C'était une matinée ordinaire à Baker Street, Holmes s'affairait à ses fioles, tandis que je lisais la presse, une régularité bien factice, car précisément aujourd'hui ma femme dévouée Mary reposait depuis une année. J'espérais qu'elle soit en paix, je ne l'étais pas et je crains ne pouvoir jamais l'être.
Mon cœur s'agitait en proie au chagrin et à la culpabilité. Je me le répétais mes absences, puis cette maladie que je n'avais pas su déceler de suite, assurément participèrent à sa fin. Au lieu de me livrer à l'aventure avec mon ami, de les consigner en biographe et romancier du dimanche, j'aurais dû accorder une juste place aux priorités maritales. Avait-elle connue la félicité ? N'avais-je pas en demandant sa main précipité sa mort ? Celle-ci à mes yeux demeurait prématurée, que je m'en tienne responsable m'apparut légitime, au lieu d'uniquement la pleurer, regretter sa présence, je songeais à mes anciens comportements à son égard, cela me mortifiait.
Holmes n'ignorait pas cela, il me connaissait mieux que quiconque, pourtant j'étais certain qu'en tant que célibataire endurci n'ayant aucun regard pour le beau sexe, il fut tout bonnement incapable de ressentir une si grande détresse. Parfois il me plut d'être abusé par la création d'un automate dénué de sentiments, du limier tranchant sans états d'âme. En le dépeignant comme une froide machine, j'avais commis à son sujet une grande injustice, même si j'essayais de rétablir prudemment une vérité que jalousement je préférais garder.
Ainsi me proposait-il avec un entrain feint promenades, concerts et des activités fort plaisantes pour me distraire, que je savais insupportables ou bien peu appréciées par sa personne. Je déclinais prétextant désirer de la tranquillité, sans honte, car en tous les cas il m'avait pour moi toujours été impossible de le duper. Il eût l'amabilité de ne pas insister, de n'engager aucune conversation en dépit du fait qu'il trépignait d'en entreprendre une. Ce n'était qu'une question de temps. Sherlock Holmes malgré les apparences est un homme impulsif, jouant à merveille distance et froideur afin de ne montrer à quel point il est passionné. Combien de fois avait-il sans malice, mais par amusement déduis ce qu'il valait mieux ne pas exposer publiquement ? Je ne dénombrais plus.
Vraiment pour l'heure, j'étais d'une désagréable compagnie et contrairement à mon ami dont les humeurs noires surgissaient par période, n'étant destinées à personne si ce n'est à lui-même, j'avais la fâcheuse manie de reprocher aux autres ce que je me destinais. J'étais par périodes cruel, ayant des propos dépassant ma pensée, mon ami dont je me plaisais parfois à juger d'automate m'offrait toujours le pardon, plus prompt aux excuses que n'importe quel homme.
En conséquent, lorsque après le thé, portant son attention sur une de ces encyclopédies ornithologique, il déclara d'un ton neutre: « Mary n'aurait pas désiré cela. »
Chacun de nous étions conscients de la tempête déclenchée par cette réplique.
- Mon cher, débutais-je en essayant de réprimer mon irritation, j'estime vos talents de détective, je ne mécroirais jamais en vos facultés d'esprit. Cependant lorsqu'il s'agit du domaine du cœur vous n'avez aucunes prétentions.
- Est-ce si blasphématoire de croire qu'un être étant aimé ne désire que le bonheur de l'autre ?
- Comment pourriez-vous le savoir ?! m'exclamais-je sarcastiquement.
- Il n'est pas question de m. .
- De quoi est-il question ? De me tourmenter davantage en invoquant une épouse dont vous n'avez jamais compris les attraits, la perspicacité, dont vous n'avez même pas félicité pour son mariage ?
- Watson jamais je n'ai agi pour. .
- Jamais vous n'avez agi, cela résume en tout point votre attitude concernant le sujet ! Aucun vœux, aucunes lettres amicales à propos, juste des débarquements à l'improviste, des télégrammes pour demander mon assistance lors d'affaires afin de vous fournir un public à vos exploits puisque votre génie le nécessite, quand vous ne feignez pas votre mort !
Ses yeux d'habitude perçants m'observèrent avec tristesse, à la place de m'en émouvoir, d'étouffer la flamme de la colère, bien au contraire ils l'attisèrent avec force. Je n'arrivais à me tempérer, toutes ces années de souffrances, toute cette angoisse et lui se tenait stoïquement assis, si placide. Sans rien me nier, sans démentir, me prenait-il en pitié pour sans mot dire m'observer de la sorte ? Sûrement c'est charité pour lui d'écouter les palabres d'un veuf dont la raison est obscurcie par ses affects. Lui prenant la mort pour sujet d'analyse ou cruelle farce, sans songer aux aboutissements, incapable d'en entendre les griefs.
- Bien évidemment le grand Sherlock Holmes ne s'encombre pas de sentiments, les seuls que vous ayez sont pour cette maudite bouteille de cocaïne ou votre stimulation intellectuelle, vous vous riez bien des états âme de chacun. Vous auriez souhaité que tous naissent dépourvus de cœur, tel que vous.
- Il est regrettable, commença t-il sur un ton calme, que vous puissiez croire que vos sentiments m'indiffèrent. Chaque actes de ma part furent mûrement réfléchis, je ne désirais pas vous heurter, je ne désirais pas que vous souffriez de ma maladresse.
- Je vais vous dire ce qui est regrettable Holmes, c'est que durant toutes ces années, j'ai cru envers et contre tous à votre humanité.
Sur cette sentence que je lui avais infligé je quittais Baker Street sans cérémonies, j'ignore véritablement quel dessein j'avais, si ce n'est m'éloigner.
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Notes: Bonjour, j'espère que ça vous a plu, la suite arrive bientôt, cette fanfiction est un peu l'illustration du syndrome du hérisson, plus on est proche d'un être aimé plus les blessures sont fréquentes mais on est maintenu en vie par sa chaleur ! J'ai conscience que c'est casse-gueule d'écrire le pdv de Watson, il y a tellement de difficultés sans compter que je ne peux pas retranscrire son style en français . . Bref n'hésitez pas à commenter et signaler mes éventuelles erreurs.
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Culpabilité
FanfictionLa culpabilité s'immisce à Baker Street, elle est la poussière dans le mécanisme, la rayure sur la lentille de verre. Peuvent-ils y survivre ? ------- Fanf...