Labyrinthe

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Nous allâmes rendre visite à la mère de la victime, vêtue des vêtements de deuil, sa physionomie se montra très éloignée de celle de son enfant, contrairement à la chevelure de feu de sa fille, les siens étaient semblables au charbon, luisants attachés en arrière. Elle s'exprima avec un accent fortement prononcé par une prononciation accentuée du r, rendant chacune de ses phrases roucoulantes comme graves.

Vivant dans un quartier sinistre comptant bon nombres de slaves fraîchement arrivés ou vivant depuis des années, tous pour la plupart ouvriers, les rues enfumées puisque proches d'une usine se montrèrent peu avenantes ainsi que malodorantes, tenant un petit commerce peu fructueux.

Nous nous assîmes dans un petit fauteuil élimé en une petite pièce au deuxième étage où elle résidait, une icône représentant la vierge à l'enfant au fond d'or, couverte d'une vitre, deux bougies disposées à chacun de ses côtés indiquant sa religion orthodoxe, d'ailleurs elle serrait près de son cœur un médaillon représentant un saint patron.

Aux côtés de Holmes, j'avais appris à observer ses petits détails jugés insignifiants,elle nous proposa du thé, mon ami refusa l'interrogeant de suite sur l'union fatale de son enfant.

« J'en éprouve encore une grande douleur, elle m'a un jour évoqué être tombée amoureuse d'un garçon très bien, anglais, bourgeois, je l'ai mise en garde. Craignant de la retrouver déshonorer, meurtrie, le cœur brisé, puisque je jugeais impossible de l'existence d'une telle personne capable de l'aimer en dépit de toutes leurs différences. Monsieur Henry Montgomery balaya mes inquiétudes, le reste de sa famille en revanche.. » débuta t-elle.

Ce détail intrigua le détective lui demandant qu'en était-il de la belle-famille.

« J'ai été la seule à leur offrir ma bénédiction, ses parents ne voulurent ni me rencontrer ni leur belle-fille, s'opposant à l'union pour motif de non appartenance au même monde. Mon enfant ne possédait pour eux aucuns attraits, religion différente de la leur, d'origine slave non anglaise de pure race, n'apportant pas de dot suffisante. Quant à la sœur de mon beau-fils, elle s'opposa très vivement à ce qu'elle qualifia de folie entachant la réputation familiale. » énonça t-elle sans le moindre ressentiment.

Ne mentionnant pas détenir déjà en partie cette information, il reprit l'entrevue.

- Lui connaissez-vous des ennemis ou des soupirants assez violents ?

- Non, nous étions assez isolées ensemble quoique heureuses. Si vous saviez à quel point je me maudis de leur avoir donné mon accord, pourtant qui aurait pu s'opposer à un couple aussi heureux ? Ç'aurait été sans doute tout aussi fatal..

- Assurément, la jeunesse ne jure que par un éternel au-delà, suite au roman de Goethe.. Nous nous égarons du sujet, je ne vous importunerais pas davantage. Savez-vous ce que signifie la phrase suivante : « Je vous baise la main pour le repas » ?

- En effet, c'est une formule usuelle pouvant se traduire par un remerciement pour le repas jugé bon. Cela donne dans ma langue natale : « Sârut mâna pentru masa » Sans les deux derniers mots, il s'agit seulement d'une salutation à l'égard d'une femme.

Il la remercia pour cette indication, cela ne m'avança guère d'obtenir une telle information, à ses yeux je sentis cela capital pour l'enquête, sûrement le meurtrier venait-il de trahir son origine moldave en effectuant une référence à une coutume bien particulière. Nous retrouvâmes l'inspecteur Lestrade, il venait d'interroger les domestiques sous le choc, les parents de Montgomery ainsi que sa sœur. Holmes s'enquit s'il pouvait obtenir une entrevue avec elle, cela nous fut permis.

Altière, Mary Magdalene Montgomery nous toisa quelque peu entre le voile noir moucheté porté pour l'occasion, vêtue de noir, d'une dentelle assortie, elle sortie un mouchoir immaculé pour essuyer une larme, sans doute l'entretien précédent avait été éreintant pour la jeune femme. Elle avait un maintien aristocratique, pas une seule mèche de ses cheveux d'orge ne dépassait d'un chignon sophistiqué, elle portait diverses bagues montrant son appartenance à une famille fortunée.

CulpabilitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant