SPARK for me - Tome 1 : "Première étincelle"

Tome 1 - Chapitre 6 : Led

— Debout, grosse faignasse !

Je grogne quand le bout d'un pied s'enfonce entre mes côtes. Le brouillard est si épais dans mon crâne que j'ai envie de prendre la couette et de rester dessous. Sauf que je n'ai pas de couette. Et qu'il fait chaud. La peau de mes mains est sèche, si sèche qu'on dirait qu'elle s'effrite quand j'ose bouger mes doigts.

— Led, putain !

Ta gueule, ma belle.

La voix d'Az' résonne fort dans mon cerveau. Enfin, si j'ai encore un cerveau. Ses pas rapides vibrent dans tout le sol, contre mon oreille. Elle fait un bordel monstrueux, et elle sait pourquoi elle le fait. J'aurais fait exactement pareil à sa place.

Bam, bam, bam. Elle fonce dans le couloir. La lumière inonde l'atelier. Quand je m'étire, le parquet me colle à la peau. Il fait déjà chaud dans la pièce. Ma peau est moite pour tellement de raisons que le seul fait d'y penser est dégueulasse. Derrière ma langue, j'ai un arrière-goût immonde qui retrace tous les verres ingurgités et l'herbe que j'ai inhalée le reste de la nuit.

Le reste de la nuit ?

J'ouvre enfin les yeux. Allongé à même le sol de l'atelier, je tombe nez à nez avec mon tabouret. J'ai dû en tomber. Ma cuisse me fait mal quand je bouge et m'assieds. Avec un coup d'œil rapide, je remarque l'hématome qui a bleui dans la nuit. Parfait. Ce sera donc collants opaques pour aujourd'hui.

— AZ ! hurlé-je. COLLANTS BLEUS !

— J'AI VU ! réplique-t-elle aussitôt. SUR TON LIT !

Elle est tout bonnement parfaite. Sa voix semble provenir de la salle de bain, et quelques secondes plus tard j'entends le bruit de la douche. Je baille aussi grand que possible, baisse les yeux sur mes mains qui me dérangent particulièrement. Je suis couvert d'argile sèche. Mes mains, mon ventre, et... Ah, j'en ai même sur la queue, c'est merveilleux.

En grimaçant, je me lève et me dandine avec toute la grâce que je peux avoir dès le matin jusqu'à la salle de bain, évite de peu mon gros chat dans le couloir, qui hurle pour avoir à manger.

Comme d'habitude, Az' a laissé la porte ouverte, et je me glisse rapidement avec elle dans la cabine de douche.

Aussitôt, ses mains enfoncées dans ses cheveux viennent s'accaparer mes mèches et ma crasse.

— Oh putain, vas-y, gémis-je.

Le paradis : les massages du cuir chevelu. Az' s'entraîne régulièrement sur moi, alors elle gère. Et je profite autant que possible.

— T'es pas encore en retard, ça va, dit-elle en frottant fermement.

Elle reprends du shampoing. Quand elle se penche, l'eau m'éclate à la gueule, commençant seulement à embarquer ma nuit avec elle. Elle prend toujours ses douches brûlantes, quelle que soit la saison et la température et j'avoue que pour le coup, ça réveille. Et pas en douceur.

— Bordel, on va cuire ! grincé-je.

— Certainement...

Elle se retourne, enfonce de nouveau ses mains sur mon crâne et masse si énergiquement qu'elle pourrait me scalper. Mais je serai propre, c'est sûr.

— Mais t'as peint avec ta bite ou quoi ?

Œil de lynx.

— Un truc du genre, mais j'ai plus les détails...

J'ai dû me branler dans la foulée, aussi. Ça m'arrive quand je suis bien déchiré. Et cette nuit, j'étais vraiment pas mal, faut l'avouer. Ce soir, un petit nettoyage de l'atelier va s'imposer...