Chapitre 19: L'ombre de la mort

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Haris était en quelque sorte... paniqué. Trouver la chambre de Pascal vide lui avait d'abord fait l'effet d'une douche froide, alors que les rouages de son cerveau cliquetaient pour essayer de comprendre les informations que lui transmettaient ses sens. Puis, une fois les morceaux en place, la peur s'était emparée de lui et il avait fusé en direction de la réception, ayant un fol espoir qu'il avait peut-être simplement été déplacé, peut-être parce qu'il n'avait plus la nécessité d'être en soins intensifs, peut-être parce qu'il n'était plus dans un état aussi critique... même si une petite voix au fond de lui murmurait que, s'il avait été déplacé, il était infiniment plus probable que ce soit vers la morgue. Mais, pour une quelconque raison, il n'y croyait pas.

Arrivé à la réception, il avait tout juste été en mesure d'expliquer en bégayant la situation à l'infirmière de service, tant il était essoufflé. S'il avait espéré voir l'infirmière lui sourire et lui dire de ne pas s'en faire, il avait été déçu : à chaque mot que le garçon prononçait, l'infirmière blêmissait davantage. Finalement, elle l'accompagna jusqu'à la chambre, puis, constatant que le jeune homme était sincère, décrocha l'interphone présent sur le mur du couloir et demanda l'envoi d'une équipe de sécurité pour tenter de le retrouver. Avant de lui assurer qu'ils feraient tout leur possible pour le retrouver, et de rentrer à la maison sans s'inquiéter davantage.

La bonne blague.

Maintenant Haris était chez lui, allongé sur son lit, mais bien sûr il s'inquiétait encore davantage. Pourtant, il pouvait dire que celui-ci n'était pas mort : il avait été enlevé, ça ne faisait aucun doute dans son esprit, mais il n'était pas mort.

-        Tu as raison, bien sûr, fit la voix de son frère.

Haris se releva d'un bond, surpris. Son frère, d'un aspect vaporeux et translucide, comme un fantôme (ce qu'il était après tout), se tenait près de la porte. Il était flou, si bien qu'il était impossible de discerner quoi que ce soit de lui hormis son visage. Son corps n'était qu'une masse informe de vapeur, dont il ne pouvait rien distinguer et qui disparaissait dans l'air avant même d'atteindre le sol. Haris déglutit bruyamment, puis soupira :

-        Quand est-ce que je me suis endormi ?

Le visage fantomatique de Carlos se tordit, comme s'il était embarrassé.

-        Je... tu ne dors pas. Pas vraiment.

Haris sentit ses yeux s'écarquiller. Il regarda autour de lui, à la recherche d'un détail qui démentirait l'affirmation de son frère, mais rien ne sortait de l'ordinaire, et il dut se rendre à l'évidence : Carlos ne lui avait jamais caché qu'il communiquait avec lui dans ses rêves, et ne lui avait jamais menti. S'il affirmait maintenant qu'il était vraiment là... Et puis sa voix lui paraissait plus réelle, moins sépulcrale.

-        Je ne comprends pas, fit-il finalement. Je croyais que tu ne pouvais me contacter que dans mes rêves ? Qu'est-ce qui a changé ?

Carlos garda le silence un moment, l'air embarrassé, puis répondit :

-        Je ne sais pas vraiment. L'hypothèse la plus probable, c'est que... tu te rapproches de moi.

-        Qu'est-ce que tu veux dire ? s'enquit Haris, alors qu'un long frisson lui remontait le long de l'échine. Que puisque nos relations s'améliorent, je peux te voir même éveillé ?

-        Ça serait bien si telle pouvait en être la raison, murmura son frère. Malheureusement, je crains que si je suis en mesure de te contacter plus facilement et de te percevoir avec plus de précision, et même de te voir pratiquement...

L'Éveil de la LignéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant