« Je sais que l'agencement n'est pas l'un des plus pratiques mais il suffit bien assez. », expliqua Giovanna en ouvrant le grand volet de la baie-vitrée. Lorenzo ne se serait de toute façon jamais permis de critiquer quelconque des choix de cette femme indépendante. Il comprenait au contraire son besoin de tranquillité. Le salon servait aussi de chambre à coucher, et lui dormirait dans la première chambre située de suite à droite de la porte d'entrée. Le nécessaire suffisait à vivre paisiblement. Des petits espaces équipés (cuisine, salle de bain et d'autres détails) étaient bien souvent le synonyme d'intimité.
Lorenzo aimait inconsciemment analyser l'environnement dans lequel il se tenait. Une petite table, deux chaises, un long meuble de rangement, un miroir plein pied, un grand écran de télévision, un piano droit, une lampe haute et un canapé gris à trois places.
Giovanna prouvait encore une fois son minimalisme par le peu d'exigence matérielle qu'elle possédait. La plupart des acquisitions avaient d'ailleurs dû être achetées sur des sites de vente entre particuliers... Lorenzo aimait cette vie où les personnes pensaient différemment. Son lit serait ainsi celui du bas dans le superposé, mais revenir à des bases rudimentaires lui permettait de garder une lucidité, un réalisme et une certaine humilité.
Lorenzo défit alors sans plus attendre ses affaires qu'il posa dans un coin du double placard. Giovanna n'était pas de ces femmes qui entassaient les vêtements, chaussures, sacs à main, lunettes, produits de soin et beauté, maquillage et manucure de différentes couleurs. Elle affichait à contrario des habits et ongles noirs la majorité de l'année, tout en continuant à collectionner des livres qui évoquaient tous les sujets.
Lorenzo tourna donc sa tête sur le côté, et des couvertures attirèrent son attention. Pendule radiesthésie, tarot et un sujet que Lorenzo connaissait bien : la croyance à propos de la signification des nombres. Le hasard n'existait pas, Dieu décidait du destin.
« La numérologie. Je ne suis personne pour t'apprendre le pouvoir de cette croyance mais le sept restera mon favori. ». Giovanna détenait cette délicatesse de ne pas s'immiscer dans l'intimité de ses interlocuteurs, et Lorenzo appréciait qu'elle n'évoquait pas le 667. « Le temps a l'air clément... Je vais en profiter pour marcher, mais spécialement découvrir le glacier. Les avis sont unanimes sur le fait que son chocolat chaud, ses gaufres et sa pâte à tartiner sont incomparables. », dit-elle pendant qu'elle enfilait son béret, ses gants et ajustait son écharpe. Lorenzo décida de la suivre, indiscutablement.
...
Le regard plissé de Giovanna intensifia le courage de Lorenzo à continuer d'avancer dans cette tempête de vent. Il savait en effet qu'elle souriait en dessous son écharpe. Ils ressemblaient au rappeur Népal plus qu'à n'importe qui d'autre, grâce au talent du rappeur à transformer quelconque tissu en un chèche de touareg. Les rafales claquaient le tissu d'une seule bâche dépliée, celle de l'unique bar ouvert sur cette grande étendue de plage, dont le sable était si compacté qu'il ne s'envolait même pas.
Lorenzo ne ressentait pas le froid, mais cette situation ne l'étonna pas : le coup de soleil qu'il avait subi sur le nez, une partie de ses pommettes, le haut de son torse, ses bras et bien sûr ses épaules rendait sa peau chaude, qui devait atteindre un degré inimaginable. Lui qui pensait naïvement profiter du soleil sur le balcon, les rayons ne lui avaient offert qu'en retour un inconfort dans les mouvements de ses deltoïdes.
Giovanna semblait réfléchir. Elle pensait depuis deux jours à la stratégie la plus plausible pour la conclusion de son chapitre treize. Paradoxe, doutes, possibilités : elle traversait l'une de ces périodes de transition qu'elle détestait... Rien ne semblait l'aider.
« C'est oim d'habitude qui ai le seum. ». Lorenzo sauva pour la première fois de sa vie une femme de ses introspections. Giovanna fut surprise, et se tourna vers ce rappeur qu'elle ne reconnaissait agréablement plus. Ils se reluquèrent comme jamais, parce qu'ils savaient notamment que leur jeu arrivait dans sa phase critique. « Arrête de derbou. Tes persos se rapprochent de la quatorzième partie alors que t'en as dix-sept. T'es vraiment une chieuse quand tu t'y mets. ». Ils se dévisagèrent, et...
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Ce qui nous lie - Freeze Corleone
FanfictionDans le dédale des rues où l'écho du passé se mêle aux rêves, naît une histoire d'amour. Freeze Corleone, artiste du rap français, trouve en Giovanna, correctrice au regard pénétrant, une lumière inespérée. Entre les lignes de ses textes, marqués p...