Chapitre 2

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Il est désormais 22h24. Mon ventre se tord de faim me rappelant que mon dernier repas remonte à un peu trop longtemps.

Je saisis alors ce ridicule gobelet de café que j'avais ramassé près d'une poubelle et compte les quelques pièces rouges et jaunes que les passants ont eu la générosité de me donner, soit un total de 64 centimes.

Je soupirai bruyamment comprenant qu'aujourd'hui non plus je n'aurais pas assez pour manger. Mais chaque problème en son temps et plus les heures passent, plus la question sur le lieu où je vais passer la nuit se pose.

Malheureusement, je ne peux pas rester dormir sur une grille chauffée par l'air pollué des magasins. En général, la police s'occupe de nous réveiller en fanfare pour nous dire de littéralement dégager.

Les clochards salissent la belle vue de Paris n'est-ce pas ?

Je saisis alors ma petit pancarte et glisse les quelques centimes durement obtenus dans ma petite bourse que je glisse au niveau de mes seins dans l'espoir de ne pas me faire voler même si dans le monde de la rue, c'est quasiment impossible.

Je me baladais donc, non pas par plaisir mais à la recherche d'une quelconque maladresse de quelqu'un : une pièce par terre, une porte d'un hall entre ouverte ou même un repas pas terminé.

Je ne vous fais pas rêvé je le sais mais que voulez-vous, je n'ai pas d'autres choix si je veux rester en vie. Je vis alors le pont menant vers les quais.

En général, c'est une très mauvaise idée d'y aller puisque de nombreux autres SDF sont là-bas et si je tombe sur des drogués je risque de me faire voler ou taper alors je préfère longer la Seine à la recherche d'un autre endroit.

Et c'est ce que je fis pendant encore de très longues heures, n'ayant pas d'autre choix. Vers les coups de 1h du matin, je vis un petit bâtiment appartenant à une association dont quelques lumières étaient encore allumées, c'est ma chance !

Je m'approchai de la porte et appuyai sur la petite sonnette. Une femme d'une quarantaine d'année, portant un tablier et des lunettes plissa les yeux puis m'inspecta avant d'ouvrir la porte.

Moi : Bonsoir, désolé de vous déranger, c'est pour savoir si je pouvais passer la nuit ici

Femme : c'est que... on donne de la nourriture mais on n'a pas de place pour vous faire dormir, et puis si les autres venaient à l'apprendre ça deviendrait un squat. Je suis sincèrement désolé ma petite, mais on a encore quelques plats si tu veux

Moi : je vois, je mangerai bien un petit bout alors

Femme : entre je vais te chauffer ça, va près du radiateur pour te réchauffer

Je la remerciai d'un petit sourire et me réfugiai près de la source de chaleur enlevant mes pauvres mitaines trouées pour y poser mes doigts devenus légèrement violets.

Femme : on a préparé de la soupe de légumes, j'espère que vous aimez bien

Moi : oh vous savez, je ne vais pas faire la difficile

Elle me sourit tristement et pose le bol sur la table, apportant quelques petits pains. Je dévorai la moindre miette du repas et avalai un bon litre d'eau. Vous ne vous rendez pas compte du luxe auquel j'avais le droit ce soir.

Femme : il est tard je vais aller me coucher, tu peux rester encore un peu près du radiateur

Moi : merci m'dame !

Je la remerciai encore une bonne dizaine de fois avant de me rouler en boule près du radiateur, à même le sol. Je fermai les yeux quelques instants, je veux juste me reposer quelques minutes

Ouais

Juste quelques minutes...

Voix : Lâche la tu vas lui faire mal !!

Papa ?

Voix : T'as intérêt à dégager d'ici et vite ! J'en ai plus que marre de tes conneries

Non ! Je te jure c'est-

Voix : je n'aurais jamais cru que tu étais aussi vicieuse, je ne veux plus jamais te revoir !

C'est un malentendu je ne voul-
JE NE VOULAIS PAS !

Calme toi, c'était un cauchemar, rien de plus qu'un cauchemar.

Je me levai alors de ce sol sur lequel je n'avais même pas pu profiter de quelques minutes de repos. La femme m'avait laissé un petit pain et je dûs m'en aller.

Je pris donc ma petite écharpe et mes mitaines ridicules puis entrepris d'aller à la recherche d'une petite ruelle

Par chance, je vis un banc dans une allée peu fréquentée
Je m'y installai donc, et n'ayant pas de couverture, je me roulai en boule pour espérer me réchauffer

Il fait tellement froid mon Dieu...

L'amour m'a tué, l'amour m'a sauvéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant