous retrouvions pour que nous puissions en parler de vive voix.

Ma deuxième et dernière semaine de vacances était assez particulière. Je me levais très tôt le matin pour passer mes journées à la plage afin que ni Laura ni sa marraine ne voient ma mine barbouillée. Je ne voulais pas que mon état s'ébruite, je n'en avais toujours pas parlé à mes parents et n'avaient pas envie que Laura le raconte à la moitié de notre quartier ou de notre classe. Le vent et l'air marin me faisaient le plus grand bien. Je n'arrivais pas à avaler quoi que ce soit au petit-déjeuner mais au moins je ne vomissais pas quand j'étais en bord de Mer. Ma voisine se mis en tête que j'avais rencontré un garçon, pour expliquer mon départ si hâtif de la maison chaque matin. Je la laissais volontiers le croire, il valait mieux ça qu'elle ne découvre ce qu'il m'arrive.

Je me souviens.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant