Le bal de Noël

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Ce chapitre est écrit du point de vue de Luna, référence au tome 1.

Le temps passe vite lorsque l'on est entourée de ses amis. Du premier heel flip au premier smith grind, de la première rencontre à la première dispute, de la première caresse à la première fois.

C'était déjà les vacances de Noël, et le lycée a décidé, malgré les conditions sanitaires, d'organiser un bal de Noël. La seule condition était de garder son masque, sauf si nous étions en train de boire ou de manger (ce qui revenait à ne jamais en porter finalement).

Je ne sais pas si vous savez ce que ça fait dans votre cœur, quand dans le regard de vos amis, vous passez soudain d'une simple « pote », à une femme. Je suppose que l'effet se produit la première fois que vous retirez votre sweat pour une robe.

Jeanne, Kayla, Alexia et moi avions passé la dernière semaine à nous préparer pour ce grand événement. Essayage de robe de bal, essaies maquillage, cours de talons hauts, tutos coiffure sur internet et manucure.
Je ne me rappelais pas avoir autant prit soin de mon apparence auparavant.

« Kayla, tu t'étais déjà autant préparée pour une soirée ? je lui demande, tandis qu'elle ajuste mes cheveux bouclés en chignon.
- Non, moi ça m'ennuierais presque. Mais on est les reines de ce lycée, on peut pas nous voire en vieux sweat.
- C'est dommage de voire la chose comme ça. relève Jeanne.
- Moi ça me rend heureuse, de me dire qu'on a une réputation à tenir. explique Alexia en se remettant un coup de gloss.
- Je suis désolée, Luna, mais je suis un peu triste que Louise ne soit pas là avec nous ce soir, rien que pour se préparer. se désole Kayla
- C'est moi qui suis désolée, c'est votre amie depuis bien plus longtemps que moi et je me permet d'arriver, et pour une dispute avec mon copain, de vous empêcher de vivre ça avec elle.
- C'est rien, on la verra à la soirée. »

Je jète un œil dans le miroir, je suis prête. Je suis un peu mal à l'aise, mais à la fois je ne me suis jamais sentie bien et puissante.

C'est assez étrange, quand vous portez de talons aiguilles. Quand vous avez volé ceux de votre mère étant enfant, que vous avez toujours vu les femmes en porter à la télé, mais que quand vous avez atteint l'âge d'être une femme et de porter des talons, vous vous êtes obstinée à porter des baskets trouées par une planche à roulette, les lacés cassés, la semelle trouée et le tissu déchiré. Qu'aussi loin vous vous rappelez de votre adolescence, vous avez porté des jeans larges, des énormes sweats et rongés vos ongles, et que ce soir, vous descendez du bus avec un gigantesque décolleté rouge pailleté, des froufrous jusqu'aux pieds, un sac à main assorti, maquillée comme une pin-up, et qu'en temps normal, même le rouge à lèvres « rouge rubis » vous semble trop excentrique, et ce quelque soit l'occasion. Que vous retournez au stade d'apprendre à marcher, à la crainte de vous tordre la cheville ou de tomber juste en faisant un pas. Que tous les regards sont tournés vers vous et vos meilleures amies, toutes plus belles que les autres. Que toute votre vie vous avez été l'ombre de quelqu'un, ou de votre propre solitude, et qu'aujourd'hui on ne regarde que vous. Mais je pense que ce qui est le plus déstabilisant dans tous ces changements d'un soir, c'est de voire les yeux de votre ex petit ami, dont vous êtes éperdument amoureuse, celui qui fait tout pour recoller les morceaux, mais que vous faites patienter pour ne pas vous tromper, vous regarde comme si c'était la première fois qu'il vous voyait, qu'il n'avait jamais vu à quel point vous étiez belle.

« Salut Ethan. je lui souris de toutes mes dents.
- T'es sublime Luna. »

Je tourne un regard détaché vers Gabin, histoire de lui montrer que j'ai conscience de son existence, mais sans m'attarder, pour lui rappeler que je n'ai pas de temps à perdre dans ses yeux. J'attrape la main de mon cavalier, qui me sourit, et nous rentrons dans la salle.

« Vos noms ? demande la bénévole de l'accueil.
- Luna et Ethan. je réponds.
- Bien, vos noms sont inscrits sur la liste des élections de roi et reine du bal. »

Gabin avait déniché sa cavalière dans les tréfonds de la jalousie, tentant de me faire réagir autant que je le provoquais.
Bien évidemment, c'était Louise. On m'avais raconté qu'elle ne voulait initialement catégoriquement pas accepter sa demande pour le bal de Noël, mais qu'elle avait finit par céder pour qu'il ai la permission d'entrer. Car oui, on avait fait les choses (presque) bien, il fallait un cavalier ou une cavalière pour rentrer. Qui que ce soit. Même un animal.

Louise voulait se racheter au près de moi, et je n'avais pas grand chose contre elle finalement, si ce n'est que j'étais terriblement jalouse de ses allures de reine, de sa beauté extravagante, et de son charme si étrange.

La soirée bat son plein. Tout le monde cache un flash dans son sac à main, les premiers vomitos dans les toilettes ont lieu, et les premières partie de jambes en l'air également. Et quand on y réfléchis, le fait que les deux se produisaient au même endroit en disait long sur notre lycée.

Louise m'intercepte, a un moment de la soirée. Elle porte une robe très moulante, évasée à partir de la moitié de ses cuisses, pailletée sur cette partie. Des épaulettes en tulle, son carré inchangé, des bijoux dorés et toujours ses mêmes longs cils de fée.

« Luna, viens avec moi s'il te plaît. »

Je la suis, jusque dans l'espace vomito-sexe.

« Je suis tout ouïe ?
- Il faut que je t'avoues quelque chose. Mais il faut que tu me fasses la promesse de n'en parler à personne. Sinon c'est la fin pour moi, je coule.
- Je... d'accord ?
- Je n'aime plus Gabin, je ne l'ai jamais aimé en fait. Il faut que tu en aies conscience.
- D'accordées mais, qu'est ce qui peut me dire que tu ne me dit pas n'importe quoi ?
- Je suis déjà amoureuse de quelqu'un.
- Qui ça ?
- U- elle semble avoir des difficultés à le dire. Une fille. Je suis amoureuse d'une fille.
- Tu aimes les filles ? je suis un peu étonnée mais pourquoi pas
- De Carmen. »

Carmen, elle portait bien son nom. Elle faisait un peu penser à Louise d'ailleurs, bien qu'elle ne soit pas aussi populaire qu'elle.
Elle avait de longs cheveux roux bouclés, et de jolies tâches de rousseur. Des yeux verts-bleus et des lèvres roses et pulpeuses. Elle était toujours habillée très féminine, à la mode, elle prenait soin d'elle.

« Mais vous êtes ensembles ?
- Non, personne ne doit savoir que je suis lesbienne.
- Ça ne va rien changer à ta réputation tu sais.
- Tu sais Luna, quand tu as gravit tout les échelons, tu te retrouves seule face au vide. »

Avant même que je n'ai pu comprendre le sens de sa phrase, un garçon de terminale, en section sport basket, arrive complètement bourré dans les toilettes.

« Oh, Louise ! » s'écrit il.

Il se jette, sans même vraiment avoir l'air de prendre le temps de constater son avis, sur ses lèvres. Louise me regarde avec tristesse puis lui rend son baiser et ferme la porte derrière elle, me laissant seule, avec cette terrible scène qui me hantera toute la soirée.

inspired by a dream - tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant