Chapitre 11 : ni oui ni non

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Tony n'a pas fermé l'œil de toute la nuit, quand il pousse la porte des vestiaires des hommes du Stan Lee Memorial Hospital le lendemain matin, Sam s'y trouve et lui adresse le regard le plus compatissant au passage.

- vu ta tête, j'imagine que les choses ne se sont pas arrangées entre toi et Steve.

- non, il a besoin d'espace, je suis obligé de lui en donner, je n'ai pas trop le choix.

Les sourcils du chirurgien plastique se froncent immédiatement après sa douloureuse confidence comme s'il venait de dire une énormité.

- comment ça ? C'est quoi ces conneries ? Qui t'a dit ça ?

- ça vient de Steve lui-même et Tiberius m'a conseillé de faire la même chose.

- ah parce que cet ambulancier se permet encore de te donner des conseils ? Il est sérieux ? Il croit pas qu'il en a déjà assez fait comme ça ? Tony, tu dois te battre pour Steve ! Ne pas lui laisser une seule minute de répit ! Allez, qu'est-ce que tu fais encore là ? Vas le voir !

- quoi, maintenant ?

- oui, maintenant ! Allez, et tu mets le paquet cette fois-ci, tu lui sors le grand jeu quitte à le supplier à genou de te reprendre s'il le faut !

Et voilà, Tony voit ça comme un coup de pouce du destin et c'est exactement ce qu'il avait besoin d'entendre afin de reprendre du poil de la bête. Juste le temps pour lui de passer sa tenue d'infirmier pour aller rejoindre l'accueil et demander à Happy où se trouve le beau pédiatre, plus requinqué que jamais à l'idée de reconquérir son homme.


Steve est déjà assis à table dans la salle de pause quand Bucky déballe fièrement sur cette dernière le contenu entier du sachet de donuts qu'il tient précieusement entre ses mains.

- j'ai pris tes préférés aussi, tu sais, ceux avec des noix de pécan sur le dessus. 

- sérieux ?

Steve laisse s'échapper un petit rire moqueur, il doit lui faire vraiment pitié pour que son ami essaie de le consoler de ses peines de cœur en s'occupant carrément de son estomac à présent.

- quoi ? Qu'est-ce qui te fait marrer ?

- toi, qui es prêt à tous les sacrifices pour me remonter le moral.

- et ça marche ?

- si je m'étais cogné le petit orteil contre mon lit, je dis pas mais là c'est plus compliqué que ça, la douleur s'efface pas comme ça du jour au lendemain en un claquement de doigts.

Sa voix est émue malgré lui, il ne veut pas apparaître aussi atteint aux yeux de Bucky mais c'est plus fort que lui, quand il s'agit de Tony, il n'arrive pas à faire semblant.

- excuse-moi, je me rends bien compte que ça doit pas être facile pour toi. S'il m'arrivait la même chose avec Sam, je ne sais pas comment je réagirais. En tout cas, sache que si tu veux en parler, je suis là.

- merci, Buck.

- tu peux toujours embrasser un autre gars à ton tour toi aussi, comme ça, vous serez quitte.

- c'est une proposition ? T'as de la chance que je ne sois pas une balance, je ne compte rien répéter à Sam, promis.

- t'es con.

Les rires complices fusent dans la salle de pause et s'interrompent tout à coup quand Tony fait son apparition dans la pièce, Steve le fusille du regard en un instant.

- hey.... je suis content de te trouver là.

- n'essaie même pas.

- Steve...

- non, Tony. J'ai dit non.

Refroidi par un accueil aussi glacial, le jeune infirmier manque de flancher mais il se rappelle tout de suite des mots encourageants de Sam, de son véritable coup de boost histoire de se remobiliser pour de bon.

- je venais voir si t'avais passé une bonne nuit.

- excellente. Ciao.

Steve baisse la tête, focalisé sur le donut qu'il a sous les yeux et il sent que Bucky est mal à l'aise en  leur présence, il ne veut probablement pas assister à une scène de ménage en direct live et quitte la table en un instant.

- j'ai... je vais aux toilettes, je reviens.

- Bucky...

Apparemment, le pédiatre n'est pas dupe de son petit jeu car il adresse un regard de reproche à son ami dans la foulée comme pour lui signifier qu'il sait que c'est juste une excuse pour les laisser discuter seuls entre eux.

- quoi, Stevie ? J'ai encore le droit d'aller pisser, non ? C'est pas interdit à ce que je sache ?

Quand le chirurgien cardiaque passe juste devant Tony, il lui adresse un dernier regard en guise de soutien avant de sortir de la pièce et cela met du baume au cœur de l'intéressé qui se jette alors à l'eau sans aucun filet. 

- je sais, j'ai fait une énorme connerie mais tu penses que j'aurais pu te tromper délibérément ? Regarde-moi dans les yeux et dis-moi ici, maintenant, que tu penses que j'aurais pu te faire ça. Après tout ce qu'on a vécu, tout ce qu'on représente l'un pour l'autre. Toi et moi, Steve.

- qu'est-ce que tu veux Tony ? Qu'est-ce que tu attends de moi au juste ?

Ouf. Cette fois-ci, son homme n'oppose aucune résistance à lui parler et il en est soulagé. Ses yeux chocolats se font suppliants afin de donner plus de poids à la sincérité désarmante de ses propos.

- écoute, je sais que je peux pas revenir en arrière, ni me mettre à ta place mais si les rôles étaient inversés, sache que...

- ben tiens, parlons-en, si je t'avais fait ça, si t'apprenais je sais pas moi, qu'avec un ambulancier que je connais que depuis quelques heures, on s'était embrassé chez lui sur son canapé, tu le prendrais comment, toi ?

- mal, bien sûr, mais j'essaierais de voir s'il y a des circonstances atténuantes et surtout je te pardonnerais parce que... parce que c'est toi, Steve... parce que je tiens à toi. Vraiment. Et j'ai besoin de savoir si de ton côté, tu tiens assez fort à moi en retour pour laisser cette histoire derrière nous, si tu m'aimes plus que tu détestes ce que j'ai fait. Si c'est oui, j'aimerais plus que tout qu'on reprenne là où on s'est arrêté tous les deux, si c'est non...

Tony ne trouve même pas le courage de terminer cette phrase, envisager une telle possibilité, il s'en sent incapable, il ne veut même pas y penser, ça fait bien trop mal.

- ... je t'en prie, ne dis pas non.

Sa voix est chancelante, jamais il ne s'est montré aussi vulnérable, il s'est mis à nu face à son homme et espère que ses confessions le touchent en plein cœur, c'est vraiment tout ce qu'il souhaite.

- Steve ?

- j'ai besoin de temps, Tony.

Sa voix est à peine audible, visiblement il paraît encore remué par l'extrême fragilité que le brun lui a montré plus tôt.

- bien sûr. C'est normal. Je comprends.

Tony acquiesce en silence avant de faire le chemin inverse, ce ni oui ni non de la part de Steve n'est pas franchement la réponse idéale mais à son plus grand dam il sait qu'il doit s'en contenter, il se voit mal lui en demander plus, il n'est clairement pas en position de pouvoir négocier quoique ce soit, il en a parfaitement conscience, hélas.

Nurse TonyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant