Chapitre 3

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On ne pouvait pas dire que le moral était au beau fixe. En effet, l'invitation de Poe pour le week-end de Noël venait de faire capoter la totalité des plans que j'avais prévus pour le réveillon. J'espérais profiter du premier soir de la nativité pour partager un moment intime avec ma moitié. Dans mon esprit ; une veillée sympathique, seulement avec elle, s'était dessinée. Je lui aurais fait un somptueux dîner et nous nous serions offert nos cadeaux dans le plus strict secret. Une nuit divine aurait sûrement suivi, mais grâce à notre cher ami Poe Dameron, cette interprétation de Noël resterait un désir inassouvi. Je ne pouvais pas nier que cette invitation ne me plaisait guère, cependant je savais aussi combien Rey aimait ses compagnons et avait besoin de partager des moments avec eux. C'était la raison pour laquelle je m'étais tu et avais accepté sans émettre le moindre désaccord. Rien n'était plus important que le fait de satisfaire ma femme. Au cœur de la rue blanchie par le givre mordant de l'hiver, je soupirai, laissant un peu de vapeur s'échapper de ma bouche. Oui, ce n'était pas le Noël que j'avais imaginé, mais je pouvais tout de même y apporter ma touche personnelle. Et pour ça, j'allais lui offrir un présent inestimable. Pendant des semaines, j'avais écumé les sites internet et autres boutiques dans le but de dénicher le cadeau idéal pour elle. J'en voulais un à la fois spécial, précieux, car c'était là un moyen de lui montrer combien elle était chère à mes yeux, mais lui offrir aussi une surprise qui lui ressemblerait. Rey était une personne simple, sans artifice avec un caractère de garçon manqué, cependant elle ne manquait pas de féminité pour autant. Lors du festival Holi, un festival auquel nous avions assisté pendant notre voyage en Inde, ma femme avait rencontré une jeune fille qui lui avait demandé son nom et lui avait ensuite donné un collier de fleurs de lotus. Cette fleur, dont la couleur allait du violet au jaune, symbolisait la beauté divine, une notion qui collait parfaitement à Rey. Je ne pouvais pas nier qu'une pointe de jalousie s'empara de moi à ce moment. J'aurais aimé être le premier à lui offrir un tel cadeau. Lorsqu'elle reçut ce présent somme toute modeste, ma moitié s'émerveilla et remercia chaleureusement la jeune personne pour ce geste. Malheureusement, les fleurs, étant naturelles, entamèrent très vite leur fanaison et Rey dut abandonner son collier dans une poubelle. Elle en fut fortement attristée et conserva tout de même un pétale en souvenir de ce joli moment. Cette anecdote éveilla en moi une idée de cadeau idéal. Puisqu'elle n'avait pu préserver ce collier, je lui en offrirais un nouveau, un qu'elle pourrait garder un temps indéterminé. Bien sûr, c'était un présent assez répandu, mais j'y avais ajouté ma note. J'avais cherché une pierre qui lui correspondrait totalement et qui mettrait en valeur sa beauté. Après de nombreuses investigations, j'avais réussi à localiser un bijoutier qui possédait ces pierres et qui en plus fabriquait des bijoux sur mesure.

Dans la plus grande discrétion, j'avais pris rendez-vous dans sa boutique. Puis je lui avais exposé ma demande. Il me confia que c'était tout à fait possible de le réaliser, mais que cela prendrait un peu de temps. Il me proposa alors de revenir juste avant le 24 décembre. Il me certifia que le pendentif monté en chaîne que je lui avais commandé serait prêt. J'acceptai le rendez-vous et promis de venir en sortant du travail. Or ; arrivé devant le comptoir du joaillier, je m'aperçus que mon portefeuille était resté à la maison. Je présentai mes excuses auprès du vieil homme et lui jurai de revenir vite.


Après un détour par notre appartement, je me retrouvai devant la petite boutique artisanale et entrai à nouveau. Le carillon tinta, signalant ma présence. Je passai en revue la bijouterie, elle était vide. Le vendeur devait travailler dans son atelier. Un bruit de tissu froissé retint mon attention. Le vieil orfèvre apparut dans l'embrasure de la porte. Il avait les yeux pétillants pour un homme de son âge. Il me fit d'approcher :

- Monsieur Solo, vous êtes de retour. Votre commande est prête, elle n'est pas encore emballée, car je voulais vous la montrer avant. Venez, suivez-moi. Comme c'est une pièce rare, je l'ai laissée dans l'arrière-boutique.

Un Noël inoubliableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant