Chapitre 3 : Initiative

62 7 4
                                    

« C’est bien beau toutes ces paroles mais comment on va faire pour la faire descendre sans qu’elle s’écrase la tête, demanda Guillaume. »

Pour une fois il disait quelque chose de sensé mais c'était vrai ça, comment allait-on faire pour la faire descendre ? Je scrutai la pièce et vis un piano, des cordes, un rideau, des tableaux, des assiettes, des couverts ainsi qu’un tapis roulé et un grand bout de bois qui servait sans doute à mettre contre la gigantesque porte pour ne pas qu’elle se referme.

Soudain, je pensai à quelque chose. Je me fit le schéma dans la tête et tout sembla clair.

« C’est bon j’ai trouvé comment faire, déclarai-je

- Ah cool vas-y explique moi.

- Tout d’abord il faut faire tomber l’armoire qui nous embête. Puis placer le tapis en dessous de Marie. Nous devons par la suite prendre le rideau et le tendre pour que, quand elle tombera, elle ne s’écrase pas. Je vais prendre le bâton et la toucher au ventre avec pour qu’elle tombe, enfin, je l’espère.

- De toute façon, nous n’avons pas d’autre moyen, donc essayons, avoua Guillaume.

- Oui, tentons cela. »

On s’exécuta et le plan se goupilla à merveille. Arriva le moment fatidique où l’on devait la faire tomber en chute libre. Je la touchai avec le bâton et comme je le pensais elle tomba directement.

« Attention elle arrive, criai-je. Faites qu’elle atterrisse bien mon dieu, espérais-je en silence. »

Le rideau s’affaissa sur le poids. Je vis une petite fissure se dessiner à l’endroit ou tomba Marie. Je retins mon souffle. Je ne pensai plus à rien. Je restais là, sans bouger et j’espérais, c’est tout. Mais il ne craqua pas. Marie était saine et sauve. Avec Guillaume c’était l’euphorie totale nous avons tous les deux poussé un « ouf » de soulagement. Elle était inconsciente mais elle respirait encore : quel soulagement.

« J’aimerais qu’on m’explique d’où viennent les taches rouges sur sa robe, demanda Guillaume ?

- Je ne sais pas mais on verra ça plus tard, déclarai-je. Pour l’instant il faut retrouver Bertrand et vite avant qu’il ne soit trop tard.

- C’est vrai ça. Je ne sais pas ce qu’il se passe dans cet endroit mais c’est très flippant et je veux vite sortir, dit-il »

Il avait raison moi aussi je voulais vite sortir d’ici. Mais d’où venaient ces événements ? Il devait bien y avoir une explication rationnelle pour décrire ce qu’il se passait, non ?

Je mis Marie dans mon dos pour la porter et nous nous dirigeâmes très vite en direction de l’escalier pour accéder au deuxième étage là où Bertrand devrait être. Bizarrement du rez-de-chaussée au premier étage tout se passa normalement, pas comme à la descente. Et du premier au second étage le calme plat aussi. Nous voilà arrivés sur le pallier du deuxième étage. Il était à peu près pareil que le premier étage à un détail près, il y avait des taches de sang sur la moquette; elles se dirigeaient vers la gauche et s’arrêtaient devant la dernière porte du couloir.

« Tu es prêt Guillaume ?

- Non. »

J’ouvris quand même la porte. Elle pivota dans un grincement qui nous glaça le sang. Il y faisait très noir si bien qu’on n’y voyait rien du tout. Après avoir trouvé l’interrupteur et ainsi allumé la lumière, la vision de l’environnement était très glauque. Sur le sol en plein milieu de la pièce, gisait un corps en décomposition et en vue de la fraicheur de ce dernier ça devait faire un bout de temps qu’il était là.

« Ne me dit pas que c’est Bertrand, dit guillaume avec une voix tremblante.

- Non ce n’est pas possible imbécile regarde la tête que ce pauvre homme a. Cela doit bien faire deux mois qu’il est ici.

- Ouais pas faux. Mais attends, dit-il en haletant. Bouge pas »

Il était parti vomir dans le coin de la pièce faut dire aussi que c’était très justifié vu la personne, ou du moins ce qu’il en restait, qui était devant nous. Moi bizarrement je n’avais pas eu de renvoi car je m’inquiétais toujours pour Bertrand. D’un coup, des gémissements se firent entendre dans la pièce.

« Qu’est ce que c’est, demandai-je ?

- Ce ne serait pas…

- Si c’est lui, c’est forcément lui. Bertrand est dans la pièce. »

Je regardai autour de moi ce qui était susceptible d’accueillir un corps en mouvement et je vis une armoire sur le coté de droite. Je fis un signe de la tête à Guillaume et nous nous dirigeâmes vers l’armoire en question. Elle était très grande et était fermée à clé; seulement, la clé était restée dessus : tant mieux. En ouvrant l’armoire, Bertrand tomba de toute sa hauteur, dans un vacarme pas possible. Il était ligoté assez grossièrement avec du ruban adhésif sur la bouche et des cordes qui emprisonnaient ses mains, mais cette dernière n’était pas très serrée.

« Explique-nous ce qu'il s’est passé Bertrand, lui demandai-je en retirant le ruban adhésif présent sur sa bouche.

Il reprit sa respiration et répliqua :

- Non plus tard; pour l’instant on doit vite se barrer de cet endroit. »

Lui qui était normalement très calme et posé était devenu soudainement apeuré comme si sa vie en dépendait.

« Ok si tu veux, lui dis-je. On évacue les lieux, Guillaume. »

On sortit de la pièce illico presto et en fermant la porte je vis une lumière blanche qui arriva, de je ne sais où, en plein milieu de la pièce et qui vint en une fraction de seconde dans l’entrebâille de la porte, à ma hauteur.

« Ce n’est que le commencement » me dit-elle

Cette phrase je l’avais déjà entendue auparavant quand nous allâmes sauver Marie.

« Le commencement de quoi répondez-moi » suppliai-je.

Elle me répondit dans un rire lugubre et aigu puis d’un coup toutes les lumières se mirent à clignoter. La porte se ferma dans un fracas monstrueux. « Courez » criai-je et ils coururent aussitôt. On avait deux étages à descendre. Le premier étage à descendre se fit sans encombre tout comme le deuxième. Nous étions arrivés dans le hall d’entrée, plus que quelques mètres à parcourir et notre calvaire était fini et soudainement une voix se fit entendre dans la bâtisse. C’était encore une voix aiguë comme celle de l’être que j'avais vu avant de descendre. Elle dit :

« Profitez-en encore un peu car rien ne sera plus comme avant »

Que voulait-elle dire ? Qu’est-ce que ça signifiait ? Qu’allait-il se passer ? Toutes ces questions surgirent dans ma tête très vite mais pas le temps de réfléchir il fallait sortir au plus vite. La porte d’entrée était restée grande ouverte, il faisait nuit noire dehors puis nous passâmes le bas de la porte : nous étions enfin sortis.

Le château du mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant