Chapitre 4 : Tarkov

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« Combien de bouteilles bois-tu par jour ? ». Giovanna interrogea Lorenzo pendant qu'elle rétrogradait bruyamment l'une des vitesses de sa voiture. Sa conduite était nerveuse, notamment à cause d'une mauvaise expérience lors de l'apprentissage. Ce défaut ne l'empêchait cependant pas de rester prudente et maîtriser son véhicule bien que Lorenzo avait proposé sa disponibilité pour le chemin inverse.

Il buvait... Trop. Sauf que Lorenzo se savait encore dans une période de déni où il croyait une dernière fois contrôler sa consommation de lean. Il aimait pourtant tellement la couleur originale de ce breuvage qui ne pouvait pousser encourager en réalité qu'à des gorgées se révélant vides de sens. L'odeur intervenait aussi lors de ce moment pour que les dernières forces de résistances se laisseraient dangereusement séduire. Le geste suivant se caractérisait par la bêtise ultime de porter la bouteille jusqu'aux lèvres afin que l'hormone de cette adrénaline tant contestée et décriée se déclenche. Le goût et les molécules concluaient cette addiction si tentatrice mais destructrice jusqu'à la moelle.

L'opinion de Giovanna était sceptique face à cette prise de drogue. Elle ne croyait pas du tout que ces produits dangereux et nocifs pouvaient provoquer un sentiment de déconnexion et donc de bien-être.

« J'sais aps, j'préfère plus compter. ». Lorenzo regarda volontairement Giovanna et ressentit de façon inexplicable que ce dernier appel à l'aide avait été entendu et presque compris par l'italienne.

« Je ne te demanderai pas malheureusement le motif qui te pousse à ingérer un tel poison parce que tu dois avoir une raison que cette dernière elle-même ignore mais tu devrais faire attention. ». Chacune des paroles de Giovanna était honnête et Lorenzo discernait une démarche de prévention. Elle ne le jugeait pas et semblait au contraire le conseiller comme s'il était son ami d'enfance.

Si Lorenzo avait pu, il aurait tout de suite expliqué à Giovanna l'influence qu'elle possédait sur lui. Elle l'obsédait. Il ne voulait pas reconnaître qu'il avait espéré deux ans de sa vie à la revoir un jour. Giovanna était présente dans ses pensées et il éprouvait au fur et à mesures de leurs rencontres qu'il anticipait la plupart de ses réactions, surtour ses réponses. Lorenzo maîtrisait néanmoins très bien le sens et la force de se persuader que ses nouveaux sentiments inconnus disparaîtraient aussi vite qu'ils étaient apparus. Il avait tort. Son esprit et son corps étaient ainsi de ces êtres qui pouvaient agir de manière totalement stupide puisque réclamaient ce mélange stoppant le manque, le vide, le...

« T'as pas peur de rentrer seule dans cette maison et qu'un taré t'y attendes ? ». Lorenzo préféra détourner son attention de cet engrenage qu'il détestait car ne le contrôlait pas. Giovanna baissa sa tête pour regarder sa propriété dont elle était secrètement fière. Elle s'était garée dans son allée.

« Je pense que tu n'as pas encore assez dévisagé mon physique Lorenzo. Je ne dirai pas que seules les belles filles se font agresser mais je ne crains vraiment rien, crois-moi. Je n'aurais pas peur pour ma vie même si j'étais surveillée. Rien n'est attirant chez moi. Je cuisine très peu, ne reçois pas car suis très vite dérangée par le bruit, j'allume la plupart du temps des lumières tamisées et apprécie ainsi ma solitude qui m'octroie un calme absolu. », expliqua Giovanna en éteignant le moteur.

« Tu vas faire quoi ce soir alors ? ». Lorenzo était lui-même dérangé par sa curiosité mais il voulait enregistrer jusqu'au plus profond de son cerveau chaque détail qu'il vivait avec Giovanna.

« Je ne te mentirai pas sur le fait qu'un ami anglophone paye professionnellement mon service de traductrice afin que je lui explique le plus fidèlement possible tes sigles et acronymes genre ekip... ».

Giovanna devait savoir qu'elle inconsciemment flatté Lorenzo alors qu'il n'avait jamais douté qu'elle l'écoutait. Elle gardait toutefois cette décence de se comporter en une adulte sérieuse. « Je pense cependant que l'envie de gagner une campagne guerrière dans un célèbre jeu vidéo de tir est la détente la plus raisonnable pour finir cette soirée. ». Les yeux de Giovanna devinrent malicieux et Lorenzo ne lutta même pas contre l'effet addictif qu'ils suscitaient. 

« On fait une partie de Tarkov ? ». Lorenzo prononça une réponse logique qui généra un sourire sincère et alors complice chez Giovanna. Ils descendirent de la voiture, elle ouvrit la porte, Giovanna et Lorenzo se déchaussèrent, se lavèrent les mains et préparèrent leur stratégie... Aussi pour la soirée.

Ce qui nous lie - Freeze CorleoneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant