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Same Room - JP Saxe

— "Even the nights end when the day breaks"—NIGHTS meets DAY

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— "Even the nights end when the day breaks"—
NIGHTS meets DAY

— A V E R Y —

Ça m'a toujours apaisée, venir ici, les regarder pendant quelques minutes avant de retomber dans la dure réalité qu'est la vie. Ils me rappellent qu'il fut un temps où je faisais partie du même monde qu'eux. Et où ma préoccupation première était d'attendre le prochain biberon.

Enroulés, dans de jolies petites couvertures, bleu ou rose selon le sexe de l'enfant, leur petite bouille rosie et leurs poings minuscules, les bébés s'avèrent être un véritable havre de paix. Ils ont beau hurler, glousser ou vomir, ces petites bouilles ne m'ont jamais répugnée. Bien au contraire.

Leurs rendre visite, c'est comme m'accorder une parenthèse dans une vie à cent à l'heure, dans laquelle je n'ai pas le droit à l'erreur. Leur ignorance me fait fondre. Parfois, j'admets vouloir être à leur place, même si je n'échangerais pour rien au monde la vie que je mène.

Aussi cruelle soit-elle, ma vie n'a rien d'un rêve, bien au contraire : elle est terre à terre. Je me demande si la leur sera pire ou meilleure que la mienne. Certains d'entre eux sont destinés à accomplir de grandes choses, tandis que d'autres ont déjà leur chemin tout tracé.

Et moi, alors ? A l'âge du berceau, étais-je déjà promise à ce funeste destin ? Ou est-ce que ce sont les conséquences de mes choix qui m'ont conduite ici ? Veiller sur mon frère, parce que plus personnes en dehors de moi ne peut le faire a toujours été le bon choix. Jamais je n'aurais pu l'abandonner. Et ce, même si quand ils ont découvert sa maladie, il n'avait même pas encore conscience de vivre.

Comme eux, il était « normal », enroulé dans une couverture bleutée. Je me souviens être venu l'observer des heures durant. Ce pauvre petit bonhomme allait vivre bien plus que tous ces autres bébés réunis. Nos parents venant de mourir, il ne restait plus que lui et moi. Je me devais de le protéger ; et j'ai fait comme j'ai pu.
Les larmes, que je retenais depuis maintenant plus d'une bonne heure, eurent finalement raison de moi. Elles se précipitèrent au précipice de mes paupières, et comme à chaque fois, je succombais.

Je ne me suis jamais autorisée à pleurer devant lui, peut-être parce que je voulais paraître bien plus forte que lui. Mais en vérité, en privé, j'étais juste détruite. Voir son frère grandir emprisonné dans une chambre n'a jamais été un jeu d'enfant.

Après sa naissance, les médecins lui ont décelé la maladie de l'enfant bulle. C'est un syndrome très rare, et très grave. Si Brad était amené à sortir de cet endroit clos qui le protège, il pourrait en mourir. Son corps ne produisant pas suffisamment d'anticorps, il est faible. Et de jour en jour, cette faiblesse s'agrandit l'emprisonnant toujours un peu plus dans cette chambre de quarantaine qu'il occupe depuis bientôt treize ans.

Night meets Day | Terminé - en correction |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant