Chapitre 25

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Je marche depuis cinq minutes, en direction de la station de métro la plus proche, lorsque je m'immobilise. J'ai l'impression d'être observée, voir suivie. Mon instinct professionnel, rodé à la filature, et la réaction de Nathan tout à l'heure, me laissent un sentiment étrange. Je me tourne à droite et à gauche, pour essayer de repérer quelqu'un qui ne se fond pas dans la foule des passants. Mais pas plus que tout à l'heure, n'aperçois-je quelqu'un dont l'apparence ou les agissements paraissent suspects. Je me remets donc en route, les sens aux aguets. Je n'ai pas vraiment peur, peut être même le contraire. J'aurais envie de remarquer quelqu'un pour pouvoir m'y confronter. Toujours avec l'impression qu'un regard me chatouille la nuque, je m'engouffre dans la bouche de métro.

Lorsque je retrouve l'air libre après mon trajet, je n'ai aucun doute, je suis suivie. Je ne sais pas par qui, et malgré mes observations les plus minutieuses dans la rame, je n'ai pu distinguer le coupable. Mais mon instinct de flic me trompe rarement. Alors que je reconnais le quartier proche du commissariat, je décide de tendre un piège à la personne qui me file. Je m'engage donc vers l'entrée d'un parc, que je connais pour y être déjà passée plusieurs fois. Ici; loin de la foule plus nombreuse des trottoirs, je démasquerais plus facilement mon poursuivant.

Une fois dans les allées dégagées du parc, je ralentis l'allure. Je fais semblant de flâner, je m'arrête même devant une fontaine comme pour contempler ses jets transparents. En réalité, je suis focalisé sur les extrémités de mon champs de vision. mais il n'y a rien, rien qu'une grand mère avec deux petits enfants qui passent. Rien qu'une femme qui pousse un landau. Est ce qu'il ou elle a compris la manœuvre? Est ce qu'il ou elle n'ose pas s'engager en terrain dégagé? Bon. Ma mains serrée autour de la brandouillerai de mon sac, je me dirige vers la partie boisée du parc. Cela mettra peut être la personne en confiance, si elle se croit à l'abri des arbres. Les branches dénudées par l'hiver font comme une voute au dessus de moi tandis que je m'engage dans la nouvelle allée. Mes pas crissent sur les feuilles mortes, gelées, qui jonchent la terre battue. J'avance encore un peu, sans me retourner, les oreilles tendues. Et tout à coup, derrière moi, j'entends un craquement, le bruits de pas sur les feuilles au sol. Je décide de progresser encore de quelques mètres avant de faire volte-face. Un nouveau craquement, je pivote brusquement sur moi même. Je fonce les sourcils, un peu décontenancés.

"- Nathan? qu'est ce que tu fais là?" Je demande.

Nathan me fixe, ses yeux vibrants sous le bas soleil de l'hiver. Il a passé un long manteau qui tombe jusqu'aux genoux et dont le col est en partie remonté sur son cou.

"- Désolé, je ne voulais pas te faire peur. Il dit.

- Pourquoi tu me suis comme ça? Je demande.

- En fait, j'ai eu un gros doute. Je me suis dit que c'était plus prudent si je te suivais à bonne distance pour être certain que personne ne t'espionnait." Il répond.

C'est vrai qu'il m'a mis en garde.

"- Mais qui? Tu crois que Nina ou Greg auraient pu le faire?" Je demande.

Il secoue la tête immédiatement.

"- Non, mais si jamais quelqu'un t'a vue avec moi... Tu dois bien te douter que je n'ai pas que des amis." Il répond.

Il me fait un sourire qui penche légèrement sur le côté droit. J'hausse un sourcils et scrute le visage de Nathan, avant de me détendre un peu.

"- Euh d'accord. Et tu n'as vu personne, alors? Je dis.

- Non, dieu merci. mais si tu veux bien, je vais encore faire un bout de chemin avec toi. Ca me rassurera grandement!" Il dit.

Il m'adresse encore un de ses sourires penchés. Je remonte mon écharpe sur mon nez et acquiesce au bout de quelques secondes.

Caïn alias Nathan et TessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant