43 - Ça en valait la peine

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Elrohir ne revenant pas, je me décideà sortir.
Je quitte rapidement l'infirmerie et ses blessés pour découvrir le cœur de la cité. Je dois avouer que c'est beau, très beau. Cette architecture toute en pierre, ses arches et ces rues pavées, c'est rudement joli. Des maisons à étages et aux façades entretenues encadrent la rue formant comme un couloir mais c'est lumineux, à croire que le soleil se reflète sur les pierres blanches.
Minas Tirith porte bien son nom de Cité Blanche.
Je déambule complètement au hasard, espérant juste croiser quelqu'un de connu qui pourra, en temps voulu, m'aider à retrouver mon chemin. Des gens me saluent et je leur réponds d'un simple signe de tête car pour la plupart, je ne les connais pas. Ils semblent heureux de me voir alors je le suis aussi.
Alors que j'arrive sur un parvis donnant sur une esplanade surplombant la plaine, je vois des gardes du Gondor alignés et un enfant parmi eux. Je ne m'étonne pas plus que ça de sa présence jusqu'à ce qu'il se tourne vers moi.
Il y a un moment comme suspendu puis la joie m'envahit.

– Pippin !

Le Hobbit accourt vers moi sous les regards étonnés des gardes. Il porte le même uniforme, bien que l'on dirait plus un déguisement pour enfant sur lui. Cette pensée me fait sourire mais pas autant que la joie de le revoir sain et sauf.

– Isil, vous allez bien ?

Il s'arrête à bonne distance mais je la franchis d'un pas pour l'enlacer. Pippin est un temps surprit puis il me rend mon étreinte.

– Je suis si contente de vous voir. Comment allez-vous ? Vous êtes devenus garde ?

Pippin rit tandis que les autres gardes nous dévisagent alors que l'on est agenouillé au sol.

– Je vais bien, enfin autant qu'on peut l'être en ces temps de guerre. Je me suis mis au service de Denethor, bien qu'il ne soit plus... mais je veux continuer à aider les Hommes du Gondor. Ils sont valeureux, vous savez, rien ne les effraie.

Les gardes échangent des murmures amusés tandis que j'acquiesce.

– Je le sais, et c'est pour cela qu'ils ont tenus bon.

Pippin hoche la tête avec vigueur et son sourire enfantin me ramène des siècles en arrière, à une époque où l'on cueillait des champignons avec insouciance.

– Les autres m'ont dit pour Le Warg et pour vous aussi. Comment va votre bras ?

– Ça va, je m'en remettrais. Vous savez où se trouve les autres ? Hormis Aragorn et Elrohir, je ne les ai pas vus depuis... la fin de la bataille.

– Ils sont sans doute dans les hautes salles... Tient, Gandalf devrait le savoir.

Je me tourne pour apercevoir le magicien qui traverse le parvis d'un pas vif.
Pippin le regarde un instant puis soupire.

– Il a toujours l'air soucieux... Je pensais que la fin de cette bataille nous donnerait un peu de répit.

– Il est déjà à la prochaine, il est ainsi.

– Vous avez sans doute raison, acquiesce Pippin. Mais j'en viens parfois à regretter le bon vieux magicien Gris, celui qui faisait des feux d'artifice incroyable et qui savait profiter de la vie. Non, que je n'apprécie pas le Blanc et sa philosophie, je le trouve plus stratège c'est tout.

Soudain Gandalf s'arrête et se retourne vers nous comme si on venait de l'appeler. Pippin tressaille puis recule.

– Vous pensez qu'il m'a entendu ?

– Je ne crois pas, rigolé-je en me relevant.

Comme Gandalf ne vient pas à moi et je décide d'aller à lui. J'avance avec toute l'assurance que je peux trouver tandis que Pippin me suit.

 – Vous m'avez endormi, attaqué-je d'emblée.

Gandalf me sourit comme si je venais simplement de le saluer.

– Bonjour, Isil, comment allez-vous ?

– Très bien. Pourquoi m'avez-vous endormi ?

Voyant que je ne vais pas lâcher l'affaire, Gandalf lève les mains en signe de paix.

– Vous aviez besoin de repos, votre esprit nécessitait du calme, je lui en ai apporté.

Je fais la moue avant qu'acquiescer. Je n'aurais sans doute pas réussi à m'apaiser sans cette pause forcée.

– C'était une rude bataille mais la cité a tenue bon. Le siège a duré longtemps ?

– Pas tellement, bien que l'on ait vu l'armée arriver de loin, me répond Pippin. Le Rohan est intervenu juste à temps.

– En effet, leur charge a permis de diminuer la pression sur les remparts, acquiesce Gandalf.
J'avoue que la présence des engins de siège m'inquiétait grandement.

– C'était quoi ces machines ? Questionné-je. Je n'en avais jamais vu de si imposantes, à croire que cette bataille était préparée depuis longtemps.

– C'est aussi le sentiment que j'ai, répond le magicien. L'ennemi voulait faire tomber le Gondor à tout prix. L'orage est passé mais déjà une nouvelle tempête gronde déjà.

Je fronce les sourcils, quelque chose me dérange, je le trouve bien détaché... Comme s'il jouait à une simple partie de jeu. Je n'aime pas cela mais peut-être que je suis trop méfiante ?
J'ai souvent tendance à voir le mal là où il n'y est pas. Je préfère lui laisser le bénéfice du doute.
Tout en marchant et en discutant, on monte vers les hautes salles. La cité est bien plus vaste qu'elle ne le laisse présager et la vue tout en haut est impressionnante. D'un côté on voit les terres du Rohan baignées de lumière, de l'autre celles du Mordor plongées dans des Ténèbres malaisants et au milieu la plaine à perte de vue que le fleuve Anduin traverse avec paresse.
C'est à couper le souffle.
Je ne m'y attarde pourtant pas et je suis Gandalf et Pippin qui ont l'air de connaître les lieux. On entre alors dans une belle salle aux murs de pierres et orné de meubles de hautes valeurs. Malgré le vaste espace de ce salon, je reconnais de suite les personnes présentes.
Aragorn, Eomer, Gimli, Legolas et les jumeaux. Je suis si heureuse de les voir.
On se salue rapidement et je suis soulagée de tous les voir sain et sauf, c'est le principal.
J'échange un sourire avec Elrohir quand soudain je vois du mouvement à travers l'imposante arche qui donne sur le reste du bâtiment. Sans réelle surprise, je vois Eowyn et Faramir passer tout en discutant. Ils ont l'air de bien s'entendre ce qui me ravit.

Tome 3 - La lune ardente de FangornOù les histoires vivent. Découvrez maintenant