Caroline

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Je t'ai regardé fuir loin de moi tout en en restant si proche. Penses-tu que je ne vois rien ? Que je ne sais rien ?

En quel conte de fées croient les rois et les reines qui ont arrangé notre union sur un dernier accord du mois de décembre il y a vingt ans ?

Une fois, tu m'as souris, lors d'une valse à l'autre bout du monde et j'ai cru que tu serais mien pour toujours, le temps d'un instant. Vingt ans plus tard, la tragédie n'a toujours pas pris fin et les actes se suivent et se ressemblent. Je suis le second choix, vingt ans que j'attends d'être la première, et voilà que les autres prennent toujours cette place dans ton cœur.

Pour toi je ne suis qu'un chapitre d'une histoire d'amour malheureuse, mais à mes yeux tu es ce livre sans fin écrite que je refuse de fermer. Tu aurais pu me dessiner comme tu l'avais fait avec d'autres, mais ce sont les croquis du corps nu d'une certaine Avril que j'ai trouvé dans ton carnet. Je refuse d'être romancée plus longtemps comme la dernière princesse de Galles quand tu tombes fou amoureux d'une autre duchesse de Cornouailles.

Parfois je me demande ce que tu ferais si je quittais cette maison que nous avons bâtie, si j'abandonnais tout ce que nous avions construit du jour au lendemain, si tu me supplierais de rester alors que tu es parti il y a déjà trop longtemps.

Sur quel royaume gouverner quand il n'y a plus de peuple, de ressource ou de territoire ? Je ne trouve plus de « chez moi » avec toi; tu as passé vingt ans à en chercher un autre. J'aurais pu tout quitter à n'importe quel moment, mais je me suis toujours rattachée à un petit bout d'espoir, caché au fond de la boîte de Pandore.

Lilian, j'aurais pu bâtir un nouveau monde, une nouvelle dimension pour que nous puissions y vivre heureux, mais tu ne m'as rien laissé derrière les barreaux pour pouvoir construire l'impossible. Une cage dorée reste une prison et t'aimer dans une cellule à été le plus virulent des poisons. Tu étais le héros de mon histoire et j'en étais l'antagoniste; je t'ai donné le premier rôle quand tu ne m'as fait que t'asseoir dans ton public.

Nulle tragédie ne connaît une fin heureuse, et je n'ose plus écrire sur ce qui pourrait bien se passer. L'amertume a remplacé l'amour que j'avais pour toi et je ne reste que parce que je n'ai nul part où aller.

Les échos du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant