64 - Union

211 22 9
                                    

– Isil Uruïté, Lune Ardente de Fangorn, veux-tu m'épouser ?

Une vague de chaleur monte en moi, de mon ventre vers toutes mes extrémités. C'est fou et insensé mais tellement bon. Mon cœur bat la chamade et j'attends d'avoir repris mon souffle pour répondre à Elrohir.

 – D'accord, mais à condition que ça soit tout de suite.

 L'Elfe d'Imladris aborde son sourire en coin que j'aime tant.

 – D'accord.

 Quoi ?

 – Je crois que j'ai mal entendu...

 Perplexe, je me redresse sur mes coudes mais déjà Elrohir me prend les mains.

 – Nous n'avons besoin que de deux témoins et d'un être pouvant dire les vœux en Elfique.

 C'est de la folie... mais j'en ai tellement envie.

 – Je m'occupe des témoins, repris-je après un temps.

 Elrohir sourit puis m'embrasse. Je réponds à son baiser avec ardeur, on est aussi fou l'un que l'autre. On rigole de notre idée folle puis je prends le chemin des dépendances.
Mon cœur bat la chamade, je me suis rarement sentit si euphorique. J'aime Elrohir et il veut m'épouser, faire de moi sa femme pour l'éternité...
Cette pensée me donne le tournis autant qu'elle m'enchante.
Arrivée devant la maison de mon frère, j'ouvre la porte sans même frapper. Des accords de piano m'accueillent dans le petit hall et je me hâte de monter au salon. Anar s'arrête de jouer en me voyant.

 – Tu es seul ? demandé-je en regardant autour de nous.

 – Comme souvent dans ma maison... Si tu cherches Erwin, il doit être avec Aglaë au potager ou à la lisière de la forêt.

 – Non, c'est toi que je viens voir. J'aurai besoin de ton aide.

 – En quoi puis-je t'aider ? questionne Anar en reprenant sa mélodie.

 Comment lui dire ?
 Le tact ne fessant toujours pas partie de mes qualités, je décide de tout lui dire.

 – Je vais me marier et j'ai besoin d'un témoin.

 Anar rate une note puis regarde quelques secondes ses mains avant de lever la tête vers moi.

 – Je crois que j'ai mal entendu.

 Cette phrase va devenir notre devise familiale... Néanmoins, je souris.

 – Elrohir m'a demandé en mariage, j'ai accepté à condition que ça soit tout de suite.

 – Et laisse-moi deviner, il a accepté.

 Je souris à nouveau.

 – Tu veux bien être mon témoin ?

 Anar se lève de son piano pour venir à moi. Avec douceur, il me prend les mains.

 – Des deux, je ne sais lequel est le plus fou mais bien sûr que j'accepte. C'est... inattendu mais je suis heureux pour toi.

 Je l'enlace, sans doute un peu trop fort, mais je suis soulagée qu'il comprenne et accepte ma demande. Je ne pouvais imaginer autre témoin que mon jumeau.
On reste ainsi un long moment puis Anar recule.

 – Reste là, j'ai quelque chose pour toi.

 Surprise, je le regarde s'en aller sans rien dire. Je reste de longues minutes plantées dans ce salon, à attendre son retour.
Je trépigne carrément quand Anar revient enfin.

 – Tu étais parti où ? lancé-je alors qu'il monte les escaliers.

 Je grimace, mon ton est un peu trop accusateur. Anar ne m'en tient pas rigueur et je remarque qu'il tient un paquet.

 – Qu'est-ce que c'est ? demandé-je curieuse.

 Mon frère se contente de me sourire avant de poser son paquet sur le piano puis d'en sortir un long tissu. C'est une robe, une magnifique robe blanche.

 – Qu'est-ce que... Ne me dis pas que tu avais prévu ça ?

 Anar se marre.

 – Je ne suis pas clairvoyant à ce point, rigole t'il. Je l'ai faite faire pour le mariage d'Aragorn et Arwen. Il manque encore les broderies mais elle sera plus adaptée que ta tenue actuelle.

 Je rougis avant de regarder ma tunique verte sur mon pantalon marron... Il a raison, je dois être plus présentable pour cette grande occasion.
Anar me pousse dans ma chambre, enfin celle d'Erwin à présent. Le jeune garçon a visiblement une grande passion pour les épées et les boucliers et pas de miroir, si bien que j'enfile la robe sans pouvoir voire le résultat.

 – Elle te va très bien, fait Anar quand je ressors de la chambre. Dommage pour les broderies.

 Il me pousse devant un haut miroir et je tique en me voyant. La robe d'un blanc ivoire est ajustée avec soin. Son corset souligne ma taille et les jupons suffisamment évasés pour ne pas gêner mes mouvements. Je tourne sur moi-même pour me regarder sous différents angles.

 – Elle est magnifique...

 – Tant mieux si elle te plait. Au final, à part en termes d'armures, je ne connais pas tellement tes goûts.

 Je tique. Il a raison, au final on ne se connait pas tant que ça... C'est triste quand on y pense...
Je me regarde un moment avant que mon frère me propose de me coiffer. Il se contente de rassembler la partie supérieure de mes cheveux en un chignon lâche.

 – Je n'ai rien de mieux à te proposer, fait-il une fois son travail terminé. C'est sobre mais dans la précipitation... Quelle idée de me prendre ainsi au dépourvu ?

 Il rit et je me joins à lui.
C'est parfait. Tout est parfait.

 – Merci, soufflé-je en enlaçant Anar. Tu es toujours là pour me soutenir même dans mes pires folies... malgré que tu sois celui qui a payé le plus durement la dangerosité de mon don.

 Anar se recule et porte sa main à son dos, il sait ce que je sous-entends.

 – C'était un accident, Isil, tu n'as pas à t'en vouloir.

 – J'aurais pu te tuer...

 – Ce n'est pas le cas.

 – Tu restes marqué à vie.

 – Tu es aussi pas mal en termes de cicatrices. Il ne faut pas les voir comme des preuves des difficultés que l'on a traversées mais plutôt comme des traces de notre passé. Rien n'effacera cette brulure sur son dos mais ce n'est que de la peau, une simple cicatrice, l'essentiel c'est que je sois en vie et toi enfin à mes côtés. Et à deux pas de te marier, c'est quand même inouï.

 Je fais la moue tandis qu'Anar s'empourpre.

 – Ce n'est pas ce que je voulais dire, rit-il, mal à l'aise. C'est normal que tu te maries, enfin pas si vite mais... En fait, je vais me taire...

Tome 3 - La lune ardente de FangornOù les histoires vivent. Découvrez maintenant