Une surprise

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Après avoir erré dans les rues londoniennes sans but sinon la distance ma colère domptée et sitôt dissipée l'ampleur de mes paroles m'apparut. Ma culpabilité était double, je n'avais pas grand espoir concernant l'obtention d'un pardon, j'avais été si cruel. Au lieu de retourner sur mes pas je pris une direction tout autre.

Le soleil ne finissait pas encore sa course dans le ciel, la hardiesse offerte par mes affects retirée, je voulus me ragaillardir en entrant dans un pub connu. 

Sûrement est-ce l'excuse que je me servais trop couard pour affronter mes torts.

La faiblesse masculine réside souvent en cet endroit, la boisson n'était pas mon vice or le malheur pousse à franchir les habitudes aussi bonnes soient-elles. 

À mesure que l'alcool coulait dans mes veines, à mesure je perdais sens avec la réalité. Mary ma dévouée épouse n'était plus morte, elle m'attendait encore, elle m'attendrait longtemps je l'assurais à qui voulait l'entendre que je serais capable si c'eut été dans mon désir de vider la réserve.

Je contais des aventures dont j'ignorais moi-même la véracité, vantant mes mérites souvent fictifs. Et lorsque la boisson n'attaquait pas ma raison, elle me rendait sinistre, je répétais telle une litanie: "Pourquoi ne m'a t-il pas envoyé une lettre?" et "Je croyais qu'elle était en parfaite santé." Je me morfondais sur mon sort, me plaignant de la cruauté des évènements, de l'amertume de la vie.

Puis je reprenais une pinte et le monde m'était offert.

En un instant pareil, je jugeai bon retourner à Baker Street, dans un état déplorable. Il fut tout aussi difficile ivre de monter les escaliers que de m'improviser alpiniste, je faillis à plusieurs reprises chuter, heureusement m'accrochais-je à la rambarde.

L'heure était tardive, mais les lumières toujours allumées dans le salon, un éclair de lucidité m'aurait poussé à filer dans ma chambre.  

Holmes en robe de chambre grise souris était assis devant ses instruments, il ne daigna pas lever les yeux malgré le tintamarre que je causais. Je l'observais ridiculement accoudé à la porte manipuler fioles, papiers, pipettes et tabac. Avec une humeur mélancolique -inhérente sans doute à l'alcool-, je songeais à nôtre première rencontre où il était ainsi penché sur son expérience, les yeux brillants d'excitation, le succès de celle-ci l'avait tant emporté qu'il m'avait saisi par la manche m'expliquant l'innovation de sa découverte.  Or à mes yeux la seule découverte ayant de l'intérêt fut et demeure à jamais la nôtre.

Je ne pus détacher mes yeux de ses traits comme au premier jour sauf qu'il m'ignorait superbement cette fois-ci. Je m'avançais dans la pièce en vacillant quelque peu, en m'approchant de lui et de ses expériences, dont je n'avais absolument pas cure car je faillis en renverser le contenu. Entendant ne pouvoir avoir la paix, il plantai ses yeux tranchants dans les miens. 

- J'ai pris la liberté de congédier Miss Hudson pour la soirée après votre pique d'humeur, elle qui ne cesse de vanter vos mérites, votre état d'ébriété aurait été inconvenant.

- Toujours fâché ? demandais-je mes souvenirs de la discussion déformés autant que ma vision.

- Je vous retournerais bien la question si je n'avais pas déduit la réponse.

- Ah oui, c'est vrai ! Le truc. .science. . science de déduction.

- Vous feriez mieux de vous asseoir, si vous tenez vraiment à ce que je ne sois pas fâché.

Plus tard, je me rendis compte qu'il l'était déjà, or il était maître de lui-même, s'occupant de reculer méticuleusement ce qui était trop proche de ma portée. Les effets de l'alcool m'avaient rendu puéril.

- Pourquoi vous êtes si méchant, Holmes ? Ne m'aimez-vous donc pas ?

- S'il y avait une monographie sur les ivrognes, il serait certain que dans le chapitre des phrases les plus prononcées par ceux-ci: celles-ci figuraient en première position.

