Les échos du silence

Le troisième frère

J'étais le troisième frère, la seule sœur;
Je vous ai suivi au nom de notre fratrie
Pour visiter tous les comtés de ce pays;
Tous trois sortis de l'esprit d'un conteur rêveur.

Les yeux bandés, nous marchions main dans la main;
Trois enfants qui refusaient de devenir grands,
Souhaitant rester dans les jupes de Maman
Sans se poser de question sur le lendemain.

Soudain, dans un vacarme assourdissant, la vitrine d'un monde parfait se brise. Les éclats de verre viennent entailler mon âme et déchirer mon cœur. Les pierres continuent d'être jetées contre la fenêtre complètement détruite, qui laisse maintenant entrevoir un paysage sombre au décor troublant. Les contes ne se finissent-ils pas toujours bien ?

Une part de moi reste coincée dans ce square;
J'entends encore et toujours la glace se rompre.
Les vestiges de notre histoire s'effondre
Et emportent la moindre once d'espoir.

Maintenue dans cette fenêtre du passé,
Je rejoue les scènes dans ma robe légère,
Frigorifiée par le froid des mois d'hiver,
Pensant que l'été n'est toujours pas terminé.

Je ne parviens guère à sortir de cette boule de cristal dans laquelle je me suis enfermée pour rester du côté du passé et ignorer l'avenir.

« C'est paradoxal », disent-ils en cœur, avec un petit rire moqueur.

J'ai toujours su où je voulais aller mais j'avance les yeux bandés, sans me rendre compte que je ne suis plus sur la même route que mes frères. J'ai plongé délibérément dans un vaste océan noir, le boulet au pied, mais j'étais d'ores et déjà en train de me noyer.

Puis un soir de février, j'ai ouvert les yeux;
Je n'ai pas attendu que le prince me sauve.
Perdue seule au milieu d'un secret d'alcôve,
J'ai brisé les règles d'un jeu dangereux.

Une nouvelle sœur vous suivait dans vos pas,
Je suis devenue l'antagoniste du conte;
Je l'observe de loin et les larmes m'en montent.
J'ai été gardée et plongée dans l'omerta.

« Comment as-tu pu croire aux fins heureuses ? »