Promesses et securité

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Son corps nu, légèrement luisant de sueur, était étalé dans les bras. Elle semblait un peu fatiguée et essoufflée. Le disque des Radiohead tournait toujours, et aucun de nous deux ne disait rien.

« On est quoi maintenant ? emma brise le silence
- Je l'attendais cette question.
- Mais elle était inévitable. On peut pas continuer de faire ce qu'on veut quand on en a envie sans savoir où on en est.
- Pourquoi ? On a pas besoin d'une étiquette pour tout.
- Arrête Léon. Je sais que t'as peur, mais je peux être là pour toi, pour te rassurer. Si tu ne me dis pas ce qui t'effraie en revanche je ne peux rien faire et on avance pas.
- Pourquoi avancer, on est pas bien là ?
- Léon... Il faut qu'on soit clair entre nous, sinon l'un de nous deux va développer des sentiments et ça ne conviendra pas à l'autre. Et je pense que c'est ce qui va m'arriver. Je veux pas avoir le cœur brisé Léon, ça fait trop mal.
- Tu as déjà eu le cœur brisé pour dire ça ?
- On a pas besoin d'être veuf pour connaître cette douleur tu sais.
- Raconte moi ton passé, dis-m'en plus que toi Emma.
- Quand j'étais en seconde, j'ai rencontré un garçon super. On ne s'est pas mis ensembles mais on s'est beaucoup attaché l'un à l'autre. On ne voulait pas se mette ensembles mais on s'était fait des promesses. Mais il m'a trompé. Plusieurs fois, avec plusieurs filles différentes, et parfois sous les yeux.
- Sous tes yeux ? Comment ça ?
- En fait, on s'était promis que si nous devions être en couple, ce serait ensembles. Et on avait fait une autre promesse : de ne pas coucher avec d'autres personnes. J'ai fait ma première fois avec lui. Et en soirée, dès que l'occasion se présentait, il se tapait une fille différente. Il s'arrangeait pour être dans un pièce où je finirait par aller.
- Mais pourquoi il faisait ça ?
- Parce que je ne pouvais rien dire devant les autres puisque nous n'étions pas ensembles. Il voulait que je souffre pour me manipuler. Pour que je dépende de lui grâce à la douleur.
- C'est pour ça que tu as besoin du couple pour te sentir en sécurité ? »

Elle ne réponds rien et me regarde dans les yeux. Profondément.

« Je prends ça pour un oui. »

Elle se lève, enfile sa culotte et un tee shirt et retourne s'allonger sur mon torse nu. Personnellement, j'avais déjà remis mon pantalon.

« Et toi, qu'est ce qui te ferait sentir en sécurité Léon ?
- Je ne sais pas. Tu es en sécurité, car je ne peux rien te transmettre de nocif. Enfin si, en fait, j'ai peur de te faire du mal. J'ai peur que, si jamais tu tombe amoureuse de moi, je sois toujours au fond amoureux de Lou-Ann plus que de toi, et que tu en souffre.
- Mon grand frère avait une petite amie. Elle s'est mariée l'année suivante.
- Ce n'est pas pareil.
- C'est vraiment, excuse moi de ramener à moi.
- Je veux bien essayer, mais je veux que tu sois prête à ça.
- Léon, chaque relation est différente. Je pense que tu sera toujours amoureux de Lou-Ann. Mais si elle n'est plus là, ça ne compte plus vraiment. Du moment que tu m'aime moi au moins un tout petit peu, ça me va. »

Je prends une respiration pour réfléchir. Je caresse ses cheveux blonds et mi-courts. Mon index fait le tour de sa mâchoire, passe sous son menton et le relève. Je pose mes lèvres sur les siennes, et ferme mes yeux.
Elle recule un instant.

« Ça veut dire quoi ça, réponds moi s'il te plaît.
- Que tu es ma petite amie. »

Elle ferme ses yeux et me prends dans ses bras, me serre si fort que je me demande si mes côtés font résister.
J'avais réussi. J'avais réussi à avoir une petite amie de nouveau. J'avais réussi à passer à autre chose.
Je regarde un instant mon téléphone : 17h28. Le prochain bus est à 17h53. C'est un des derniers pour rentrer en ville.

« On devrait y aller, rhabille-toi. » je suggère.

Je débranche la chaîne hi-fi, range le CD, et remet le tout dans la malle. Je remet mon tee-shirt et mon sweat, observe les courbes d'Emma qui remet ses vêtements. Nous descendons la petite échelle, quand soudain, je reçois deux petite gouttelettes sur ma main. Je constate qu'il pleuvait légèrement.
D'un coup, une rafale de vent bouscule les sapin, et la pluie s'accélère. C'est le déluge qui nous tombe dessus.
Je regarde les chaussures blanches d'Emma, et prit de pitié, lui fait signe de monter sur mon dos.

inspired by a dream - tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant