41 - Un loyal messager

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Les rues étaient encombrées de toutes sortes de choses, débris, blessés, gens endormis...
Le calme était tombé comme la nuit sur la cité.
Elrohir marchait aux côtés de son frère et Legolas, en prenant garde là où il mettait les pieds.
Ils arrivèrent dans une vaste cour intérieur ceinturée de hautes colonnes et surplombée de balcons aux arches richement décorées. Malgré les horreurs qu'elle avait vu à l'orée de cette porte, Minas Tirith conservait sa superbe.
Elrohir balaya l'ensemble du regard puis nota le nombre important de blessés qu'on avait acheminé ici, faute de place à l'infirmerie. Des nombreuses personnes déambulaient entre eux, cherchant à les soulager du mieux qu'ils le pouvaient.
Chacun s'attelait à aider, eux y comprit.
Les bras chargés de linge propre, ils s'arrêtèrent devant une large arche où des femmes habillées de blanc étaient assise. Elles se levèrent et prirent rapidement le linge en les remerciant plus que nécessaire. Les soigneurs allaient en avoir grand besoin.
Elrohir jeta un rapide regard à l'intérieur, des dizaines de personnes étaient allongés à même le sol. On faisait ce que l'on pouvait.

– On ne s'en sort pas si mal au vu de la violence des combats, fit Legolas alors qu'ils ressortaient dans la cour intérieure. Il y a beaucoup de blessés, certes, mais ça aura pu être pire.

– Bien pire, en effet, concéda Elladan en regardant autour de lui. Je ne peux que m'interroger sur la suite des évènements, serons-nous assez... nombreux pour un second assaut ?

Legolas secoua la tête.

– Je préfère me concentrer sur le présent. Ces gens sont fatigués et ont besoin d'aide, nous aurons bien vite à prendre des décisions.

Elrohir qui massait son épaule fraichement recousue ne peut qu'acquiescer.

– Aragorn et Gandalf doivent déjà si atteler. Pour l'heure, tentons d'aider du mieux possible.

Legolas le dévisagea un instant avant de sourire. Ils étaient les moins touchés par la fatigue, ils leur revenaient d'aider ceux qui en avaient le plus besoin.

– Tient, la lune s'est levée, fit alors Legolas en regardant en l'air.

Elrohir l'imita et une douce chaleur se propagea en lui quand il vit Isil sur un balcon. Face à elle se tenait Eowyn, la posture droite, le port altier et le menton haut, une vraie dame de haut rang, surtout comparé à Isil avachie sur le parapet. Les protocoles, même de bonne conduite, n'était pas vraiment pour elle.
Elrohir était soulagé de les voir discuter avec entrain, elles avaient l'air, malgré leurs blessures, d'aller bien.

– Isil pourrait faire un effort, soupira Legolas avec ironie. On la dirait accoudé à un comptoir de bar.

Elladan pouffa avant de reprendre.

– Elle est parfois déconcertante.

– Pas que parfois, échappa Elrohir.

Il eut un temps de silence puis les Elfes se laissèrent à rire.

– Je me demande tout de même si Gandalf avait prévu qu'elle se réveille si tôt ? reprit Legolas. Ou bien arrive t'elle à présent à contrecarrer sa magie ?

– C'est une bonne question, répondit Elladan. Mon frère, peut-être devrais-tu user d'une infusion de Siffleuse pour la rendormir ?

Elrohir tressaillit avant de s'empourprer tandis que son frère et Legolas partaient à rire.
Comment osaient-ils ? Il fit la moue avant de s'en aller, faussement vexé, vers les escaliers menant à l'étage. Il monta rapidement les marches et arriva sur la terrasse des balcons où des voilures dansaient dans la brise nocturne.
Elrohir marqua un temps d'arrêt en voyant Eowyn seule. Isil était encore parti...
A croire que c'était toujours ainsi.
Elrohir soupira avant de s'avancer vers la Dame du Rohan.

– Bonsoir, Dame Eowyn. Je suis ravi et soulagé de voir debout, saine et sauve. Je vous ai aperçu
discuter avec Isil, savez-vous où elle est partie ?

Eowyn eut un petit rire.

– A la pêche.

Elrohir tiqua, peu sûr de ce qu'il venait d'entendre.

– Pardon ? Je... je ne comprends pas.

Eowyn eut à nouveau un rire puis un sourire compatissant.

– C'est souvent le cas avec Isil, non ?

– Je ne peux que l'avouer, mais j'aimerai être certain qu'elle... ne fasse rien d'irréfléchi.

– Elle a juste besoin de savoir.

Elrohir sourit, même après une horrible bataille Isil restait la même.
Il remercia la Dame du Rohan puis s'en alla sur les traces d'Isil. Encore une fois.



***



En fait, je n'ai aucune idée de là où je dois aller...
Je ne sais pas où sont mes amis, ça m'inquiète, et j'aimerais voir Le Warg. J'interpelle les premiers Soigneurs que je croise mais ils me répondent juste qu'il est toujours en vie et qu'il faut attendre.
La patience et l'inaction ne sont pas mon fort...
Je déambule au hasard des couloirs avec l'espoir de croiser un visage connu. Alors que, il me semble, je retourne vers ma chambre un Homme arrive face à moi. Il est de haute stature et se déplace avec l'agilité des combattants aguerrit. Je ne pense pas le connaitre mais son visage ne m'est pas totalement inconnu.

– Bonsoir, Dame Elfique.

Sa voix est douce mais j'y sens une pointe d'hésitation. Surprise qu'il vienne me parler, je m'arrête brusquement, peut-être un peu trop car il me dévisage avec une lueur de surprise.

– On ne se connait pas ?

Je me pince la lèvre, je suis un peu trop directe et il pourrait mal interpréter ma question.

– Ce que je veux dire, c'est que je ne pense pas que l'on se soit déjà rencontré mais... vous me dîtes quelque chose.

Je vois l'incompréhension envahir son regard et avant qu'il ne fuit à toute jambe, j'enchaîne.

– Ce n'est rien, oubliez ça, que puis-je pour vous ?

Là, il est carrément perdu. Il me fixe quelques secondes avant de sourire.

– Je vous saluais simplement.

Je sens mes joues s'empourprer, je ne suis vraiment pas douée en relation sociale...

– Désolée, je... je suis fatiguée et un peu à cran.

– Je comprends, rassurez-vous.

Il sourit à nouveau et soudain je me rappelle de lui.

– Vous étiez sur le balcon en face d'Eowyn et moi.

Ça sonne un peu comme une accusation et c'est à son tour de rougir.

– Pardon, repris-je. Je suis visiblement plus douée pour la guerre que pour tenir une conversation. J'ai même omis de me présenter... Je suis Isil Uruïté de Fangorn.

L'homme se détend et s'incline légèrement.

– Faramir du Gondor. Bienvenue en ces terres et puissent-elles vous apporter le repos que vous méritez.

Il désigne mon bras puis m'adresse un signe de tête avant de s'en aller.
Je ne m'en suis pas si mal sorti, j'en suis presque fière.
Faramir...
Ce nom aussi me dit quelque chose. La fatigue m'empêchant de réfléchir plus longtemps, je décide de retourner à ma chambre.

Tome 3 - La lune ardente de FangornOù les histoires vivent. Découvrez maintenant