Chapitre 5 - version "aéroport"

17 0 0
                                    

Sarah n'a aucune autorité sur cet enfant. Elle n'a pas le droit de lui interdire ou l'obliger à quelque chose. Alors elle le laisse s'éloigner.

Mais du mouvement dans son angle-mort attire son attention. Très distinctement, dans son rétroviseur, elle voit un camion prêt à la dépasser. Et devant elle, Léo va traverser la route d'un instant à l'autre. Par réflexe, elle hurle de tous ses poumons.

« ATTENTION !»

De justesse, ce garçon évite le l'énorme véhicule. Sarah bondit hors de sa voiture et se penche à son niveau, le souffle coupé

«Ça va ? demande-t-elle, à bout de souffle.

— Qu'est-ce que ça peut te faire ? demande-t-il en haussant les épaules.

— On y va ?

— Où ça ? À l'aéroport ?»

Le ton de sa voix ne laisse pas de place au doute. Pour lui, son père est quelque part dehors à l'attendre.

«T'es sûr qu'il est là-bas ? s'enquiert Sarah, le cœur lourd.

— Oui ! On doit prendre l'avion je te dis ! S'il te plaît, Sarah, insiste-t-il.

— On peut y aller voir... Soupire-t-elle, néanmoins soucieuse de ne pas l'écraser sous la vérité.»

Sarah reprend sa place derrière le volant. Léo la rejoint, un petit sourire sur le visage. La perspective de retrouver son papa le réconforte.

Plus l'aéroport approche, plus Sarah est mal à l'aise. À un moment ou un autre, le rêve se gamin va éclater en milles morceaux, et au vue de la tournure des évennements, il n'y aura qu'elle pour ramacer les morceaux. Mais elle ne saura probablement pas les recoller. C'est pas son job ça. Elle sait pas faire. Autre chose trote dans son esprit. Si la police savait que le père devait se rendre à l'aéroport avec son fils, quelles sont les chances pour qu'elle se fasse choper sur place et qu'elle soit accusée de kidnapping ?

À peine a-t-elle le temps de couper le moteur que le petit ouvre sa porte. Elle le rattrape par le col.

«Tu m'attends, et tu me quittes pas d'une semelle, c'est clair ? ordonne-t-elle en le regardant droit dans les yeux.

— C'est bon, rit-il, c'est juste mon père qu'on va voir !

— Nan, je m'en fous. Tant que tu ne l'as pas vu et que t'es pas certain que ce soit lui, tu restes collé à moi ! on est d'accord ?

— Oui oui ! On peut descendre maintenant ?»

Sarah est suspicieuse de tout ce qui l'entoure. Elle a pu voir le visage du type qui a buté sa copine. Elle ne le laissera pas faire de même avec le gosse. Très attentivement, elle scrute tout ce qui se passe, la moindre voiture qui les dépasse sur le parking, les hôtesses d'accueil dans le bâtiment, les gens qui la frôlent d'un peu trop près. Elle se sent elle-même épiée, menacée. L'aéroport est un immense espace ouvert, sur plusieurs étages. En regardant en l'air, elle essaye de repérer un flic, ou pire le mec aux trousses de Léo.

Elle tient le petit si près d'elle que leur jambes sont collées et leurs pas synchronisés. Sa main libre est de plus en plus moite. Elle n'a pas le souvenir d'avoir déjà été aussi nerveuse.

Son attitude dénote franchement avec celle de Léo. Tout guilleret, il avance presque en sautillant, émerveillé par l'endroit. Il affiche un grand sourire, le cœur léger, plein d'espoir.

Après un premier tour de l'aéroport, le sourire de Léo fane un peu. Il regarde Sarah, soucieux. Elle essaie de garder la face, pour lui et lui propose de refaire le tour, ce qu'il accepte.

Traqués 2.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant