Chapitre 31

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Avant de commencer, je souhaite un bon ramadan à toutes mes soeurs et mes frères ! Qu'Allah vous facilite ce mois de jeûne 

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Lyès : t'as des vêtements pour homme par hasard ? 

Je me stoppe quelques instants en me rappelant que oui, j'en ai et pas ceux de n'importe qui. J'aurais préféré ne jamais avoir à les ressortir de ce maudit tiroir mais une part de moi, sûrement la plus faible, m'empêche de les brûler comme le reste de ses affaires 

Moi : j'arrive te les donner 

Lyès : merci beaucoup 

Je m'essuie les mains et me dirige dans ma chambre, un léger pincement au coeur et cette horrible sensation qui se répand à travers tout mon corps, cette sensation que je connais si bien..

J'ouvre mon placard et sors son ensemble, puis je reste là de longues minutes à fixer ce bout de tissu et ce n'est qu'à ce moment là que je me rends compte qu'en réalité je n'ai pas oublié ce qu'ils m'ont fait..

Lyès : euhh Elyssar ? 

Moi : ah oui excuse moi j'étais en train de me perdre dans mes pensées, la salle de bain est au fond du couloir 

Lyès : euh.. d'accord merci 

Devant mon air assez étrange je l'avoue, il grimaça légèrement avant de partir vers la douche sans insister ce dont je lui suis silencieusement reconnaissante. 

Le livreur prend encore du temps alors je me permets d'aller me doucher à mon tour puis d'enfiler un jogging pour être plus à l'aise. Reprends toi Elyssar, tu ne dois pas rester bloquer mais avancer

Je rejoins finalement Lyès dans le salon et lui fis un grand sourire en voyant que le repas était posé sur la table basse tandis qu'il est assis à même le sol 

Moi : je pense sincèrement ne jamais avoir vécu autant de péripéties en une soirée

Lyès : j'ai presque perdu espoir après le coup de la pluie ! 

Moi : bon heureusement qu'uber eats existe 

Lyès : je te le fais pas dire 

Moi : mais j'aurais quand même aimé t'inviter dans de meilleures conditions 

Lyès : rohh laisse tomber c'est parfait, j'ai bien rigolé et je mange des sushis, que demander de mieux 

Je souris à sa simplicité, rare de nos jours, avant de renchérir 

Moi : pas de négociation autorisée 

Lyès : en réalité c'est plutôt à moi de t'inviter la prochaine fois, pour te remercier des fous rires de ce soir 

Moi : c'est une invitation ? 

Lyès : si ça en était une, tu accepterais ? 

Moi : avec grand plaisir 

Lyès : et bien je n'oublierai de réserver cette fois 

On se sourit mutuellement avant que ce gamin ne recommence à faire l'imbécile, parfois j'ai du mal à croire qu'il s'agit de mon patron... 

La soirée était plutôt cool et au vue de l'heure tardive, je lui avais proposé de rester dormir. On se retrouve donc à 4h du matin à tenter de faire des crêpes parce mooonnnssiiieeuuurrr avait envie de crêpe 

J'aurais aimé avoir la recette de Luis sous la main mais à défaut, on a juste suivi la recette que tout le monde connaît bien 

Après une longue bataille entre Lyès et mes poêles, on finit par les déguster tout en parlant, vous savez ses conversations tard dans la nuit où l'on s'avoue des choses..

Lyès : j'aurais aimé te rencontrer plus tôt, je suis sûr que ma vie aurait été plus amusante 

Moi : oh moi aussi, mais je pense que si on s'était rencontré plus tôt, on n'aurait jamais pu être aussi proche 

Lyès : et pourquoi cela ? 

Moi : j'étais très différente à l'époque, j'avais une vie complètement opposée à celle d'aujourd'hui 

Lyès : c'est vrai que tu ne m'as jamais vraiment dit ce que tu faisais avant 

Moi : pour tout te dire, il y a encore un peu plus d'un an, j'étais en train de faire la manche devant la Gare ******** 

Il se releva légèrement, se posant sur ses coudes, puisqu'il était allongé sur le sol tout comme moi d'ailleurs

Lyès : tu faisais quoi ? 

Moi : t'as bien entendu, j'étais sans-abri 

Lyès : m-mais comment ? fin quoi, quand, pourquoi ? 

Moi : on va dire que c'était un enchaînement d'évènements peu réjouissants 

Lyès : mais t'es restée sdf longtemps ? 

Moi : environ 18 mois

Lyès : ohh.. 

Voyant son regard se détourner, j'imagine qu'il ressent de la pitié ou du dégoût. Dans les deux cas, je déteste ça 

Moi : quoi ? T'es dégoutée d'être tombée sur une ancienne clocharde ? 

Lyès : non non pas du tout, en fait j'admire la force que t'as eu pour survivre autant de temps seule face à la rue, j'aurais même aimé t'aider durant cette période..

Je souris en le voyant me garder avec un profond respect, un regard que personne ne m'avait adressé depuis si longtemps...



L'amour m'a tué, l'amour m'a sauvéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant