Lassé

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Assister à un énième cours de maths sans rien écouter, attendre que l'heure passe. Mon cerveau semble comme au ralenti depuis quelques mois. Je ne porte plus d'intérêt à rien, si ce n'est à mes parties de jambes en l'air, même le skate commence à me lasser. En soirée, en cours, chez moi, avec mes amis, mon cerveau passe en mode automatique. Plus de conviction dans rien.

« Léon, si tu continues de ne rien faire dans mon cours je t'envoies dehors ! Ça fais deux mois qu'on est rentrés en cours et tu as du ouvrir ton cahier deux fois ! s'énerve le professeur. Je ne sais pas si tu réalise mais tu passera ton BAC à la fin de l'année ! »

Je réfléchis un instant. Si j'ouvre mon cahier je sais que je n'écrirais rien mais que le prof continuera de me supplier de travailler. Et puis, ce ne me ressemblais pas cette attitude. Je me devais de réagir comme un mec de ma catégorie aurait réagit.
J'attrape mon sac de cours, je me lève et sors de la salle en silence. Mais une fois là, je fais quoi ? Je décide de carrément sortir du lycée, et peut être d'aller acheter des clopes.

Je mets mes écouteurs et trace directement au bureau de tabac, le regard un peu dans le vide.
Je rentre dans une jeune fille, je recule pour m'excuser quand je m'aperçoit que c'est Emma, tout aussi absente que moi.

« Tu comptes m'éviter combien de temps Léon ? s'énerve-elle »

Il était vrai que j'étais parti bien avant qu'elle se réveille le lendemain, puis que j'avais soigneusement évité de lire aucun de ses messages.

« De quoi tu parles Emma ?
- T'es qu'un con. »

Elle commence à partir mais je la rattrape par le bras.

« Non, explique moi s'il te plaît. »

Elle soupire.

« Ça veut rien dire pour toi ce qui s'est passé dans le jardin ?
- Quand on s'est envoyés en l'air sous la fenêtre du salon, sur le petit banc ? je tente
- Arrêtes Léon, tu sais très bien de quoi je parle et moi aussi puisque je me rappelle très bien de cette partie de ma soirée. Je me rappelle de chaque mot que tu as prononcé.
- Oui, et bien tu as bien compris.dis-je sèchement. J'ai voulu t'embrasser, juste t'embrasser. J'en avais envie et rien de plus.
- Et je dois me plier à toutes tes envies sans rien dire ? Je n'ai pas le droit de t'exposer ce que je veux moi ?
- Tu es vexée parce que je ne t'ai pas laissée mettre ta main dans mon pantalon ?
- Ferme la si c'est pour dire ça. Tu sais très bien de quoi je te parle.
- Emma... Je suis pas prêt du tout à aborder quoique ce soit de sérieux avec qui que ce soit et tu le sais. je confie.
- Je ne te parles pas de quelque chose de sérieux... On pourrait pas juste, je sais pas, se voire plus souvent ? Rien que ça ? Se voire ? Et pas pour du sexe ?
- C'est pas ça, ça va trop vite pour moi. j'explique.
- Mais putain mais c'est quand que tu te rendras compte que tu t'empêche de vivre tout seul ? Elle est plus là Lou-Ann, qu'elle te vois ou pas, qu'elle t'aime de la haut ou je ne sais quoi encore elle n'est plus ici ! Elle est hors jeu ! C'est quand que tu vas le comprendre. »

Dans ma poche droite mon téléphone vibre.

« Attends, j'ai un appel. »

Je décroche et pose le téléphone à mon oreille.

« C'est ça, fuis. » marmonne la jeune femme dans sa barbe.

Elle s'en vas, elle remonte la route vers le lycée tandis que je reprends ma route qui s'enfonce vers le bas de la ville.

"Pourquoi t'es pas au lycée ? "

Ma mère s'énerve au téléphone.

"J'ai eu... un... je te rappelle maman."

Étrangement, je commence à me sentir fébrile. J'éteins mon téléphone, puis je m'assois sur le premier muret que je voix. Ma tête dans mes bras, je pense à ce qui vient de se passer. Une larme coule mais je l'essuie immédiatement et prends sur moi. Je repense au regard froid que m'avais lancé Emma avant de partir. Ce pourrait-il que je me sois attaché à elle malgré tout ? Non, c'était stupide. Je ne la connaissais pas tant que ça après tout. Tout ce que je savais d'elle c'était son nom, ses liens avec Kayla et que son frère était décédé. Bon, et peut être aussi un peu ses préférences au lit. Néanmoins, c'était bien trop peu pour parler d'un quelconque attachement. En revanche son côté, elle avait l'air de vouloir plus.
Je décide de tout de même aller acheter mes clopes, j'en avait besoin.

J'ouvre la porte d'entrée. À peine ai-je mît un pied dans ma maison que ma mère s'impatiente :

« Tu sors de cours comme ça, tu ne me raccroche au nez au téléphone, et te voilà à la maison à onze heures quarente cinq, tu te pointes comme une fleur ?
- Ça va, je reprends à quatorze heure... je me défends
- Ça va ? s'énerve-elle
- Laisse-le, c'est bon. intervint mon frère. Il devait avoir ses raisons. Je faisais bien pire à son âge, ne le blâme pas pour ça.
- À son âge tu vendais de la beuh je te rappelle !
- Oui, c'est bien le problème. Il est toujours dans le droit chemin, il a droit à un écart de temps en temps. »

Ma mère soupire et sors de la pièce pour retourner à ses occupations. Mon grand frère me fais un clin d'œil, et je monte dans ma chambre, un peu mal à l'aise, car j'avais perdu toute notre complicité et ce genre de choses me mettait presque mal à l'aise.

Je prépare mes affaires pour l'après midi et m'étale sur mon lit. Je n'avais toujours pas enlevé le mode avion de mon téléphone. Je me décide à le faire et laisse les notifications apparaître une à une sans vraiment regarder.
Quand mon téléphone a finit de vibrer, je ne lis que les notifications qui m'intéressent. Ou du moins celles qui attirent mon œil.

instagram :
@lil_gabinouch : stp sauve moi mange avec moi ce midi ils mangent tous avec luna

@seeeesh_nath : trou du cul pourquoi t'es sorti de maths comme ça ?

@ethan0l_29 a répondu à votre story : so 2017

Je propose à Gabin de venir manger chez moi, j'explique à Nathan que j'avais juste la flemme, et je laisse Ethan en remis.

Quand Gabin arrive chez moi, je lui dis de directement monter dans ma chambre. On s'installe sur mon lit, et j'entends toquer à ma porte. C'est sûrement Théo.

« Rentre.
- J'ai mal bouffe. dit-il avec des sushis et de la sauce soja dans une main, trois cannettes de bières dans l'autre.
- Tu régales bro. dis-je, tentant de faire comme avant.
- Ça faisait longtemps que je t'avais pas vu gamin. dit-il à Gabin.
- Ouais, Léon nous as dit que t'étais sorti. Ça va mec ?
- J'suis content de revoir mon mini bro, après ça fait du bien d'avoir un peu de liberté tu sais.
- Ouais, je me doute bien. »

Nous mangeons tous les trois sur mon lit en discutant, et j'avoue que ça faisait un peu de bien de repasser du temps simple avec mon grand frère. Au fil de la discussion, ma gène partait peu à peu, et je retrouvais mon frère, celui avec qui j'avais passé mon enfance. Mais j'avais aussi de plus en plus de haine contre la justice française, qui me l'avait retiré si longtemps à tord.

inspired by a dream - tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant