Karma

Malédiction?

Jessica:

Je me levai de mon lit, prête à affronter cette journée. Je m'ennuyais de Tyler, de ne plus recevoir ses petits messages avant de m'endormir. Il avait toujours été réconfortant envers moi, toujours là. Nous étions le couple parfait, pensai-je. Oui, nous l'étions. Car pour le moment, le voir m'ignorer complètement ne m'enchantait guère.

En route pour l'autobus, je repensais à tous nos souvenirs. Quand il me serrait dans ses bras, me faisait un dîner aux chandelles pour notre un an de couple ou lorsqu'il m'attendait à la cloche à la sortie de ma classe. Allais-je de nouveau pouvoir l'embrasser un jour? Cette question me tortillait de l'intérieur.

J'arrivai à l'école, cette école aux briques aussi fades. Ce matin, j'avais voulu être gentille avec Débie, je devais faire des efforts. J'avais mis ses vêtements habituels, sans arrière pensées pour son style. Peut-être qu'à cet instant, je me demandais si je commençais à la voir différemment. Comme une fille ordinaire, avec une vie ordinaire.

Pendant un instant, j'oubliai que j'étais dans son corps et j'allai enlacer Tyler. Mon inconscient avait-il contrôler mes gestes? Je sais, en ce matin, je pensais comme une philosophe.

— Tiens, tiens, dit le meilleur ami de Tyler, est ce que la petite carte de crédit est amoureuse d'un gars qu'elle n'aura jamais? dit-il sur un ton humoristique, mais cassant.

Est-ce que tous les garçons étaient cons à ce point?

— Désolé, articulai-je. Je me suis trompée de personne.

Je sais, comment aurais-je fait pour me tromper de personne? Je n'avais aucun ami dans cette école. Je vis alors Jessica au loin me regarder avec des points d'interrogation dans les yeux.

Débie:

La honte. Pourquoi Jessica enlaçait son petit ami dans notre situation? C'est moi qu'elle humilie! Surtout la réplique que Louvic, le meilleur ami de Tyler, avais crié en me traitant de carte de crédit. Merde! Tyler m'avait vu. Il s'en venait vers moi. Imite Jessica, Débie, pensai-je. Tu es capable.

— Hey, mon amour! dit-il en m'embrassant sur la joue. Tu ne réponds plus à mes messages? Quoi tu me boudes? Je pensais même que tu m'avais bloqué, au début! dit-il en ricanant.

— Bien sûr que non, dis-je. J'ai juste été très occupée, dis-je.

— Occupée? Occupée en te mettant du verni à ongle? dit-il.

Espèce de niaiseux! Mais malheureusement et je ne sais pas pourquoi, je ne peux m'empêcher de rougir.

Je devais me sortir de cette situation.

— Je dois y aller, j'ai math, dis-je en partant la tête haute, essayant de trouver le peu de confiance que j'ai en moi.

L'heure du dîner arriva et je rejoignis Jessica au local du concierge, comme nous avions prévu.

— Comment peux-tu sortir avec un tel idiot? demandai-je.

— Ne dis pas ça, il a toujours été là pour moi, toujours, dit-elle la tête basse.

— Désolé, c'est juste que sa réplique t'insultant m'a un peu fâchée, dis-je.

— Tu te mets dans tous ses états pour moi? dit-elle étonnée.

Je m'en allai répondre lorsqu'une forte douleur, comme un choc électrique, me frappa tout le corps. Je compris que Jessica avait la même sensation dans son corps lorsqu'elle s'écroula au sol. Je pris toute mes forces, malgré la douleur insoutenable, pour aller m'effondrer à côté d'elle. Elle n'étais pas consciente et elle avait des convulsions, je notais que son pou battait énormément vite, comme le mien, mais on dirait que le choc avait plus d'effet sur mon corps que le sien.

Quelques minutes passèrent et la douleur diminua et Jessica reprit conscience tranquillement. Le peu de temps qu'il nous restait pour discuter avant les cours venait de passer, la cloche sonna comme un bourdonnement dans mes oreilles.