- Au diable, les monographies ! J'ai. .j'ai posé des questions, auxquels j'attends des réponses !

- Pour sûr, afin que vous ne vous compromettiez pas davantage, je suggère d'y répondre une fois dégrisé, qu'en dites-vous ?

- Ma foi. . ça paraît honnête.

- Merveilleux, déclara-t-il excédé, j'ai préparé une bassine, allumé un feu. Si toutefois vous aviez envie de paraître devant moi après, ce dont j'en doute fortement.

Je ne l'écoutais qu'à moitié, ma main sur la table, mon coude sur un livre volumineux essayant de retrouver un équilibre qui jusque-là avait été très précaire. Non sans malice, je l'observais un sourire béat sur les lèvres, puisque j'avais l'impression soudaine à cause de ma posture que j'étais très important.

Non sans honte, je me remémore de la façon odieuse dont je me comportais.

Néanmoins en dépit de cela, il se leva sûrement pour m'empêcher de m'assoupir sur au mieux le volume épais au pire sur son matériel de chimie. Il ne fallut que le contact trop présent de sa main sur mon épaule pour que je me relève m'écriant avec vigueur que j'étais l'homme le plus intègre de toute la création, n'ayant besoin d'aucune aide.

L'imposture tenait autant debout que moi-même et bientôt, je me tenais à lui en jurant que quelque créature m'avait bousculé. Il soupira longuement et soudain un éclair de lucidité me parvint Holmes savait depuis le début que j'allais rentrer ivre, il n'avait été étonné par aucun de mes comportements.

Au lieu de ressentir à cette révélation de la honte ou de me demander si j'étais si prévisible, je fomentais en moi-même une folle entreprise que je crus si brillante que je ne pus m'empêcher de la révéler à Holmes : "Je sais ce qu'il faut que je fasse, je vais vous surprendre !" Il répliqua d'un ton se voulant sec, trahissant néanmoins un amusement certain, que c'était tout bonnement impossible, c'eût pour malencontreux effet de me persuader de tenir là l'idée du siècle mettre tout son possible pour la réaliser n'était plus une option.

J'étais excité tel un élève ayant trouvé le moyen d'embêter son instituteur, avoir été dépourvu de tous mes esprits n'enlève en rien l'acte commis, ni même le fait que je songeais à la chose telle une farce.

Je le fis se pencher en tirant sur son bras, comme si je l'entraînais dans une chute, il n'eût pas le temps, ni la possibilité de prononcer quoique ce soit car j'avais couvert sa bouche avec la mienne.

Me convaincre que ce fut aussi innocent que le baiser d'un enfant serait mensonge, j'avais été par la tache trop passionné, goûtant ses lèvres, savourant son haleine chimique. Le seul mérite que je puisse m'attribuer était que je ne fis durer ce péché trop longtemps sûrement avais-je à l'esprit de voir la réaction de mon ami le plus tôt possible. Celle-ci me dégrisa presque, il était comme pétrifié, livide son visage semblait de cire, seuls ses yeux témoignaient de sa vie et sûrement d'un flot incessant d'informations.

Nous restâmes sans nous mouvoir durant un instant, pourtant paraissant une éternité, j'étais parvenu à le rendre muet, je n'osais pas même déclarer que ma surprise avait fonctionné à merveille, je n'avais le cœur à l'entreprendre. Soudain, il reprit une posture plus droite, ses joues s'empourprèrent et il partit en trombe dans sa chambre, ses oreilles viraient au rouge cramoisi. Ce fut si fugace, je faillis le manquer, or ce fut une couleur si spectaculaire que mon cœur en avait imprimé la vision.

Peu après, je m'endormis telle une pierre, décuvant par le sommeil ce que j'avais avalé.


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Notes: L'attente n'a pas été trop longue ? Je voulais mettre en titre Unexpected mais c'était trop inattendu de mettre de l'anglais sans autre raison que :"ça fait classe" . . Vous en pensez quoi du bisous ?


CulpabilitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant