Chapitre 14 - L'engrenage du destin

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Le doux bruit de la pluie tombant au sol berçait le jeune garçon. Ses cheveux verdoyant gorgés d'eaux étaient plaqués tout contre son crâne en une sensation quelque peu désagréable. Il ne s'en souciait pas. Il aimait la pluie, le bruit des gouttes. Cela avait quelque chose d'apaisant et cette odeur particulière qui ne se faisait sentir que lors des averses lui remémorait des souvenirs doux. Elle avait quelque chose de familière, de réconfortant.

En fermant les yeux, l'enfant se concentra sur ses cinq sens. Il les sentait distinctement, les gouttes s'écoulant le long de son corps, se faufilant sous ses vêtements. Il entendait le bruit des gouttes dans les flaques. Il n'y avait pas le moindre autre son. Dès le début de l'averse, tous, humains comme bête, fuyaient trouver refuge. Mais pas lui. Il voulait se trouver ici, y rester pour toujours, bercé par la pluie. Ainsi, il pourrait se sentir proche d'elle éternellement.

-         Lazard ! Rentre avant d'attraper froid ! appela la voix de son père.

La magie se brisa en un instant. Lentement, l'enfant tourna la tête en direction de son père et la secoua doucement. Je ne veux pas rentrer, pas encore. A travers la fenêtre, il aperçut le visage de père lever les yeux au ciel mais il n'insista pas et rentra bien au chaud à l'intérieur.

-         Il est parfois étrange, ce garçon. A aimer rester des heures sous la pluie ! Comme si nous n'avions pas déjà assez de soucis ! Et puis, pourquoi ne parle-t-il pas comme les autres enfants ?

Une voix affaiblie lui répondit mais Lazard n'en saisit pas le sens. Suis-je vraiment bizarre ? se demanda-t-il. Est-ce étrange d'aimer la pluie ? Il se savait différent des autres enfants. A l'école, il n'avait pas d'ami pour plusieurs raisons. Premièrement, sa famille était pauvre et aucun enfant ne voulait s'amuser avec un camarade aux vêtements sales et usés. Aussi, Lazard il n'aimait pas parler et ne savait pas s'y prendre. Il n'en voyait pas l'intérêt. Les mots étaient uniquement un moyen d'exprimer ses sentiments. Et il n'en avait que pour elle. Mais elle ne pouvait pas souvent tenir une conversation alors Lazard refusait de gâcher ses mots à discuter avec autrui. Ses mots étaient précieux, ils n'étaient que pour elle.

La marelle qu'il avait tracé la veille dans la terre du jardin attira son regard. Les lignes commençaient à disparaitre, emportée par l'eau et la boue. Lazard s'avança puis sauta dans la première case. Le bruit de ses pas dans les flaques produit un son étrange. Alors il recommença. Encore et encore, le jeu accaparait toute son attention. Tant et si bien qu'il ne l'entendit pas approcher.

-         Tu es vraiment doué à ce jeu, mon petit Lazard, murmura une voix tendre.

L'enfant tourna des yeux surpris vers la femme qui l'avait rejoint. Elle avait les mêmes cheveux vert que lui, et eux aussi étaient plaqués tout contre son crâne. Elle était déjà trempée. Ses yeux présentaient des cernes saillantes ne faisant que ressortir la maigreur et le teint maladif de son visage.

-         Tu devrais rester au chaud, maman. Tu es encore malade, il ne faut pas que ça s'aggrave.

Sa mère s'approcha de lui et vint poser une main délicate sur la tête pour lui ébouriffer tendrement les cheveux.

-         Mon cher fils, si prévenant avec moi. Ne t'en fais pas, je suis dans un de mes bons jours. Et, si ça t'effraie vraiment, alors faisons comme ceci ! ajouta-t-elle avec un sourire malicieux.

Soudain, les gouttes se figèrent autour d'eux. A quelques pas, la pluie tombait à drue mais tout près d'eux, c'était comme si le temps s'était figé. Les lèvres de Lazard s'étirèrent en un large sourire émerveillé. Du bout des doigts, il toucha une goutte en suspens en face de lui. La perle d'eau glissa le long de son doigt puis reprit sa position initiale.

Fairy Tail - Une Aventure ÉternelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant