Ils continuèrent de traverser la forêt, sans dire un mot. Depuis quelques heures maintenant, ils avançaient dans ce paysage routinier. Les chuchotements s'étaient faits plus discret, ou plutôt Mélia avait fini par ne plus se préoccuper de leur présence. Elle repensait à cet étrange marchand, à l'accoutrement pathétique. A quoi pouvait bien lui servir des âmes ? Était-ce là l'unique solution qu'il avait trouvé pour subvenir à ses besoins ? A moins que c'était autre chose. La jeune femme préférait ne pas y penser.
Ils avaient croisé quelques bêtes parmi les arbres. Il était possible d'apercevoir de curieux yeux s'illuminer au loin, suivant le mouvement des deux voyageurs. D'autres encore ne faisaient qu'un avec l'écorce des végétaux. Il y avait aussi cette petite créature, plate et semi-rectangulaire, aux yeux exorbitants et à la peau visqueuse semblable à ceux des crapaud. Cirus les avait nommé des « tosturels ». Inoffensifs, leur race ne pouvait être sujette à la corruption.
Le jeune homme s'était arrêté soudainement, tout en faisant signe à la terrienne de faire de même. Le druin était toujours derrière eux, et ne semblait pas impacté par les particules hallucinogènes, qui virevoltaient dans l'air. Face aux deux jeunes se trouvait une immense créature. Elle faisait au moins deux fois la taille d'un homme moyen. A la carrure d'un ours, elle se positionnait sur ses deux pattes arrières. Ses poils longs recouvraient son visage, à la bouche béante et constamment ouverte, à cause du poids de ses dents. Malgré ces dernières, robustes et lourdes, la bête ne semblait pas savoir s'en servir pour autre chose que casser la roche qui constituait son principal régime alimentaire.
Habituellement pacifique, le mazic pouvait cependant être dangereux, s'il se sentait menacé. Actuellement, il était entouré d'une tribu d'homme susurrant des incantations en chœur. Les paroles raisonnaient dans l'air, affolant la bête au centre du cercle humain. Elle ne se débattait pas, mais se mouvait comme à la recherche d'un échappatoire. Ses longs poils ne permettaient pas de voir l'angoisse sur son visage, mais les gémissement étaient suffisant pour comprendre que l'animal se savait pris au piège.
« Nous devons contourner sans nous faire repérer », chuchota Cirus.
Les deux jeunes s'accroupirent pour minimiser les bruits de leurs pas. Le chant du rituel continuait sans relâche sous les geignement du mazic. Mélia ne comprenait pas la raison de cet étrange rituel.
Après s'être éloigné convenablement, ils reprirent leur rythme de marche.
« Qu'est-ce que c'était ? demanda curieusement Mélia
‒ Des sorciers. Ils étaient en train de faire un sacrifice.
‒ Pourquoi font-ils ça ? Le pauvre animal semblait affolé.
‒ Il y a maintes raisons, et malheureusement nous ne pouvions rien faire pour aider le mazic. J'espère d'ailleurs, qu'ils ne nous aient pas vu. Ces gens là n'ont aucune éthique. Ils est préférable de ne pas s'en approcher. »
Alos prit une couleur différente dans l'esprit de la jeune femme. Le pays cachait ses secrets derrière les animations frivoles des rues de la capitale.
« Nous en avons bientôt terminé avec la forêt, annonça Cirus. Nous pourrons nous reposer un instant de l'autre côté, avant de reprendre la route. »
Mélia opina du chef, suivant toujours à la trace, les pas de son guide. Il fallut pourtant bien plusieurs minutes pour ressortir de la forêt. Au delà, une plaine aux couleurs chatoyantes les éblouie. Il était possible de voir à l'horizon, un pont en pierre permettant de traverser un long précipice. Dans la grande fissure longeait une rivière, dont il était possible d'entendre le ruissellement. Le bruit des chuchotements disparu aussitôt qu'ils mirent un pas en dehors de la dense forêt.
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Edhira : La Disparition du Dieu maudit
FantasiMélia est une jeune orpheline recueillie à l'âge de 17 ans par la famille de son oncle. Faisant partie de la haute société, leur fortune est pour autant en déclin. La jeune femme est donc logée et nourrie, en échange de son travail au manoir. Six an...