Chapitre 8 : Deuils

32 5 2
                                    

Chapitre 8 : Deuils

« Ah ah ah tu rigoles, demandai-je ?
- Non je ne rigole pas. Mon père est rentré du boulot ce matin, alors qu’il devait y être, complètement livide. Ensuite il est venu vers nous et nous a demandé pardon, puis il a pris un couteau dans la cuisine et il a tailladé la gorge de ma mère. Apres il s’est acharné sur elle mais je n’ai pas eu le courage de défendre ma mère alors je suis parti me réfugier dans la salle de bain et depuis je l’entends gémir en bas, mais il est en train de monter les escaliers et j’ai peur qu’il me trouve. S’il-te-plait plait viens m’aider.
Il se mit à pleurer discrètement. Je n’entendais que sa respiration puis il reprit :
- Avant ce jour nous étions une famille comme tant d’autres mais je ne sais pas ce qu’il s’est passé aujourd’hui, dit-il en pleurant.
- Ne t’inquiète pas nous venons t’aider, répondais-je.
- Merci vous tous, je tiendrai le temps que je pourrai. »
Il raccrocha son téléphone tout en pleurant. 
Je fis un bref topo aux autres. Nous nous mirent tous d’accords, nous allions le sauver.
Apres avoir escaladé la porte du lycée, tant bien que mal à cause des béquilles, nous courûmes jusqu’à sa maison. Elle n’était pas très loin de l'entrée du village et je me souvenais laquelle c’était. J’étais déjà venu chez lui. J’avais même parlé à son père et à sa mère. Tout me semblait normal, ses parents s’aimaient comme on en trouve peu aujourd’hui. Son père travaillait dans un village à vingt kilomètres de sa maison comme cuisinier dans un restaurant qui ne marchait pas très fort, mais bon il rigolait tout le temps et il s’entendait bien avec son fils et sa femme. Sa mère était mère au foyer depuis qu’elle avait perdu son emploi deux ans après la naissance de Guillaume.

Tout ça semblait illogique comment son père avait bien pu tuer sa femme et vouloir le tuer; c'était irréel. Sur le chemin pour y aller, je dis à Anne :
« Tu n’es pas obligée de venir tu sais ? Je ne veux pas t’entrainer là-dedans et donc te mettre en danger.
- Je sais que ça ne fait que quelques heures que nous sommes ensembles mais je sais me battre et je n’ai pas peur, répondis-t-elle.
- Franchement je l’adore ta copine Kirito. Heureusement que t’es déjà avec elle et que tu es mon ami sinon je te l’aurais déjà piquée, plaisanta Bertrand.
- Non moi je n’aime que Kirito c’est tout. Les autres ne m’intéressent pas, dit-elle d’une voix douce et trop mignonne.
- Aaah bien dit Anne, acquiesça Marie 
- Je crois que tout le monde t’as adoptée, lui dis-je à voix basse. »
Nous étions en train de plaisanter mais c’était pour oublier le stress car derrière nos sourires se cachait une anxiété indéterminable. Qu’allions-nous faire arrivés chez Guillaume ? Nous allions le secourir et puis nous ferions quoi de son père s’il nous attaquait ? Allions-nous mourir ? Nous pensions tous à ça. Nous arrivâmes enfin devant la maison de Guillaume avec une certaine appréhension certes, mais avec un vrai courage. Le trajet fut dur avec mes cannes, mais je me devais d’aller l’aider, lui. Je voulais que les filles restent dehors mais elles ont refusé. C’est vrai qu’elles sont courageuses par rapport à la majorité, mais je les protégerais quand même et ça doit être pareil pour Bertrand; après tout c’est le devoir d’un gentleman.
Nous ouvrîmes la porte tout doucement pour ne pas faire remarquer notre présence et vîmes dans la cuisine la mère de Guillaume étendue sur le sol dans un bain de sang. Elle était tailladée de partout comme me l’avais décrit Guillaume. Puis, après cette vision d’horreur, nous montions les escaliers pour rejoindre la salle de bain où Guillaume devait se trouver. Soudain, alors que nous étions en train de gravir les marches, un cri provenant de la chambre des parents retentit et je reconnu la voix; c’était Guillaume. Nous nous dirigeâmes expressément dans la chambre. Nous vîmes son père avec un couteau à la main et Guillaume qui était étendu par terre avec une blessure à l’épaule. Son père nous dit :
« J’étais obligé de les tuer. Je ne voulais pas être le seul au paradis.
- Expliquez-vous ? Demandai-je 
- Le restaurant a coulé il y a un mois mais ma femme et mon fils ne le savaient pas. J’étais à la recherche d’un emploi et j’ai eu un entretien d’embauche. Mais rien ne s’est passé comme prévu. On m’a clairement dit que je ne valais plus rien à cause de mon âge. Alors j’ai décidé d’en finir avec tout ceci et d’entrainer ma famille avec moi.
- Vieux débile tu m’as enterré trop vite. »
Une voix retentit de derrière lui. C’était Guillaume qui parlait péniblement. Il n’était pas mort, quel soulagement. Pendant qu’il était occupé à regarder son fils, avec Bertrand nous prîmes notre courage à deux mains puis nous l’immobilisâmes et avec un antivol de vélo nous l'accrochâmes au fauteuil qui se trouvait là. Guillaume me dit :
« Merci les gars, je savais que je pouvais vous faire confiance.
- Oh mais de rien, dit Bertrand.
- Tu sais que tu peux compter sur nous en toutes circonstances.
Nous nous dirigeâmes vers la porte pour sortir. 
- Au fait, je crois que tu ne m’as pas présenté cette belle inconnue.
- Bonjour. Je m’appelle Anne Lorna c’est un plaisir de faire votre rencontre.
- Oui c’est ma peti… »
Soudain je sentis une présence dans mon dos comme si quelque chose s’était accroché à moi. Je me retournai et le père de Guillaume me dit « petit merdeux je vais t’entrainer avec moi » puis il prit un couteau et se l’enfonça dans la gorge. Je vis par terre une trace de sang juste devant moi et derrière moi pareil. Je touchai mon dos avec mes mains. J’avais un couteau planté dans le dos.

Le château du mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant