Louise

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Il pleuvait ce matin là. J'ai faillit glisser je ne sais combien de fois sur le bitume inondé, sur ma planche qui prenait la flotte. Je déteste la sortir par temps de pluie car ça l'abîme, mais je n'avais pas le choix car j'avais déjà raté mon bus et ma mère et mon frère n'étaient pas là pour m'amener en voiture. J'arrive au lycée de justesse, je vais vite poser ma planche à la vie scolaire et je me rends en classe. Je commençais par une heure d'histoire. Je dis bonjour à mes amis de ma classe puis je vais m'assoir à ma place, vers le fond de la salle.

《Bonjour à tous, vous vous rappelez que vous aviez un oral à préparer pour aujourd'hui n'est ce pas 》

"Oh non", je pense.

《Léon, c'est toi qui passe en premier !》

"Et merde, mais c'était sûr !"

Je me lève et me dirige vers le tableau. Je me rappelle du sujet, mais je n'ai aucune notion dessus.
Je ne sais même pas pourquoi je suis venu jusqu'au tableau, mais maintenant que j'y suis autant tenter quelque chose.

《Alors, euh.. par où commencer déjà... je commence en cherchant mes mots.
- Tu n'as pas de feuille avec toi Léon ?
- Euh, non je...
- Tu n'as rien préparé comme d'habitude ?
- Dans le mille madame.
- Alors ce sera zéro, et pas de possibilités de rattrapage possible.
- Je suppose que c'est mérité.》

Je retourne m'assoir, sans être à peine atteint par cette note. Honnêtement, je m'en foutais.
Je sors à peine une feuille de brouillon pour griffonner dessus. Habituellement, dans la plupart des cours, je m'assois seul. Mais dans ce cours ci je suis à côté d'une amie, Louise.

« Tu dessines quoi ? demande-t-elle en suçant discrètement une sucette à la fraise sous son masque.
- Rien, je gribouille, c'est tout.
- C'est laid. dit-elle d'un ton non chaland.
- Je m'applique pas, c'est pas fait pour être beau.
- Autant pour moi... soupire-t-elle. »

Ce fut son tour de passer à l'oral. Elle se lève du haut de son mettre soixante cinq, avec toute la grâce du monde, et s'en va au tableau parler cinq minutes le regard perdu vers le fond de la salle. Néanmoins, elle ne regarde presque pas sa feuille et tout ce qu'elle dit semble parfaitement juste.

« C'est bien Louise. s'adresse là professeur à la fin de sa prestation. Seize. Non, dix-sept. Ça aurait été parfait si tu avais porté un peu plus d'intérêt à tes camarades et à ce que tu disais. »

Elle soupire de nouveau et retourne s'assoir.

« Quoi, t'es pas contente ?
- Dix-sept... dit-elle en remettant sa sucette à la fraise dans sa bouche tout en scrutant ses ongles manucurés à la perfection. Ça descend un peu ma moyenne. Trois points pour ça c'est de l'arnaque.
- Excuse nous madame. J'ai eu zéro moi.
- Mais toi t'en branle pas une c'est différent. Pourquoi d'ailleurs ?
- J'ai la flemme.
- On est en terminale, Léon. C'est ton parcours supp qui va avoir la flemme. »

Elle continue de masquer la sucette avec son masque, toujours avec ce regard vide.

« Dis-moi Louise, est ce que t'es lesbienne ?
- Pardon ? dit-elle d'un air offusqué.
- Non, rien oublie. je ris »

Le cours continue son cour, rythmé par les oraux des uns et des autres.
Lorsque la sonnerie retentit, Jeanne, la meilleure amie de Louise lui saute littéralement dessus.
Je les observes un instant un peu amusé avant de partir pour mon prochain cours, lorsque Jeanne me retient d'une main sur mon épaule.

« Léon, on tape soirée ce soir chez moi mes parents sont pas là tu viens ?
- Il y a cours demain, je réponds comme si ça m'importais réellement.
- Ça t'importe réellement ? dit-elle comme si elle lisait dans mes pensées.
- Ouais okay je viens. J'ramène une bouteille de jegger si tu veux.
- Ça c'est mon Léon ! »

Je reprends ma route vers l'ennuie et le désintérêt, à demi masqué par le masque, et à demi par une mèche bleutée qui me prends tout le reste du visage.

Honnêtement, mon seul intérêt était de faire la fête en ce moment. Je n'avais plus envie de travailler, ou de faire autre chose que ça. Même le skate me lassait parfois.
Je passe à peine chez moi le soir, et me rends comme convenu chez Jeanne, accompagné d'une bouteille de jegger.
Mais aussitôt arrivé à la soirée, je sursaute en voyant la silouhette d'Emma.
Après avoir dit bonjour à mon hôte, je m'approche d'elle.

« Salut, je savais pas que tu venais.
- Faut croire qu'on se croise plus souvent que prévu. me réponds-elle. »

Je finis de dire bonjour à tout le monde puis nous nous installons sur les canapés. Petit à petit, nous commençons à boire, puis la soirée est lancée. Je ne mentirais pas si je disais que chaque mouvement de hanche d'Emma me donnait un peu plus envie d'elle, que ses courbes me rappelaient des souvenirs sucrés et que je n'avais envie que d'une chose, recommencer. Mais je gardais conscience que la deuxième fois était de trop. Je ne voulais pas d'un plan cul, que j'appelais à chaque fois que j'étais un peu en manque. Un coup d'un soir de temps en temps, et si un jour j'y parvenait, une vraie relation. Mais je ne voulais pas de quelque chose de régulier avec une fille qui m'étais interdite. Et encore au fond de moi, Lou-Ann restait constamment dans mon esprit et pouvais resurgir dans ma tête à tout moment.
C'est alors que son corps mouvant, au rythme de la musique, au milieu du salon, se rapproche petit à petit de moi. Je jette un œil autour de moi, quelques personnes dansent aussi, et les autres sont tous à des occupations diverses de personnes bourrées, personne n'y prête attention.
Elle est dorénavant si prêt que je peux sentir la chaleur de chacune de ses cellules frôler les miennes, électrisant ma peau, mais sans jamais la toucher. Comme un électron libre.
Si je la touchait, même en l'effleurant, je confirmais mes intentions, je signait un pacte définitif avec la nuit, avec l'incertitude, contre les principes.
Elle comprend que je doute mais elle ne s'arrête pas. Au contraire, elle continue comme pour me convaincre.
Sa main et la mienne sont à moins d'un millimètre, le duvet de ses doigts caresse les miens. L'alcool me fait tourner la tête, mais je garde mes idées relativement claires.
J'admire ses hanches, ses fesses, ses cuisses, ses bras, son dos et ses omoplates.
Ses mèches lisses qui tombent sur sa nuque jusqu'à son bassin. Je ferme les yeux, et soudain, je pose mes mains sur ses côtes.

inspired by a dream - tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant