Je suis dans ce lit et je sais que je suis toujours en vie
Je ressens toujours cette froideur dans tout mon corps comme si mon âme l'avait quitté
Puis je me rappelle de ce que je suis et un énorme poids s'installe sur mon coeur qui peine à battre
Je reste donc là, allongée sans me battre pour ouvrir les yeux
Je profite des ténèbres où la drogue m'a plongé, encore une fois
La drogue t'entoure de les ténèbres, du noir total
C'est d'ailleurs pour cela que je dépends d'elle comme si sans elle c'était mon coeur qui se faisait absent
Je me souviens quand je prenais ma drogue quotidiennement, comme une toxico ne valant rien
J'ai bêtement embrassé ses charmes sans avoir vu ce qu'elle cachait
Elle m'a forcé à toujours fixer le sol en m'enfonçant plus bas que terre, m'a rendu ridicule
Elle m'a apporté tellement de plaisir que j'ai plus vu mon dealer que ma mère
La drogue m'a donné une seconde chance, du moins elle m'a donné cette illusion mais en fait ce n'est qu'un plaisir à temps partiel
Quand tu la fumes tout va bien, tu te sens légère sans voir que tes joues se creusent et que la fumée accentue tes cernes
En tant que toxico, tu recherches un plaisir sans fournir d'efforts
Tu veux juste fumer pour retomber dans le noirEt quand t'essayes de l'abandonner, elle te le fait regretter
Tes veines te grattent, ça devient alarmant tu te troues la peau à force
D'un coup tu fonds en larmes, ton corps est vide et en souffreLe manque de drogue s'acharne alors t'en rachète et puis tu cherches une veine sur ton avant bras
S'il n'y en a plus tu te piques entre les orteils, dans les cuisses ou tu l'inhales puis tu tombesAu réveil ton visage tombe et tes lèvres sont sèches parce qu'il te faut absolument ta dose
Puis quand t'as plus rien, que t'es à la rue sans aucun sous en poche, tu souffres encore et encore : de la faim, de la soif et du manque
Alors tu te trouves un petit coin et tu t'allonges, prête à mourir en attendant juste que celle-ci vienne à toi
Et c'est dans ces moments là que tu repenses à ce que tu es, ce que tu as été
T'es là, face à toi même, face à ta misère
J'ai aimé pendant toute une vie des gens qui n'attendaient que ma chute
J'ai tout offert à un homme qui m'a trompé pour en aimer une autreJ'étais tellement aveuglée que je suis passée à côté de tellement de belles choses
J'ai sacrifié tant de merveilles juste parce que j'étais obsédée par quelqu'un qui n'a jamais remarqué que j'en étais une
En fait, j'ai passé tellement de temps à mettre les autres sur un piédestal que j'en ai oublié à quel point je suis merveilleuse
J'ai oublié comment m'aimer
J'ai oublié que j'étais le miracle que j'attendais à chaque fois que la drogue me plongeait dans le noirJe m'étais jurée de ne plus y toucher mais comment faire quand la seule personne qui pouvait me consoler est à l'origine de ma peine ?
Je dois lui dire, au moins une fois
Lui dire que si je le repousse c'est parce que je ne veux pas le tirer avec moi, aussi basJe finis par me forcer à ouvrir les yeux, et remarque que je suis effectivement dans un hôpital
Mes bras sont bandés pour m'empêcher de me piquer à nouveau je suppose
Étant habituée a ce genre de réveil, je saisis la petite télécommande et appuie dessus pour prévenir de mon réveil
Des lors, une infirmière entre dans la pièce accompagnée de quelqu'un que je connais bien
Infirmière : tout va bien, on vous a enlevé tout ce que vous vous étiez injectée, je vous laisse entre de bonnes mains
Elle quitte la pièce et me laisse donc face à cette psychologue qui me connaît parfaitement
Psychologue : j'espérais ne pas avoir à te revoir ici..
Moi : j'ai craqué, je suis déçue aussi
Psychologue : au moins cette fois tu es déçue, avant tu ne ressentais rien quant à tes réveils à l'hôpital
Moi : parce que maintenant j'ai une vie stable, j'ai un objectif, un travail, une maison et..
Psychologue : et ?
Moi : et quelqu'un que je ne veux pas perdre
Psychologue : ohh, c'est surprenant
Moi : ça m'a surpris aussi mais je ne compte pas retomber dans le même piège encore une fois. Je profite juste avant qu'il ne parte
Psychologue : et pourquoi cela ?
Moi : je n'ai pas les moyens de l'aimer
Psychologue : et alors ?
Moi : alors il doit tomber amoureux, mais pas de moi
Psychologue : le sait-il ?
Moi : devrais-je vraiment le lui dire ?
Psychologue : alors tu préfères cacher ta peur d'aimer
Moi : je n'ai pas peur d'aimer
Psychologue : alors quel est ta plus grande peur ?
Moi : Moi-même, ce que je peux me faire mais surtout ce que je lui ferais
Psychologue : tu es trop dure avec toi Elyssar
Moi : mes paroles ne reflètent que ce que je suis
Psychologue : et pourquoi ne pas changer ? Changer pour lui ?
Moi : parce qu'il est trop tôt
Psychologue : pour ?
Moi : pour savoir si c'est le bon..
Elle soupire et se lève, s'apprêtant à partir
Psychologue : tu sauras que c'est le bon quand tu voudras toujours le voir, l'appeler rien que pour entendre sa voix, qu'il n'y aura que lui dans tes pensées. Tu ne voudras que son bonheur et surtout parce que tu seras heureuse
Moi : j'ai l'impression que tu parles de toi plus que de moi
Elle s'avança vers la porte et alors qu'elle allait partir elle finit par me demander
Psychologue : non Elyssar, je parle juste de l'amour.. Juste avant que je ne m'en aille, qu'as-tu été prête à faire par amour ?
Moi : aimer.
Et c'était déjà trop
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L'amour m'a tué, l'amour m'a sauvé
De TodoElle a tout perdu, se retrouvant SDF mais elle compte bien récupérer ce qui lui a été volé Entre temps, pourra-t-elle saisir la chance d'être heureuse avec lui ? Tome II de la chronique « Premier amour me fait penser à la mort » Pas besoin de l'av...