Chapitre 17 : Du passé à l'avenir

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Haris s'engageait dans l'aile que l'infirmière lui avait indiquée comme celle de Pascal, lorsqu'il fut bousculé par un homme ressemblant à son ami, mais avec des yeux d'une étrange couleur jaune, qui allait dans la direction opposée.

-        Pardon, Haris, fit celui-ci avant de s'éclipser.

-        Mais comment savez-vous... s'écria le garçon en se retournant vivement.

Mais l'homme avait disparu, comme s'il s'était évaporé. Décontenancé, Haris, qui se dit qu'il devait s'agir d'un cousin de Pascal venu rendre visite ou quelque chose du genre, reprit sa route vers la chambre où se trouvait son ami. En y entrant, il découvrit un lit, dont les couvertures étaient pêle-mêle sur le sol, mais qui n'en demeurait pas moins vide. Aucune trace d'objet appartenant à Pascal dans la pièce.

-        Infirmière ! s'écria-t-il, paniqué.

Mais personne ne vint.

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Lorsqu'il vit Haris franchir le pas de la porte, Christopher éprouva un sentiment de panique, avant de se souvenir qu'il était invisible aux yeux des mortels. Cependant, lorsqu'il l'entendit appeler les infirmières, effrayé de ce que Pascal n'était plus alité, il était déjà loin, ayant jugé préférable de s'éclipser plutôt que de tenter trop sa chance. Sage décision. Personne ne vint voir ce que voulait Haris, mais celui-ci s'élança vers l'accueil de l'hôpital et revint moins d'une minute plus tard avec une infirmière qui laissa échapper un cri en constatant que la chambre était bien déserte.

Christopher marcha tranquillement vers sa maison, songeur. Il pouvait comprendre pourquoi son ami lui en voulait. Cela ne le réconfortait cependant pas : au final, il avait sauvé son ami, mais son mystérieux ennemi l'avait emporté. Celui-ci avait dû prévoir la façon dont réagirait Pascal, et agir en conséquence. Gaël avait eu raison de le mettre en garde.

Non pas qu'il eût agit différemment s'il avait connu la réaction de son ami auparavant. Il se rendait cependant bien compte qu'il avait été coincé par son ennemi, qu'il avait été poussé dans ce piège qui s'était refermé sur lui : en effet, il avait d'abord eu le choix de sauver son ami ou de le laisser mourir. Qu'il choisisse l'un ou l'autre, cela arrangeait son adversaire, le débarrassant d'un ennemi potentiel ou empêchant celui-ci de devenir un ennemi. Ensuite, il faisait face de nouveau à deux possibilités : informer son ami de sa nouvelle situation ou le laisser dans l'ignorance. Encore une fois, les deux situations profitaient à son opposant, qui se faisait une joie d'informer Pascal de la situation lui-même pour révéler au garçon qu'on lui avait menti dans un cas, et qui devait se douter que son ami se détournerait de lui dans le deuxième cas.

Tout cela faisait peur. L'ennemi avait tout parfaitement planifié, et Christopher n'avait rien vu venir avant de se retrouver pris au piège. De plus, un tel plan, sans faille aucune, nécessitait une étude méticuleuse des personnalités à la fois de Christopher et de Pascal. L'ennemi était donc tout près. Alors qu'il marchait, Christopher sentit un frisson lui remonter le long de l'échine. Il faudrait décidément qu'il trouve quelque chose à se mettre sur le dos. Peut-être là résidait l'utilité de la cape, finalement.

Le garçon s'arrêta devant la salle où ses pas l'avaient mené. Et fronça les sourcils.

C'était une petite salle de consultation ordinaire, inoccupée. Elle était un peu plus petite que ce qu'il avait espéré, ne disposant même pas d'une banquette. Mais elle ferait malgré tout l'affaire. Christopher prit place dans la petite chaise en plastique inconfortable réservée au patient, puis ferma les yeux et ralentit sa respiration, avant de se jeter dans le flot de souvenirs.

L'Éveil de la LignéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant