33 - La bataille pour les derniers peuples libres de la Terre du milieu

243 23 7
                                    

Le soleil caresse ma peau comme une onde réconfortante.
Ça me fait du bien au moral, enfin jusqu'à ce que je me retourne pour regarder en arrière.

– Pourquoi je suis la seule à les voir ? Soupiré-je.

Elrohir m'adresse un sourire qu'il veut encourageant mais ce n'est pas lui qui voit des morts marcher à notre suite.

– J'en vois aussi, me répond Gimli. Enfin, je devine leur mouvement.

Je jette à nouveau un regard par-dessus mon épaule. Moi je les vois littéralement marcher derrière nous comme une suite mortuaire. C'est flippant.
Le Warg aussi a peur, même s'il fait de gros efforts pour garder cela loin de mon esprit.
Elrohir me tire la manche pour que je me concentre sur la lande qui s'ouvre à nous. C'est ensoleillé et bucolique pas comme les morts qui nous suivent...
Alors que je me force à ne voir que les fleurs qui rayonnent sous le soleil, la détermination d'Equinoxe me heurte. Le Rohan approche du Gondor.

– Ils ne sont plus très loin, lancé-je en portant ma main à ma tempe. Apparemment un Nazgul est aussi présent.

Aragorn acquiesce d'un hochement de tête.

– Nous devons nous hâter... je regrette les chevaux.

– A part longer le fleuve, il n'y a, hélas, plus de route qui mène à Minas Tirith, nous apprend Elladan. La marche va être longue et notre temps compté.

– Arriverons-nous à temps ? S'enquit Gimli. Il serait bête d'avoir une armée si on arrive trop tard
sur le champ de bataille !

– Isil, pouvez-vous essayer de trouver des chevaux ? Me demande Elrohir. Certains se sont peut-être échappés des villages ?

Je soupire en secouant la tête.

– J'aimerais mais je suis trop fatiguée, répondis-je peinée. Je dois récupérer, surtout en perceptive des combats à venir.

– Si jamais on y arrive, grommelle Gimli.

– C'est cela de provoquer un Roi fantôme, se moque Legolas.

– Je vous ai sauvé la vie, je vous rappelle.

Legolas se met à rire mais je suis trop éreintée pour lui tenir rigueur. Le Warg m'avertit alors qu'il est en forme et part en avant. Je le regarde s'élancer dans la lande puis disparaître derrière une haute colline.
Je tente d'apaiser mon esprit, de lui accorder un peu de repos mais le silence est étrange, surtout que l'on est suivi par des milliers d'âmes...
On marche un moment avant que Le Warg m'envoie des images.

– Alors ça c'est pas mal, me réjouis-je.

– Qu'a t'il trouvé ? S'enquit Aragorn.

– Un moyen d'accélérer notre cadence : des bateaux.

Notre futur Roi m'adresse un sourire puis on accélère l'allure pour rejoindre Le Warg qui attend sagement sur la berge.
Je me laisse tomber assise, attendant notre nouveau moyen de transport. Elrohir s'arrête à côté de moi avant de me tendre sa gourde. Je bois quelques gorgées avant de lui rendre.

– Je n'en reviens pas de m'être fait encore posséder... Pourquoi moi ?

– Vous êtes la plus réceptive


Je tourne la tête pour voir le Roi fantôme non loin de moi. Il regarde les alentours et je me demande depuis combien de temps il n'est pas sorti de sa montagne. Des siècles sans doute.

– Ce n'est pas une raison ça, repris-je tout bas.

Le Roi fantôme tourne la tête et me dévisage de ses pupilles mornes.

– J'ai vu dans votre esprit... La peur, les doutes puis la détermination, la confiance et la loyauté.


– Tout le contraire de vous...

Le Roi émet un rire moqueur qui m'agace.

– Puis cessez de me parler. Je ne discute pas avec les morts que je ne connais pas.

Je me reporte sur le fleuve juste à temps pour voir Elladan et Elrohir échanger un regard interrogateur. Visiblement, ils n'entendent pas les morts...
Je soupire mais déjà le Roi fantôme reprend.

– Vous nous ressemblez plus que vous le pensez. Vous aussi vous fuyez.


Piquée au vif, je me tourne vers lui.

– Je n'ai rien à avoir avec vous.

– Ils arrivent, s'exclame alors Legolas.

Je regarde à nouveau vers le fleuve. Un long navire arrive lentement vers nous, suivi de plusieurs autres.
En grimaçant, je me redresse.

– Vous aussi vous comptez les abandonner.


Je tressaille avant de me retourner brusquement. Que veut-il dire ?
Je vais pour lui demander quand Gimli m'interpelle.

– Isil, cessez donc de vous embrouiller et venez !

Penaude, je m'approche des autres. Je me glisse devant Elrohir tandis que les paroles du Roi fantôme me tourmentent. Que voulait-il sous-entendre ?
Je chasse cela de mon esprit tandis que les navires approchent. Les Hommes à bord nous remarquent et se penchent sur le pont. Ils sont mats de peau et ont tout l'air d'être des pillards.

– Vous n'irez pas plus loin, lance Aragorn quand ils sont à portée de voix. Vous n'entrerez pas au Gondor.

Les pirates se mettent à rire.

– Qui êtes-vous pour nous interdire le passage ? S'exclame l'un d'eux hilare.

– Legolas, envoyez une flèche de semonce au ras de son oreille.

– Visez bien, ajoute Gimli.

Legolas décoche sa flèche, vise et tire, mais alors qu'il lâche la corde de son arc Gimli pousse la branche inférieure faisant dévier le tir. La flèche se plante dans la poitrine d'un Homme à côté de celui qui nous a parlé.
Legolas adresse un regard noir à Gimli qui hausse les épaules tandis que les jumeaux secouent la tête déconcertée.

– Et voilà, l'ami, on vous avait prévenu, soupire le Nain.

– Vous avez touché mon arc, rétorque Legolas mécontent.

– C'est toujours ce qu'on dit...

– Vous n'êtes pas croyable, soupiré-je atterrée. Vous pensez vraiment que c'est le moment ?

– Allez s'y si vous pensez faire mieux, se moque Gimli. Montrez-nous donc.

Il cherche quoi là ?
Elrohir doit avoir une prémonition sur mon envie de frapper ce Nain car il me retient le bras.

– C'est bon, je m'en occupe, répliqué-je en me dégageant de la prise de l'Elfe.

– Je tiens à vous rappeler que les bateaux sont en bois, intervient Elladan. Ils brûlent donc facilement.

Je lui adresse mon regard le plus noir avant de tendre les mains devant moi. La végétation alentour est subitement prise d'une poussée de croissance et enserre les bateaux, bloquant net leurs progressions.
Déstabilisés par cet arrêt brutal, plusieurs Hommes chutent sur le pont, certains tombant même à l'eau.

– Contrairement à Legolas, vous n'avez tué personne, relève Gimli.

– Vous avez fait bouger mon arc, s'indigne l'Elfe sylvain. Puis on ne se sait pas, certains vont peut-être se noyer ?

– Ça serait un comble pour des pirates de ne pas savoir nager... Bon, vous allez l'aborder ce bateau ?

Mécontente, et n'ayant aucune envie de me mouiller, je me contente de croiser les bras. Aragorn nous jette alors un regard du genre : vous me faites quoi là ?
Je lui adresse mon plus beau sourire tandis que les pirates s'agitent et crient sur le navire.

– Abordez par vous ? se moque l'un d'entre eux. Et avec quelle armée ?

– Cette armée-ci, répond Aragorn avec calme.

Aussitôt l'armée des Morts apparaît et assaille le navire. Je frémis quand ils nous passent à travers puis je les regarde se propager d'un bateau à l'autre, annihilant tous les pirates.
Ils sont redoutables, il faut l'avouer. Ils seront une aide précieuse sur le champ de bataille.
A condition que nous y arrivions à temps.



***

Tome 3 - La lune ardente de FangornOù les histoires vivent. Découvrez maintenant