Ils avaient parcouru la forêt praelienne sans soucis au retour. Morgareth leur avait fourni des chaussures adaptées, qui les empêchaient de s'enfoncer dans la boue à chacun de leurs pas. Atteignant de nouveau Treen, ils s'y installèrent pour manger quelque chose et se reposer.
Maintenant qu'ils n'étaient plus accompagnés du prince, les regards sur eux étaient bien différents. Plus lourd, plus dévisageant.
À la taverne, on leur avait servi une soupe chaude régulièrement consommée dans ses terres. Ils avaient ensuite commandé un repas de légumes et de viandes, sauf pour Mélia qui demanda un plat sans chair animale.
« Tu ne manges pas de viande ? » s'étonna Brithellia.
La jeune femme remua la tête en signe de négation.
« Je m'en doutais un peu, reprit la mercenaire. Je t'ai vu la mettre de côté plusieurs fois. Tu sais que c'est important pour avoir de la force et être un grand guerrier ?
– Je ne compte pas sur ce genre de choses pour me donner la force d'un grand guerrier », dit-elle d'un ton sec.
La dronienne ravala sa salive :
« Je ne voulais pas paraître irrespectueuse, Mélia.
– Ce n'est rien, répondit-elle, le sourire timide.
– Donc c'est un choix ? interrogea la femme, tout en avalant une bouchée de son repas.
– Bien sûr. »
Cirus suivait la conversation sans y prendre part. Mélia avait changé depuis peu. En réalité, maintenant qu'ils savaient qu'elle ne pourrait pas rentrer d'aussitôt, elle avait commencé à prendre ses aises. Se transformant en ce qu'elle était réellement, en dehors des murs d'un manoir oppressant, pour qui elle n'avait toujours été qu'une ménagère.
Le repas terminé, ils louèrent un bateau. Contrairement à celui du prince, ce dernier n'avait qu'un étage. Il tanguait dangereusement, et sa surface transparente était déjà fissurée de toutes parts. Malheureusement, ils ne pouvaient se payer meilleur transport.
Avant de poser les pieds sur celui-ci, Cirus donna à sa compagne de voyage le comprimé miracle qui lui couperait la nausée, une fois sur le bateau.
Dans l'embarcation, ils s'installèrent à une cabine étroite qu'ils avaient payée. Elle contenait trois lits simples, aux couvertures fines. Pour la première fois de tout le voyage, ils allaient se partager une maigre pièce.
Brithellia décida de faire la sieste, prévoyant la fatigue du voyage à venir. Pendant ce temps, Cirus avait convié Mélia à l'étage afin de lui apprendre quelques enchaînements de défense.
Il lui avait passé un bâton en bois en guise d'arme, qu'il avait ramassé dans la forêt praelienne. Celui-ci, d'un noir profond, pouvait s'avérer fatal. Sa robustesse jurant avec certaines épées.
Le jeune homme lui avait expliqué qu'à Alos, la plupart des gens utilisaient une arme de magie, comme lui. Muni d'une poignée, il pouvait projeter son énergie alchimique pour créer la lame de cette dernière. La puissance de celle-ci dépendait de celle de son porteur. Ailleurs, ou pour tous mages dont la puissance restait faible, il était commun d'user des armes igoliennes.
Le peuple vivant dans les montagnes était des forgerons hors pair. Ils avaient accès aux matériaux les plus robustes. Leur savoir-faire se délivrait de génération en génération, ce qui faisait de leurs armes, les plus convoitées du marché. Chaque peuple d'Edhira se fournissait là-bas, s'ils voulaient de la qualité dans leur armée.
Les deux jeunes s'étaient mis face à face. Cirus lui donnait quelques astuces pour se tenir, tout comme pour brandir son arme. Mélia suivait comme elle le pouvait, mais ses appuis et ses gestes étaient hésitants. Elle manquait de vitesse et de force, rendant ses coups trop prévisibles et peu efficaces.
VOUS LISEZ
Edhira : La Disparition du Dieu maudit
FantasíaMélia est une jeune orpheline recueillie à l'âge de 17 ans par la famille de son oncle. Faisant partie de la haute société, leur fortune est pour autant en déclin. La jeune femme est donc logée et nourrie, en échange de son travail au manoir. Six an...