Un Noël inoubliable

Chapitre 1

Je soufflai de la buée et éclatai de rire. L'hiver était bel et bien là. New York venait de revêtir son long manteau blanc. Les arbres scintillaient sous l'effet du givre et une épaisse couche de neige recouvrait les rues éclairées par la pâle lumière du soleil de décembre. Pour finir, le ciel céruléen apportait une touche de douceur à cette ambiance de cocon. Pourtant la ville demeurait très animée. Çà et là, les Américains se pressaient dans les boutiques aux vitrines finement décorées afin de faire des emplettes. Cadeaux, boules, sapins et cookies remplissaient les mains des passants. Moi aussi j'étais chargée. Ben m'avait proposé d'habiller notre petit appartement aux couleurs de Noël, j'avais accepté avec beaucoup de joie. Dès que je pus, je descendis directement en ville, carte bancaire dans le porte-monnaie, et entamai mon premier shopping de la nativité. J'allais enfin découvrir ce que signifiait l'expression « magie de Noël ». Ben m'avait certifié que c'était quelque chose d'agréable à faire et je ne demandais qu'à le croire. Il m'avait aussi conseillé de me rendre en magasin avec une amie pour que je puisse m'amuser encore plus. Cependant, je ne l'avais pas fait. Je voulais avant tout tester cette idée par moi-même. Et puis si l'envie m'en prenait, alors j'appellerais une copine. Peut-être que pour acheter le cadeau de Ben, je proposerais à Kaydel de m'accompagner. Mais pas pour le moment, car la raison était simple, je ne savais pas ce que j'allais offrir à Ben.

Je continuais de marcher, regagnant la route de la maison. Mon mari travaillait aujourd'hui et il ne rentrerait pas avant la tombée de la nuit. Certes, je disposais encore de temps pour peaufiner mes courses, mais à bien regarder le nombre de paquets que je possédais déjà, je m'étais finalement dit que cela suffirait pour l'instant. Arrivée face à la porte de notre immeuble, je déposai les sachets à mes pieds et cherchai mes clefs à tâtons. Je les trouvai, m'armai de la carte magnétique et la passai devant le lecteur. Une sonnerie retentit. Je repris mes effets et poussai le portail avec le dos puis pénétrai dans l'enceinte. Le hayon se referma doucement et se verrouilla. Je me dirigeai vers l'ascenseur et l'appelai. Puis j'attendis patiemment qu'il s'immobilise et s'ouvre, ce qui ne fut pas très long. Avec un soupir, je m'engouffrai dans le minuscule espace, lâchai les sacs et appuyai sur le bouton. Un bip indiqua la fermeture des portes et l'élévateur commença sa lente ascension.

Seule dans ce petit habitacle, je replongeais dans mes souvenirs. Il y a peu, le lendemain d'Halloween, Ben et moi avions eu un échange enfiévré dans cet espace clos. Défilant devant moi comme si je visionnais un film pour la seconde fois, les images de nos caresses me firent frissonner. Puis très vite, une idée s'insinua dans mon esprit ; la perspective de recommencer. Cette pensée ne me déplaisait pas du tout, bien au contraire. J'avais terriblement envie de goûter à nouveau au charme de cet instant interdit. Ma respiration se raccourcit et mon souffle se fit plus chaud. Cependant, le tintement de l'ascenseur me sortit de mes fantaisies et me ramena à la réalité. J'inspirai et secouai la tête afin de me ressaisir. J'empoignai toutes mes affaires et cheminai dans le couloir. J'allongeai le pas en direction de notre maison dans un tintamarre de papiers froissés. Une fois devant l'entrée, je déverrouillai le battant et franchis le seuil. Je refermai derrière moi, avançai vers la salle à manger. À bout de souffle, j'abandonnai mes achats sur le sol et entrepris de me déshabiller. Je retirai d'abord mon bonnet, puis mon écharpe. Ensuite, je déboutonnai ma veste et la suspendis à la patère. Enfin, je me déchaussai et enfilai des pantoufles en forme de panda. J'étais au chaud, à la maison. Affamée, je rejoignis la cuisine pour me préparer un chocolat viennois. Je l'agrémentai de madeleines et repartis dans la pièce principale, je m'installai sur le fauteuil et allumai le téléviseur. Il ne me restait plus qu'à attendre Ben.

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