tic-tac, tic-tac...

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Le vent soufflait violemment dans la fenêtre de la chambre ma petite amie.

« On fera quoi quand le vent laissera place à la chaleur ?
- La chaleur ? À Brest ?
- Je parlais de l'été, tu avais compris.
- L'été ? À Brest ?
- T'es chiant. T'as compris. s'énerve Emma.
- Oui. Je sais pas, l'été on fonctionne en secte en général.
- Super.
- Mais pourquoi tu me parles de ça ? On est à peine aux vacances de Noël et ça doit pas faire plus d'une semaine et demi qu'on est ensembles.
- C'est vrai. Mais j'aime bien me projeter.
- T'es bizarre Emma t'es sure que ça va ?
- À fond la forme.
- Okay.
- On sera encore ensembles cet été au moins ?
- De quoi t'as peur ? De quoi tu parles ?
- Je sais pas trop. Disons que ce n'est pas très rassurant d'être avec toi.
- À bon ?
- T'as l'air de ne jamais savoir ce que tu veux et de ne jamais totalement te laisser m'aimer.
- Je te jure que si pourtant. Ça y est. Si je suis avec toi c'est que j'ai finit par y arriver.
- D'accord. Je te fais confiance. »

Sa mère ouvre la porte et nous pose une assiette de cookies et deux tasses de chocolats chaud surmontés d'une épaisse crème chantilly, de quelques petits marshmallows et de vermicelles de chocolats.

« À plus tard les jeunes ! »

Elle referme la porte aussi vite qu'elle l'a ouverte.

« Je sais que t'es derrière maman ! s'écrie Emma.
- Rho, ça va, c'est bon je vous laisses. »

Puis nous entendons les pas de la femme s'éloigner jusqu'aux escaliers.
Encore une fois, ces petites attentions maternelles destinées à Emma et son copain me laissaient perplexe. Pourquoi prenait-elle tant de temps pour lui montrer qu'elle l'aimait et me faire plaisir à moi aussi, qu'elle ne connaissait même pas, simplement sous prétexte que je suis son petit ami ?
Nous saisissons l'offrande et croquons chacun dans un cookie à pleines dents. Quelqu'un toque à la porte.

« Oui ? demande la blondinette. »

La porte s'ouvre sur son cousin.

« T'as pas un chargeur à me prêter ? Mon idiote de soeur a rongé le miens.
- Oui, prends celui sur la table de chevet mais rends-le moi après, j'en ai pas d'autres.
- C'est pas un gamine c'est un rongeur putain.
- Tu le découvres seulement maintenant ? »

Léo saisi le chargeur blanc sur la table de chevet et s'arrête devant moi. Il m'observe un instant. Ses yeux bleus gris percent les miens avec froideur, et cela sans laisser passer une seule émotion.

« Qu'est ce que tu fou encore là ? l'interroge Emma.
- C'est ton mec du coup ce type ?
- Oui, allez, tu peux y aller maintenant.
- J'te préviens, commence-t-il sans bouger d'un millimètre. Tu lui fais un seul coup de travers je t'égorges, toi et toute ta famille.
- Ok, mec. je réponds sans vraiment réfléchir, pour tenter de camoufler ma déstabilisation.
- Son frère a fait de la prison, tu devrait faire gaffe Léo.
- Faites pas trop les malins quand même. »

Et il quitte la chambre. Emma m'explique que depuis le décès de son frère, son cousin essayait de prendre son rôle de protecteur et qu'il s'y prenait parfois un peu trop au jeu. Il habite en Normandie et cette distance permettait un peu de repos à Emma, mais chaque repas de famille c'était la même histoire, il effrayait ses amis, et toute les personnes qu'elle fréquentait. C'était parfois drôle, mais lassant.

Nous continuons de siroter notre chocolat chaud en discutant, jusqu'à ce que ce soit l'heure de rentrer pour moi.

« Bon, soupirais-je en me levant je vais y aller, il commence à être tard.
- Dis... Tu veux pas dormir ici ?
- Ce soir ? J'ai pas d'affaires avec moi, et puis y a toute y'a famille et ton cousin flippant... j'veux pas déranger.
- Tu dérangera pas... justement on est plein on te remarquera à peine.
- Tu peux déjà plus te passer de moi ? je lui demande, en sur jouant un ton mielleux et hautain »
Pour toute réponse, la jeune fille me frappe avec force dans l'abdomen, ce qui ne manqua pas de me faire perdre l'équilibre avant te retomber lourdement sur le sol froid de sa chambre.

« Aller, je reste ici » dis-je en souriant.

J'envoie un SMS à ma mère pour lui dire que je dors dehors, et nous descendons annoncer ma présence pour la nuit aux parents de ma copine.
La soirée fut belle et chaleureuse : à base de jeux de cartes, de rires aux éclats, de regards glacés du cousin Léo, de maison de pain d'épices et de petits regards discrets pleins de malice.
Lorsque l'heure de se coucher arriva, je m'allonge dans le lit d'Emma et je me dis que j'ai de la chance, d'être dans ce lit, son lit à elle, dans son monde à ses côtés. Il faisait chaud, les leds roses d'Emma illuminaient faiblement la pièce. Je jette un œil à mes vêtements posés sur sa chaise et je me dis que j'ai intérêt à prendre une bonne douche en rentrant, parce que je n'ai pas de rechanges. Des cheveux blonds et courts caressaient mon épaule avec douceur, des doigts délicats caressent mon avant bras. C'était la première fois qu'on dormait ensemble en tant que couple, c'était assez étrange.

Au petit matin, je rentre vite chez moi, après avoir déjeuné très rapidement. Je prends une douche, change de fringues, personne à la maison. J'appelle Gab'.

« Il est neuf heures gros, tu veux quoi ?
- Viens au skate parc.
- Maintenant là ?
- Maintenant. »

Je raccroche, et saute dans mes skate shoes et attrape ma board. Au skate parc, je me lance directement dans le bowl pour me réchauffer. Je repense à toutes les discussions que j'ai eues à Noël. Avec ma mère, avec mon frère, avec les deux... je me dis que je devrais peut être demander conseil à Emma. Puis je me dis que c'est trop tôt. Pour lui parler de tout ça. Mais je me suis rappelé que je pouvais aussi en parler à mes amis. Et le seul qui n'étais pas en vacances avec sa famille, c'était le blondinet, qui arrivait, une planche dans la main, une cannette de boisson énergisante dans l'autre, les cheveux blancs en bataille et les pieds qui traînent.

« Ça va mec ? je lui demande en allant le saluer.
- Neuf heures trente huit, Léon. Neuf. Heures. Trente. Huit.
- Aller, tu commences les cours à huit heures c'est rien ça.
- On est que deux ?
- Les autres sont pas là. je dis en haussant les épaules »

Il se pose sur le banc pour finir sa canette, le temps de se réveiller. Je veux lui parler, mais il est à peine réveillé et je sens bien que ce n'est pas le moment adéquat. Il me demande si j'ai passé un bon réveillon, et là, ça éclate. Tante Lise, Théo et maman. Tout, je lui dis tout.

« Et du coup tu hésite à aller parler aux flics. C'est ça ? demande-il de sa voix rauque matinale.
- Oui, je sais pas si c'est une bonne idée finalement. J'ai l'impression qu'ils me mentent tous, qu'il n'y a personne d'honnête, et qu'il y a un paquet de choses que je devrait savoir avant d'y aller.
- T'as peut être besoin d'enquêter un peu plus avant de prendre une décision ?
- Le problème, c'est que si je n'y vais pas à temps il sera trop tard. »

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 06, 2022 ⏰

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