Edhira : La Disparition du Dieu maudit

Chapitre 21

Le lendemain matin, nos voyageurs avaient pris la route en direction de Jalos, la capitale alosienne. Ils étaient montés sur leurs druins respectifs et avaient chevauché jusqu'à la forêt. De là, comme à l'allée, ils avaient continué à pied pour traverser l'immense bois.

« J'ai rencontré un magicien ici la dernière fois, raconta Brithellia. Il était habillé d'une grande cape à capuche, et avait un air étranger.

– Ce n'est pas si inhabituel, lança Cirus.

– Eh bien figure toi, que si. »

Le jeune homme fronça les sourcils. Beaucoup de mages se promenaient ici, et souvent pour des raisons peu conventionnelles. Leur apparence, souvent induite par leur magie noire, leur donnait une allure peu commune, facilement qualifiable d'étrangère. Pour autant, ce n'était pas contraire à d'ordinaire.

« En fait, ce qui était étonnant, reprit-elle, c'est qu'il semblait m'attendre. »

Elle laissa le silence s'installer un court instant, alors qu'ils continuaient leur traversée lente, mais assidue. Dévalant parmi les arbres et débris végétaux, elle continua :

« Il m'a demandé de veiller sur quelqu'un.

– Qui ? s'interrogea-t-il.

– Elle. »

La mercenaire s'était arrêtée, pointant de son long doigt fin la terrienne. La jeune femme, à moitié réveillée n'avait pas pris la parole de tout le voyage, trop occupée à se battre contre les hallucinations. Pourtant, alors que la dronienne pointait son doigt bleuté sur elle, l'incompréhension la prit de court.

« Comment ça ? s'inquiéta Cirus en levant la voix.

– Je ne sais pas. Il m'a simplement dit que je devais prendre soin de la jeune femme qui accompagnerait l'aligne-reflets. En échange, il m'a promis un joli pactole une fois ma mission pour le Prince Dicca terminée. J'ai hâte ! s'extasia-t-elle. Il m'a offert un avant-goût de la récompense, regarde. »

Elle sortit de sa poche une broche d'un métal rose. Il brillait malgré le peu de lumière traversant la forêt.

« Du dargonia ? s'étonna le jeune homme.

– Et pas qu'un peu ! Regarde comme il brille de mille feux, même sans source de lumière.

– Tu vas me faire croire qu'un inconnu t'a donné un objet aussi cher et précieux pour protéger une aligne-reflets ? »

Le jeune homme devint soudainement blanc, et si cet homme savait pour Mélia ?

« Je ne sais pas, Cirus. Tu es le seul à la connaître. Alors, dis-moi, pourquoi quelqu'un serait-il prêt à payer si cher pour notre petite alosienne ? », interrogea-t-elle en pinçant ses lèvres.

Elle tourna son regard vers la jeune femme et ajouta :

« Ne le prend pas mal ma puce, mais à moins que tu sois de sang royal, je ne vois pas pourquoi quelqu'un ferait ça.

– C'était peut-être mon père », répondit la concernée.

Ces compagnons la regardèrent, surpris.

« Mon père est riche, ajouta-t-elle. Quand il a appris que je partais en voyage à Prael, il a sûrement pris peur. »

La dronienne resta silencieuse un moment, l'air de réfléchir.

« Pourquoi ne pas avoir demandé à Cirus ? C'est un mercenaire lui aussi. »

Mélia s'étrangla.

« Il n'a pas confiance en lui », affabula-t-elle de plus belle.

Le jeune homme ne savait quoi répondre. Qui était ce magicien ? Est-ce qu'il savait pour Mélia ? Pourquoi vouloir la protéger ? Trop de questions se bouleversaient dans sa tête.