Chapitre 12

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Une clarté soudaine me força à ouvrir les yeux. Devant mes iris encore chargés de sommeil, un timide soleil d'hiver apparut. Une douce lumière blanche inonda alors la pièce, réchauffant un tantinet l'atmosphère fraîche que j'avais sentie s'insinuer sous ma peau un peu plus tôt. Je remontai la couette sur mes épaules, me lovai contre le torse chaud de mon amant. Sa respiration calme, son souffle régulier, sa chaleur corporelle et l'odeur boisée qui émanait de sa peau m'apportèrent l'apaisement nécessaire à un retour au sommeil. Deux grands bras fondirent sur moi et m'enserrèrent dans un étau dont j'aimerais ne jamais sortir. S'il y avait bien un endroit où je me trouvais en sécurité, c'était celui-ci. Pourtant bâti comme un roc et souvent considéré comme un homme à craindre, Ben ne dégageait que douceur. Il était le rempart qui me protégeait de la solitude, le remède à mes angoisses les plus profondes, la panacée que j'avais tant cherchée pendant des années. Même la quête du Graal me paraissait fade, inintéressante, comparée au trésor que j'avais trouvé cette nuit-là, dans la banlieue de New York. Sentant le sommeil me quitter petit à petit, l'énergie affluer, se répandre dans mes veines pour réveiller mon corps encore engourdi dans l'immobilité, je me redressai sur un coude pour observer mon tendre ami toujours assoupi. On ne pouvait pas vraiment dire que j'avais beaucoup dormi au regard des souvenirs qui peuplaient mes pensées. Bien entendu, je ne me rappelais pas de la totalité de la soirée, car la veille mon état d'ébriété avait occulté une bonne partie de ma mémoire, mais j'avais quand même retenu l'essentiel ; le bain qu'il m'avait donné pour me détendre, suivi de cet échange torride qui nous avait emportés dans une tempête de sensations inédites. Une chaleur monta en moi à cette pensée. Mon volcan intérieur se réveilla et ce fut d'une main avide que je caressais le corps de mon mari. Il dut percevoir le désir qui coulait dans mon corps, car il bougea légèrement et ouvrit les yeux. Englué dans cet état léthargique qu'est le réveil, il trouva néanmoins la force de me sourire et de poser son nez sur le mien. Il les referma, s'assoupit même un moment, puis rouvrit les paupières. Une lueur incandescente brillait déjà dans ses prunelles ambrées, signe qu'il avait ressenti les vibrations de mon esprit. D'un geste lent, mais assuré, il me hissa sur lui, m'obligeant à le chevaucher, à affronter la tentation intense qui ruisselait en moi, en ce matin hiémal.

Sans attendre, je me redressai sur lui, exposai mon corps nu, chaud, encore chargé des marques de la nuit précédente, pourtant prêt à lui accorder une nouvelle danse lascive si tant est qu'il le souhaitait toujours. Et à en juger par l'effet que je semblais lui procurer entre les jambes, il en avait envie au moins autant que moi. Il abaissa la couette et parcourut mon dos de ses mains brûlantes, affamées, en quête de caresses indociles. Il réchauffa ma peau, alluma un brasier ardent en moi, déclencha le mécanisme qui nous ferait basculer dans la luxure d'ici quelques minutes. Ma poitrine se tendit, les tétons durcirent, une chair de poule recouvrit chaque parcelle de ma peau, ma raison s'effrita, cédant sa place à la déraison, mon esprit devint blanc et le froid que j'avais senti ce matin au réveil s'évapora pour laisser entrer la chaleur. Le volcan qui dormait paisiblement, il y a peu, venait d'être réactivé.

Perdue dans le cortex de la perception, j'ondulai un peu, indiquant à mon amant la couleur de mon âme. Elle était rouge, rouge d'envie, rouge de plaisir, rouge de passion, rouge de désir, rouge de luxure. Je voulais le sentir à nouveau sur moi, sous moi, en moi, je voulais retrouver la bulle qui nous avait enveloppés la veille, replonger dans ces sensations exquises que l'on atteignait que dans les échanges sexuels.

Il répondit à ma demande, remua lui aussi son bassin, se releva, attrapa ma bouche carnée avec sa bouche charnue, remonta ses mains vers ma nuque, les logea dans mes cheveux, m'ancra à lui comme s'il avait besoin d'une bouée de sauvetage. Puis il me contempla. Longtemps. Après ce qui me parut être une éternité, il murmura :

Un Noël inoubliableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant