Chapitre 5 : Premiers sangs

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Chapitre 5 :premiers sangs

Les pompiers mirent une éternité avant d’arriver sur les lieux de l’accident. Je ne pouvais plus défaire mon regard du corps inanimé de ma sœur. Comment allais-je l’expliquer à mes parents ? Comment allaient-ils prendre la nouvelle ?

Les ambulanciers arrivèrent ensuite sur place. On me transporta d’urgence à l’hôpital, car je ne m’en étais pas aperçu mais ma tête saignait, et il y avait encore le bout de verre coincé dans ma jambe. Mais, avant, j’allai vers le cadavre de ma sœur qui était encore bloqué dans le bus et je lui dis :

« Désolé pour toutes ces disputes immatures et puériles. Je m’excuse pour tout ce que je t’ai fait subir, repose en paix, Anne »

On m’emmena donc ensuite à l’hôpital le plus proche, 30 minutes de route, où je dormis en prévoyance des examens de demain.

Comme je l’avais prévu, je n’avais pas dormi de la nuit. L’image de ma sœur ensanglantée hantait encore ma rétine. Un docteur arriva vers moi et me dit :

« Alors le miraculé s’est réveillé; a-t-il bien dormi ?

-        Non j’ai très mal dormi, réfléchissez un peu.

-        Oui c’était à prévoir en fait, mais bon passons. Les policiers ont appelé tes parents ce matin ils vont bientôt arriver, sûrement. Tu sais que tu as de la chance petit, il n’y a eu que trois personnes qui ne sont pas mortes.

-        C’est impossible, lançai-je avec un air surpris. Nous étions au moins vingt, et beaucoup de personnes étaient conscientes quand j’ai repris connaissance.

-        Oui certaines étaient peut-être conscientes mais ça ne veut pas dire qu’elles allaient bien. Beaucoup ont succombé à leurs blessures sur le chemin les amenant ici. Estime-toi heureux de pouvoir parler et respirer. Au fait, au sujet de tes blessures, ne t’en fait pas tu auras juste des béquilles pour quelques jours et ta blessure à la tête est juste superficielle.

-        Tant mieux. Merci docteur. »

Il sortit de ma chambre en me souriant puis il alla en direction du hall. Je regardai l’heure et je vis 12h30, pourtant je n’avais pas spécialement faim. Les événements de la nuit dernière m'avaient coupé l’appétit.

Mes parents arrivèrent enfin sur les coups de 13h. Ils étaient en train de pleurer. Ma mère me dit :

« Nous sommes au courant pour ta sœur. Heureusement, toi tu n’as rien sinon nous n’aurions pas pu le supporter.

-        Je suis d’accord avec ta mère Kirito. Maintenant tu es la seule chose qui nous est précieuse.

-        Parce que ce n’était pas le cas avant ? Vu qu’Anne était encore là, vous alliez la voir elle, pour parler de vos soucis, mais jamais moi… pourquoi? Est-ce parce que vous me considérez encore trop jeune ? Regardez-moi ! Regardez attentivement ! Regardez chaque détail ! Je ne suis plus un enfant. De plus, c’est tellement déplacer de dire ça, que, dorénavant, je suis la chose la plus précieuse à vos yeux. Anne ne l’est-elle donc plus ? Ayez un peu de compassion pour votre fille et faites lui honneur. »

Et je me mis à pleurer, je ne sais pourquoi. L’après-midi resta très silencieuse, personne n’osa parler de peur de blesser quelqu’un ou de se faire blâmer. Puis vers 17h le médecin arriva et me dit que je pouvais rentrer chez moi.

Le trajet du retour fut aussi très silencieux. Seule la radio parlait et chantait comme si elle voulait rompre ce silence glacial.

Arrivé à la maison, j’allai directement dans ma chambre, pris mon portable et j’appelai Marie. A cette heure là, les cours étaient finis donc je pouvais appeler.

La tonalité retentit trois fois puis elle décrocha :

« Allo Kirito j’ai entendu dire aux infos qu’un bus s’était renversé en faisant plein de victimes, rassure-moi tu n’as rien ?

-        Non c’est bon je vais bien. J’ai juste des béquilles mais sinon rien d’autre. Par contre ma sœur est morte au volant et je l’ai presque vue mourir devant mes yeux. (Je marqua une pose puis reprit : )  C’était très dur.

-        Je te crois, me dit Marie. Toutes mes condoléances; je suis avec toi et mes parents aussi d’ailleurs. J’irai leur dire après l’appel et on viendra vous voir.

-        Merci c’est gentil de ta part, enfin, de votre part, répondis-je. Normalement je reviens demain en cours, est-ce que tu peux me faire une copie des leçons s’il-te-plait ?

-        Pas de problème, je te le ferai. De toute façon on n’a pas beaucoup travaillé aujourd’hui.

-        Tant mieux j’aurais moins à écrire. Mais je ne t’appelle pas que pour ça, déclarai-je.

-        Ah bon ? Que veux-tu me dire d’autre ?

-        Marie, après les événements qui se sont passés avec les châteaux j’ai beaucoup réfléchi. Il est temps que tu me dises ce qu’il s'est réellement passé. »

Le château du mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant